Bientôt Noël et le moment de garnir son intérieur d’un splendide sapin décoré de guirlandes et décorations multicolores. Mais quel est le choix le plus écologique ?
 

Le top : un arbre de Noël créatif

Le DIY est à la mode. Et la tendance « Do It Yourself » vaut aussi pour le sapin de Noël. Si on est créatif et un peu bricoleur, on peut fabriquer son sapin de Noël maison à partir de matériaux de récup. C’est le top en terme d’impact écologique. Et c’est si classe de pouvoir dire : « Je l’ai fait moi-même ». Deux idées :

  • Le sapin bricolé avec des palettes en bois : on recrée sa forme en assemblant des objets trouvés chez soi, de différentes longueurs, épaisseur... ça peut être des planches de bois, des branches trouvées dans le jardin, des cintres qu’on n’utilise plus, On peut aussi le peindre, avec une peinture naturelle bien sûr ;
  • Le sapin dessiné avec une simple guirlande au mur...

Les possibilités sont infinies. Si on manque d’inspiration, on trouve facilement des idées et des tutos sur le web et les réseaux sociaux.

> Voir des idées pour fabriquer son sapin soi-même.

Quelques exemples dans l'album de Terre-en-vue des plus beaux arbres de Noël alternatifs, issus de leur concours 2021.

Si on le fabrique soi-même à partir de récup, c'est aussi l'option la moins chère :

Comparaison prix

Mais si l'on n'a pas le temps ou l'envie, on peut aussi acheter un sapin alternatif. On le choisit alors plutôt fabriqué en Belgique par un artisan ou une entreprise de travail adapté. Quelques suggestions :

  • Bout 2 bois, en bois de récup et fabriqué par l'atelier bois de la Ferme Nos Pilifs (ETA, Bruxelles)
  • Mat'et Eau (Namur), plusieurs modèles sur base de palette en bois, fabriqués par des personnes ayant un handicap.
  • StephetBe (Dison), petits sapins en bois.
  • Les Gaillettes (Battice), différents modèles de sapin en bois, entreprise de travail adapté.

Vous connaissez d'autres bonnes adresses ? Envoyez-le nous à info@ecoconso.be.
 

Le compromis : un sapin naturel

Si l'on n’est pas bricoleur ou bricoleuse, le vrai sapin a l'avantage d'être naturel, renouvelable et biodégradable. Il reste plus respectueux de l'environnement qu'un artificiel... si on le choisit bien !

  • On opte pour un sapin belge. C’est facile : la Wallonie est le deuxième producteur de sapins de Noël en Europe.[1]
  • On préfère un sapin cloué sur un support. On pense qu'avec sa motte, l'arbre durera plus longtemps et qu'on pourra le replanter dans le jardin. Mais après un séjour prolongé dans la chaleur d'une maison, le sapin aura bien du mal à retrouver force et vigueur.
  • Si on préfère vraiment un sapin avec motte, on se renseigne pour choisir un arbre cultivé directement en pot. On évite alors d’emporter les quelques cm³ de terre fertile de la sapinière et d’en appauvrir le sol. Le hic : on réduit encore plus les chances de survie si on envisage ensuite de replanter le sapin au jardin après les fêtes. Les pots sont souvent trop petits pour conserver assez de racines.
  • On évite les sapins floqués. Pour obtenir cet effet « recouvert de neige » ou coloré, on projette de la colle (à l'eau ou vinylique) et des fibres textiles broyées (coton ou synthétiques).[2] Si le producteur n’utilise pas une colle ignifuge (M1), ces sapins peuvent s'enflammer très facilement et dégager des substances toxiques. Ils sont aussi plus chers et ne pourront pas être repris à la collecte de sapin après les fêtes.[3]

Où trouver des sapins de Noël belges ?

Existe-t-il des labels ?

  • Un sapin bio cultivé en agrécologie c’est l’idéal car les arbres destinés à la fête de Noël sont généralement issus de cultures intensives, qui dégradent les sols et ont recours aux pesticides. Parfois, on peut même aller couper son sapin soi-même chez le producteur. [6b] On commence à trouver des sapins bio en Belgique (bio ou en conversion bio), par exemple :
    • Sapigrange à Anhée (bio depuis 2021). Depuis cette année on peut même couper son sapin de telle sorte qu'il repousse pour refaire un nouveau sapin au même endroit. Pas besoin d'en replanter un !  ; [6c]
    • Pépinière Goosse à Bièvre (parcelles en conversion bio).
       
  • La charte « Véritable »[5]  est une marque déposée par les producteurs de sapins de Noël ardennais. Il garantit la provenance locale et la qualité des arbres mais pas une production ou une gestion écologique.
     
