La brosse à dents qui ne te lâche pas d’un poil

Une brosse à dent connectée et sur abonnement
Une brosse à dent connectée et sur abonnement

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On n'arrête pas le progrès. Ou pas. Voici désormais la brosse à dents connectée sur abonnement.

L’économie de fonctionnalité est dans l’air du temps. On vend un service (l’usage d’un objet) plutôt que l’objet en lui-même. C’est une piste intéressante pour réduire l’obsolescence programmée : si les entreprises vendent une « location » plutôt qu’un achat, elles ont tout intérêt à fabriquer des objets et des appareils plus solides.

Une idée porteuse qu’on n’imaginerait pas d’emblée s’appliquer à certains biens comme, par exemple… les brosses à dents.

À quoi peut bien ressembler un service de brosses à dent ? Est-ce que l’entreprise récupère la brosse, la lave et lui met des petits poils tous neufs sur la tête ? Est-on certain de récupérer SA brosse à dent et pas celle du voisin à l’hygiène bucco-dentaire douteuse ?

Rien à voir. L’option choisie par une grande marque de brosses à dents est certes plus hygiénique mais surtout bien plus commerciale que durable.

N’oubliez pas votre bosse à dents [1]

Là, c’est sûr qu’on ne risque pas de l’oublier. Car on propose ici une brosse à dents :

  • connectée
  • et vendue sur abonnement.

Une brosse à dents bluetooth [2]

Je passerai rapidement sur le côté connecté de la chose. Munie de ses capteurs intelligents , elle est censée nous dire si on s’est bien brossé les dents ou pas. Avec modélisation de nos petites quenottes et tout et tout. L’histoire ne dit pas comment la brosse à dents sait avec précision quelle(s) dent(s) on a lavé mais partons sur l’idée que ça marche. [3]

Ce qui est sûr c’est que ça s’appelle le Smart Brushing Analyser. Avec un nom pareil, ça ne peut être que bien.

Une brosse à dents renouvelée automatiquement tous les 3 mois, piles en prime

Ce qui me chagrine – et je suis sûr que vous n’aimez pas quand je suis triste – c’est que la chose est vendue sur abonnement. Notez qu’on n’est pas obligé.

Et que comprend l’abonnement ? Une brosse à dents (quand même) et, tous les trois mois, deux tubes de dentifrice, une tête de brossage et… une pile.

Aaaaaaaaaaah, enfin un truc sympa : la chose fonctionne avec une pile, jetable qui plus est.

C’est tellement 2010.

Mais le pire est encore à venir. Car, chère lectrice, cher lecteur, tu es en droit de te demander à quoi sert la pile.

Bête question !

À faire vibrer les poils de cette brosse à dents électrique pardi ! 

C’est ce qui m’aurait semblé logique à moi aussi. Mais toi et moi avons tout faux. Cette pile sert uniquement à alimenter… les capteurs de brossage. C’est tout. Ça ne vibre pas. Rien. Nothing. Y’a juste qu’elle est connectée.

On vient donc d’inventer la brosse à dents MANUELLE qui a besoin d’une pile. C’est presque beau (c’est ironique). 

La brosse à dents se compose donc de deux parties :
  • la principale, qui comprend le corps de la bête avec au bout, des poils ;
  • la partie interne, qui comprend l’électronique et la pile.
Et avec l’abonnement, on change de tête de brossage (donc tout le corps sauf l’électronique) ET de pile tous les trois mois. Résultat des courses : on remplace à chaque fois 15g de plastique absolument pas recyclé. Contre 5g pour une tête de brossage d’une brosse à dents électrique classique (sonique ou rotative). [4]

Et ce n’est pas le seul gaspillage de l’histoire.

Comme je suis d’humeur généreuse, je vous ai fait un tableau avec ce que ça représente par an :

 

Brosse à dents connectée sur abonnement

Brosse à dents électrique classique

Brosse à dents normale

Dentifrice

8 tubes

3 tubes [5]

6 tubes [10]

Tête de brossage

4 têtes

4 têtes [6]

4 brosses

Piles

4 piles jetables

Rien. Nada. Niente. Schnoll.

0

Déchets

208 g [7]

62 g [8]

144g [11]

Coût annuel

60 €

36 € [9]

18€ [10]


Bref, ça coûte plus cher et ça fait plus de déchets. Et on ne vous parle même pas de la comparaison avec l’option brosse à dent manuelle et dentifrice solide zéro déchet.

Le pire est cependant que c’est vendu sur abonnement. Et un abonnement c’est quand même, par définition, le truc qu’on a toujours un peu de mal à arrêter.

C’est sans doute une chouette idée pour vendre du dentifrice et des piles.

On voit bien que ce n’est pas eux qui paient les poubelles après.
 

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[1] Sadent ! (humour de vieux).

[2] Ahahah, bluetooth, pour une brosse à dents, mouarf. Tooth, dent, tout ça. C’est une brosse à dents pour Schtroumpf en fait (ça a des dents, un Schtroumpf ?)

[3] Pourquoi pas, après tout. Enfin, c’est bien pour apprendre, mais au quotidien, avoir un relevé de son brossage ne me semble pas l’info la plus primordiale à connaître. Je préfère savoir s’il va pleuvoir ou faire beau.

[4] Le site « Les Numériques » a fait le calcul.

[5] À raison de 2,2 tubes par an, arrondi à 3. Source : https://e-raccourcis.org/quantite-dentifrice/

[6] Hypothèse « je suis les conseils de mon/ma dentiste ».

[7] 60g (têtes) (source : lesnumeriques.com) + 36 g (piles) + 112g (8 tubes + carton du dentifrice)

[8] 20g (têtes) (source : lesnumeriques.com) + 42g (tube + carton du dentifrice). On pourrait ajouter la brosse en elle-même quand elle sera devenue un déchet, dépendant de combien de temps on la garde. Comme ça pèse +/- 330g, sur 6 ans, cela ferait 55g/an. Mais au moins c'est recyclé, contrairement aux autres.

[9] 3 tubes à 2€ par tube (prix du dentifrice de marque : entre 1,6 et 5€) + 4 brossettes à raison de 15€ pour deux + 8€/an en comptant l’amortissement de la brosse à dent si on la garde 6 ans.

[10] 6 tubes (moyenne entre les extrêmes de consommation selon https://e-raccourcis.org/quantite-dentifrice/) à 2€ + 4 têtes à 2,7€ pour 2.

[11] 60g (4 brosses de 15g (source : lesnumeriques.com)) + 84g (6 tubes + carton du dentifrice)

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