Ou quand la puce est la meilleure amie du chat. Enfin, d’une certaine manière. Voici l’indispensable distributeur à croquettes pour chat connecté[1].
Exit la corvée de nourrir le chat grâce à cette merveille de technologie (un bac, une hélice, un moteur). Le tout est connecté, histoire de pouvoir le piloter à distance avec son smartphone.
Par contre, pas moyen d’envoyer des sons bizarres sur l’appareil ou de faire « waf waf » via son téléphone. C’est triste, on rate un truc : filmer l’air interloqué de son chat avec création automatique d’une story Insta, ç’aurait été bien quand même.
Donc, si on ne peut pas rendre chèvre son chat, à quoi ça sert ?
Ben à distribuer des croquettes pardi ! (suivez un peu).
Le machin peut contenir jusqu’à 1,8 kilos de croquettes qui seront distribuées selon une quantité et une périodicité définies. Ces deux paramètres sont soit déterminés par l’appli sur votre téléphone (en introduisant un poil de votre chat dans la fente pour carte SD pour qu’il soit analysé)[2], soit vous les décidez vous-mêmes. La distribution des croquettes se fait grâce à une petite hélice dans le bas du réservoir, qui éjecte la quantité demandée dans une gamelle accolée au bac.
Il y a également une fonction de rappel en cas de niveau insuffisant de croquettes. J’avoue, je n’ai pas de chat. Mais pour en avoir vu quelques-uns dans mon entourage proche, je doute vraiment qu’un chat se laisse mourir de faim sans le faire remarquer à son « maître »[3].
Comble du raffinement, une distribution à la demande, hors programmation, est possible. En cas de chat gourmand ou pénible (ou les deux) ou en cas de fermeture inopinée de votre supermarché favori alors que vous aviez très envie de petits biscuits apéritifs.
Et donc, à quoi ça sert ? Parce que nourrir le chat, a priori, on savait déjà le faire. Un sac / boîte, une gamelle et hop, chat nourri.
Oui mais, si on part en vacances ? Ahaah ! Enfin une solution pour tous ces propriétaires de chats qui, telle une population en temps de pandémie mondiale, sont condamnés à rester chez eux pour pouvoir nourrir le chat.
De fait, si on n’a pas de voisin.e.s, pas de parents, pas d’ami.e.s (juste le chat) ou uniquement des personnes allergiques ou catophobes dans son entourage, alors oui, peut-être que ce genre de machine peut éventuellement être intéressante.
Admettons.
Mais aux futur.e.s propriétaires de la chose, signalons quand même que ça coûte aimablement 130€. Que ça n’est géré que par l’app du constructeur (et c’est bien connu que les constructeurs mettent un point d’honneur à garantir le fonctionnement de leurs applis pendant au moins 20 ans). Que c’est un gros machin en plastique blanc qui occupe une place non négligeable. Et là de deux choses l’une, soit vous avez de la place pour ranger le machin quand vous êtes à la maison, soit vous l’utilisez au quotidien et vous aurez cette magnifique poubelle chose dans votre champ de vision tous les jours (ô joie). Sans oublier les cartouches déshumidificatrices (pour garder les croquettes croquantes, parce qu’une croquette qui n’est pas croquante c’est une molette et les chats ne mangent pas de molettes). À 40 boules tous les 3 mois, ça fait cher la déshumidification[4].
Sachez aussi que cette merveille de technologie n’est pas capable de reconnaitre différents chats et d’adapter le régime pour Félix, Flamèche ou Sherlock[5]. Et est-ce qu’on peut mettre des croquettes différentes et avoir une variété pour le matin et une pour le soir ? Non. Et y a-t-il une trappe réfrigérée pour les souris mortes choppées par le félin prédateur ? (la chaîne du froid, c’est important). Non plus.
Si une croquette revêche bloque la machine, vous serez averti par votre appli. Mais il faudra quand même gérer le problème vous-mêmes ou faire appel à la voisine ou à un ami.
Est-ce que j’ai parlé de la consommation d’énergie ? La machine ne consomme pas beaucoup, mais pour bien faire il faut laisser la box internet branchée (sinon on ne peut pas piloter le machin). Et tout ensemble, ça monte quand même à 120 kWh, soit une soixantaine d’euros. Par an[6] !
Bref, c’est encore un objet connecté dont le principal « intérêt » est d’être connecté et marrant 5 minutes. Ça fera la joie des hackers : un objet connecté de plus, c’est un appareil zombie potentiel en plus à leur disposition pour attaquer des sites de leur choix[7].
Et donc, je sais j’insiste, à quoi ça sert ? À garantir au fabricant un revenu régulier si on achète les cartouches. À gonfler son chiffre affaire en vendant une boîte en plastique avec une hélice dans le fond à 130€.
Je ne vois que ça. Parce que si on est dans les 0,025% de propriétaires de chats qui ont besoin d’une machine automatique (problème de mobilité par exemple), ce n’est certainement pas ce gadget qui pourra leur être utile (peu de fonctions, appli propriétaire, etc.).
Au final, si on peut y voir une certaine utilité pendant les vacances, on se dit que le plus malin aurait été de proposer l’appareil en location.
Et pour les plus bricoleurs ou bricoleuses, n’oubliez pas que Doc Brown avait déjà inventé la machine à ouvrir les boites de nourriture pour chien en 1985 avec des objets de récup[8].
On attend avec impatience les vidéos de chats qui balancent la machine parce qu’ils préfèrent le poulet du frigo aux croquettes ou qui arrivent à ouvrir le couvercle, à le dévaliser de ses croquettes et qui appellent les copains et les copines pour faire la teuf[9].
[1] L’appareil, pas le chat.
[2] Mais non hein :D
[3] AhahaaahAhahahahaAaaah, son maître.
Pardon.
[4] Sisi, 40€ pour 3 cartouches, à raison d’une cartouche par mois (conseil fabriquant).
[5] Toute ressemblance avec des chats existants est purement fortuite.
[6] 5,9W de puissance pour la machine (mais on ne connaît pas la conso mesurée), soit 51kWh par an, 24h/24, 7j/7. Si on ajoute une box internet et une tv box (parce que généralement on ne s’amuse pas à couper l’une indépendamment de l’autre) qui restent en veille 15h/jour juste pour la machine à chat, ça donne 70kWh. Chiffres de conso Proximus.
[9] Certainement une scène du prochain documentaire « Comme des bêtes » ;-)