  • La charte « Véritable et éco-responsable » est une évolution de « véritable ». Lancée en 2018, cette charte garantit :
    • Pas d’utilisation de pesticides pendant les deux dernières années de la culture ;[6]
    • Pas d’exportation des mottes de terre ;
    • Analyse des sols l’année de plantation et à la 5e année, au minimum ;

C’est une avancée, sans pour autant faire de la culture de sapins de Noël une culture sans impact sur l’environnement.

  • Les labels FSC ou PEFC garantissent que les arbres proviennent d'une gestion forestière respectueuse de critères écologiques et sociaux. Mais on n’en trouve malheureusement pas en Belgique.[7]
  • Un projet test de culture de sapins sans pesticies est en cours depuis 2019. À terme, un label pourrait venir certifier cette démarche. Il s'agit d'une collaboration entre trois GAL (Ardenne Méridionale, Haute-Sûre Forêt d’Anlier et Nov’Ardenne) et une dizaine de producteurs situés sur ces territoires. Sur les parcelles concernées, on teste diverses méthodes de gestion différenciée : semer des couvertures végétales, favoriser les prédateurs naturels des insectes qui s'attaquent aux sapins, laisser des montons brouter les herbes entre les arbres... Les enseignements de cette expérience devraient permettre d'étendre les pratiques les plus efficaces à davantage de parcelles. C'est intéressant car ces trois territoires représentent à eux seuls 60% de la production de sapins de Noël en Wallonie. Mais il faut encore attendre pour voir les résultats puisqu'il faut 5 à 10 ans avant que les sapins soient assez grand pour être vendus.[8] 

Comment garder son sapin beau et vert le plus longtemps possible ?

  • Ne pas l'acheter trop tôt. La première quinzaine de décembre est la période de coupe qui garantit un sapin de qualité. Malheureusement, certaines enseignes commencent à stocker et même à vendre des sapins parfois un mois avant la date de coupe habituelle. Ce qui pousse les producteurs à pulvériser des fixateurs, polluants et toxiques, pour que les sapins gardent leurs aiguilles.
  • Le placer loin des radiateurs. L'arbre se conserve toujours mieux dans un endroit éloigné des sources de chaleur.
  • Utiliser un pied avec réservoir d'eau. On place le sapin dans un « pied » et on remplit le réservoir d'eau tiède pour favoriser l'ouverture des pores du bois. On ajoute de l'eau en fonction des besoins. On peut trouver des pieds en métal ou en plastique recyclé, en pépinière. Le sapin reste droit et garde ses aiguilles plus longtemps. Convient pour les sapins biseautés.
     

À éviter : un sapin artificiel... sauf si on en a déjà un !

On évite d’acheter un sapin artificiel. L’impact environnemental de sa fabrication est considérable. Ces faux sapins sont souvent fabriqués en PVC, en plastique et en aluminium, dont la production et la transformation génèrent nuisances et déchets. De plus, ils sont pour ainsi dire tous fabriqués en Asie, ce qui alourdit l'impact du transport.

Bien sûr, on va réutiliser le même sapin d’année en année… en principe. Pour amortir son impact environnemental, on doit utiliser un sapin artificiel entre 5 ans et 20 ans. Une étude wallonne a récemment estimé la durée de vie minimale à 7,5 ans pour que le sapin artificiel n'ait pas plus d'impact qu'un sapin naturel (changé tous les ans). [10]  En moyenne on garderait un sapin artificiel 6-7 ans. [11]

Alors, bien sûr, si on a un sapin artificiel dans un carton au grenier, on le ressort. Et si on choisit cette option, on veille à l’utiliser le plus longtemps possible afin d'amortir son impact environnemental.
 

D'où viennent les sapins naturels ?

La Wallonie est un producteur important de sapins de Noël. En Europe, il est le deuxième, juste après le Danemark. La superficie totale cultivée avoisine les 5000 ha et les cultures se concentrent essentiellement au Sud du sillon Sambre et Meuse, dans les provinces de Luxembourg, Namur et Liège. Le volume de production annuel en Ardenne fluctue entre trois et quatre millions d'arbres dont 80% sont destinés à l'exportation.[12] Pour répondre à la demande, les producteurs ont dû mettre au point des méthodes de culture efficaces, parfois ayant recours à des pesticides, des herbicides et des fertilisants. Les sapins de Noël proviennent donc de cultures intensives qui ont un impact sur l'environnement (mais pas toujours, comme on le verra plus loin). La production serait cependant moins impactante qu'une culture alimentaire "classique", sans pour autant être aussi efficace : on pourrait encore améliorer l'usage des engrais et des pesticides.[13]

En 2011, une question parlementaire posée au Ministre de l'agriculture relayait l'inquiétude de certains agriculteurs de Famenne concernant les conséquences environnementales de l'utilisation de prairies pour cultiver des sapins de Noël : labour éventuel sur pente, sols nus sujets au ruissellement et à l'érosion, usage important d'herbicide, suppression de prairies permanentes riches en biodiversité et traditionnellement dédiées à l'élevage…

La culture du sapin de Noël en Belgique se pratique principalement en zone agricole. Elle y est considérée comme une activité agricole et plus précisément horticole et non de la sylviculture. Les produits chimiques utilisés dans les plantations de sapins de Noël ne sont par ailleurs pas autorisés en zone forestière.

