Bien placer son épargne, voilà un geste important en faveur du climat. À portée de chacun mais aussi des entreprises et pouvoirs publics. Conseils.
L’argent, le nerf de la guerre ? C’est en tout cas une arme cruciale dans la lutte contre le réchauffement climatique. Et un point d’action pour les citoyens, les entreprises et les pouvoirs publics.
Car 1000€ qui dorment sur un compte d’épargne génèrent jusqu’à une tonne de CO2!
Pourquoi ? Car les banques utilisent cet argent pour financer des activités climaticides. Les 33 principales banques dans le monde ont accordé 1900 milliards de dollars aux énergies fossiles depuis la COP21, selon le rapport « Move your money » de la Coalition Climat.[1] Et ce montant augmente chaque année.[2] En Belgique, BNP a investi 44 milliards d’euros dans les énergies fossiles depuis 2016 et ING 22 milliards.
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L’argent ne dort jamais. Pendant que vous faites des efforts au quotidien pour réduire votre empreinte carbone, votre banque utilise peut-être votre argent pour financer des projets qui vont dans le sens inverse.
Transférer son épargne vers des fonds d’investissements durables aurait un impact 27 fois plus grand pour diminuer l’empreinte carbone qu’un ensemble de gestes quotidiens[3], selon une étude de Nordea.[4] C'est l'une des 16 actions de notre checklist climat.
> Voir la checklist climat pour plus d'idées d'actions.
Si on a un peu (ou beaucoup) d’épargne, le plus facile est d’éviter de laisser son argent dans une banque qui investit dans les énergies fossiles. Le scan des banques établit un classement sur base de huit critères, dont le changement climatique.
Le résultat est sans équivoque : seule la banque Triodos a un score acceptable. Ce qui la différencie par rapport aux autres banques ? Elle n’investit pas du tout dans les énergies fossiles. Chez BNP Paribas, Deutshe Bank et ING, les investissements dans l’énergie sont, au contraire, consacrés à plus de 90% aux fossiles.[5]
Mais à part opter pour une banque éthique, d’autres options sont possibles pour utiliser son épargne de façon durable.
> Lire : Épargne éthique : 4 idées durables pour son argent
Les banques ont un énorme levier d’action. Encore faut-il qu’il y ait la volonté de l’activer…
Il y a pas mal de chemin à parcourir. Mais aussi des signes encourageants. La BEI, la Banque Européenne d’Investissement (la plus grande banque publique internationale de la planète), a mis fin à ses investissements dans le charbon et le pétrole.[6]
Le secteur bancaire a créé son propre label Febelfin pour les produits d’épargne et d’investissement. Si on peut saluer l’intérêt que cela témoigne pour la question, on déplore des critères qui ne sont pas suffisamment stricts, d’après le réseau Financité.
> Lire aussi : Le label Febelfin, à prendre avec précaution.
Il n’y a pas que les banques et les citoyens qui sont concernés. Les entreprises et autres organisations doivent aussi cesser d’investir dans les énergies fossiles. Une campagne mondiale de désinvestissement « Go Fossil Free », initiée par des étudiants américains, a déjà permis de rassembler un millier d’institutions. Ensemble, elles pèsent plus de 11 000 milliards de dollars et se sont engagées à ne plus soutenir les énergies fossiles avec leur argent.[7]
Tout comme les citoyens, les pouvoirs publics peuvent éviter de soutenir les énergies fossiles.
En Belgique, les énergies fossiles sont subsidiées à hauteur de 2,7 milliards, sous forme d’avantages fiscaux (voitures de société, kérosène des avions et mazout de chauffage).[8] Dans le Plan national énergie climat[9], le Gouvernement fédéral indique vouloir
Reste à voir comment tout cela pourra se concrétiser.
[1] Voir le rapport Move your Money. La campagne « Move your money » de la Coalition climat visait à interpeller les 4 principales banques belges sur leur politique d’investissement dans les fossiles.
[2] Fossil fuel finance report card 2019, 612 milliards de dollars accordés aux énergies fossiles en 2016, 646 milliards en 2017 et 654 milliards en 2018.
[3] Tels que prendre des douches courtes, utiliser le train à la place de la voiture, éviter un vol international chaque année ou manger beaucoup moins de viande.
[4] Voir sur nordea.com.
[5] Rapport « Notre avenir ébranlé », Fairfin, novembre 2015
[7] Les jeunes mettent les énergies fossiles au ban et ça marche !, article sur Novethic.fr, novembre 2019
[8] Rapport du WWF : la Belgique distribue de subsides aux énergies fossiles, 2019