Suivant les espèces, un sapin a besoin de 9 à 14 ans avant d'atteindre la hauteur souhaitée pour la mise en vente. Durant les 4 premières années, le petit plant est cultivé en pépinière puis mis en plantation. L'avantage de cette production en Belgique est qu'elle permet de valoriser des terres de moins bonne qualité au sol acide dont le rendement serait trop faible pour d'autres cultures.

Les méthodes de production évoluent et on voit apparaître des initiatives intéressantes mais pas encore généralisées :

  • Le puceron des pousses de sapin touche les arbres en pépinière ou en plantation. Il ne cause pas de mortalité mais affecte la qualité esthétique des arbres. Il existe des méthodes de gestion intégrée des plantations pour éviter l'utilisation de pesticides ;
  • De même, afin d'éliminer la végétation entre les jeunes plants pour favoriser leur croissance, de plus en plus de producteurs utilisent des moutons au lieu d'herbicides (quand les plants ont un certain âge, trop jeunes ils risqueraient d'être mangés par les moutons malgré tout) ;
  • Des pratiques fertilisantes plus naturelles à base de fumure organique et d'engrais verts peuvent aussi être mises en œuvre en remplacement des engrais chimiques.

Malheureusement, il n'y pas de communication à ce sujet et le consommateur a toutes les peines du monde à reconnaître un sapin provenant d'une culture intégrée !
 

Se débarrasser de son sapin

Les sapins de Noël naturels, non décorés, sans sacs, sont considérés comme des déchets verts. Quand les festivités prennent fin, des collectes de sapins sont organisées dans la plupart des communes. Les sapins sont recyclés en compost ou broyés pour être réutilisés. Par contre, les sapins floqués ne sont pas ou peu recyclables et ne peuvent donc pas être considérés comme déchets verts.

> Lire aussi : Que faire de mon sapin après Noël ?
 

Et la déco de Noël ?

Pour les décorations de Noël, on peut aussi tester le fait maison ou DIY (Do It Yourself) ? À décliner, selon les envies, pour la déco, les emballages et même les cadeaux !

 > Lire : Le plaisir d'un Noël fait maison
 

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[1] On produit 3 à 4 millions de sapins chaque année, dont 80% sont exportés.

[2] Plus ou moins complètement. Un sapin floqué « neige » sera moins recouvert de colle qu’un sapin intégralement peint en bleu turquoise, par exemple.

[3] Ils sont réutilisables si on les stocke correctement. Mais ils ne sont pas faits pour être réutilisés plusieurs fois.

[4] Pour le moment inaccessible (novembre 2022).

[5] Plus d’informations sur le site de l’UAP.

[6] Sachant que la culture dure de 5 à 10 ans. Voir la charte sur le site de l'UAP.

[6b] En parcelle, une fois les petits sapins sortis de pépinière. Source : F. Van Stappen / CRA-W.

[6c] Reportage de Ma Télé : www.matele.be

[7] Certes, le sapin "2018" de la Grand-Place de Bruxelles était PEFC mais c'est parce qu'il venait d’une forêt, et non d’une culture de sapins de Noël.

[8] Plus d'infos sur ce projet dans cette vidéo du Parc naturel de l'Ardenne Méridionale et dans cet article de FEADER Wallonie.

[10] Selon les études. 4,7 ans selon un étude de WAP en mars 2018 (sapins fabriqués en Chine, cultivés aux USA), 8 à 9 ans selon une étude américaine (avec des sapins fabriqués aux USA), 20 ans selon un bureau d’étude canadien (avec des sapins fabriqués en Chine) – principales conclusions et étude complète. 7,5 ans selon le mémoire de Hugo Thunis - Impacts de la production de sapins de Noël en Wallonie, comparaison de différents modes de production au moyen d’analyses du cycle de vie (ACV)  (ULB, 2021). Certains impacts sont compensés en plus de 7,5 ans, mais la plupart le sont en moins de 7,5 ans.

[11] 6 ans : Source : ADEME. 7,5 ans selon une enquête Dedicated de 2020, demandée par l'Apaq-W (in Impacts de la production de sapins de Noël en Wallonie, comparaison de différents modes de production au moyen d’analyses du cycle de vie (ACV) - Hugo Thunis, 2021, mémoire ULB, PDF.

[12] Union Ardennaise des Producteurs.

[13] Impact écologique de la culture de sapins de Noël en Ardenne belge, Cyril Destombes, UCLouvain 2021.

 

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