Le zéro déchet, on s’y met ! Voici les 7 astuces pour alléger sa poubelle au quotidien. Avec une foule de conseils pratiques pour débuter ou progresser.
Chaque Belge produit environ 500 kilos de déchets par an. Et, malgré que l’on recycle beaucoup, ce chiffre n’a pas diminué en 20 ans ! Mais c’est sans compter le succès croissant du « zéro déchet » qui pourrait changer la donne.
Réduire sa poubelle à presque rien, c’est un sacré défi. Alors on cherche des conseils sur internet, on lit des livres sur le sujet, on demande leurs astuces aux amis. Et au final, on peut se sentir perdus : par quoi commencer ?
Pas de panique, on ne va pas tout révolutionner en un jour. On avance progressivement !
Voici les 7 grands principes du zéro déchet. On les décline au quotidien pour changer ses réflexes et alléger sa poubelle !
Sommaire :
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La Belgique est un des pays européens où l’on recycle le plus : 57% des déchets ménagers y suivent une filière de recyclage. Tout va bien alors ? Pas vraiment : sur les 20 dernières années, la quantité de déchets ménagers produite par personne et par an n’a pas diminué en Belgique. On tourne toujours autour des 500 kilos.
> Lire aussi : Combien de déchets produit-on ?
Et puis si le recyclage est nécessaire, il a aussi ses limites. Et un déchet qui n’est pas produit, c’est un déchet qu’il ne faut pas incinérer ou recycler !
> En savoir plus : Quelles sont les limites du recyclage ?
C’est là qu’intervient le zéro déchet, qui permet de diminuer réellement sa quantité de déchets.
C’est souvent par là que l’on commence. On traque les objets jetables de son quotidien et on les remplace par leur version zéro déchet, c’est-à-dire réutilisable ou lavable.
Quelques exemples et leurs alternatives :
> Voir en images nos suggestions d’alternatives réutilisables ou lavables.
Et c’est tout bénéfice pour l’environnement !
Éviter les produits jetables, ça semble être la base pour avancer dans son objectif zéro déchet. Pourtant, il existe encore plusieurs idées reçues autour des objets réutilisables.
Les écobilans [1] montrent que les produits réutilisables sont préférables aux jetables, même recyclables. Pourtant un objet réutilisable demande généralement plus de ressources à la fabrication. Par exemple, un sac réutilisable est plus épais qu’un jetable : il faut plus de matière pour le fabriquer et plus d’énergie pour le transporter.
C’est quand on l’utilise que l’objet réutilisable est « rentabilisé ». Pour concurrencer le jetable, il faut réutiliser l'alternative de quelques fois à plus de 150 fois, en fonction de l’objet étudié et des hypothèses retenues par les études.
Pour les sacs réutilisables de fruits et légumes, l’Ademe [2] a ainsi calculé qu’il fallait 8 réutilisations d’un sac en plastique pour qu’il soit meilleur qu’un jetable. Mais il faut réutiliser celui en coton 40 fois pour arriver au même résultat.
Parmi les sacs jetables analysés (en bioplastique, en papier…), aucun n’était meilleur que les autres.
C’est ce que montrent également d’autres études sur les sacs de caisse[3],[4], sur les gobelets en plastique pour événements[5], sur les langes[6], les piles ou encore les emballages pour boissons[7].
À chaque fois, l’objet réutilisable a moins d’impact que le jetable. C’est souvent assorti de conditions cependant. Dans le cas des bouteilles consignée en verre, il faut que la bouteille parcoure moins de 230 km pour garder un intérêt environnemental par rapport aux bouteilles en plastique recyclables (et recyclées).
Parfois, on n’a pas besoin d’étude pour se rendre compte de l’intérêt du réutilisable. Une brosse à dents dont la tête se change permet d’éviter de jeter le manche tous les 3 mois comme sur une brosse manuelle classique, c’est autant de déchets en moins.
Pareil pour les protections hygiéniques, que l’on lave au lieu de les jeter.
> Lire aussi : « 3 bonnes raisons d’éviter les protections hygiéniques jetables ».
Bref, le réutilisable a moins d’impact que le jetable !
L’impact écologique d’un produit ou d’un emballage en bioplastique est différent, mais il ne fait pas forcément mieux que son équivalent en plastique « classique ». Des sacs de caisse en maïs ou des couverts biodégradable nécessitent toujours des ressources pour les fabriquer : ce n’est pas une solution idéale.
Dans l’étude des sacs de fruits et légumes de l’Ademe[7b], les sacs en bioplastiques n’étaient pas meilleurs que les autres et ce quel que soit l’aspect analysé.
> Lire aussi : « Les bioplastiques sont-ils vraiment écologiques ? »
Non. Il n’y a pas de gain « moyen », ça dépend du type d’objet, du nombre de réutilisation et du prix.
Quelques exemples :
Une des meilleures manières de ne pas devoir jeter ou réparer c’est d’acheter des appareils et objets qui vont durer longtemps.
Facile à dire… mais pas si évident à faire. Comment bien choisir ?
Il n’y a pas vraiment de label qui permet de différencier un produit qui va durer longtemps d’un autre. Des initiatives commencent cependant à pointer le bout de leur nez comme Longtime. Ce label intègre 43 critères à respecter pour qu’un produit puisse être considéré comme « à longue durée de vie ». Il n’y a cependant pas (encore) beaucoup de produits labellisés.[9]
On peut aussi opter pour des labels qui intègrent dans leur cahier des charges un aspect « durée de vie » (critères de réparabilité, de disponibilité des pièces détachées…) comme Angle Bleu (généraliste) ou EPEAT (informatique).
Mais à part cela, il faut surtout bien se renseigner avant d’acheter :
> Voir toutes nos astuces pour choisir des appareils et produits solides, qui vont durer longtemps.
On préfère les produits simples, qui ne sont pas bardés de moteurs, de capteurs, voire connectés à un service en ligne. Quand on le choix, on préfère aussi les produits sans piles ou sans batteries, souvent difficiles à changer
Enfin, un produit polyvalent fera avec un seul moteur ce que 4 ou 5 produits différents font avec chacun leur moteur, leur batterie, leur chargeur… On rationnalise !
Si on choisit des produits réparables c'est évidemment pour... les réparer. Un objet cassé ? Un appareil en panne ? Avant de le remplacer, on a le réflexe réparation.
On peut utiliser les nombreux tutoriels en ligne, aller chercher un coup de main dans un Repair Café ou se tourner vers un professionnel.
> Conseils et bonnes adresses : Comment et où (faire) réparer un objet cassé ou en panne ?
On jette 15 à plus de 30 kilos de nourriture par personne et par an, environ.[10]
Se soucier de l'emballage c'est important. Mais se soucier de son contenu encore plus ! Pour donner un ordre de grandeur, le bilan environnemental d'un aliment dépend pour 1 à 60% de son emballage.[11] Le reste, c’est l’aliment. Donc, quand on jette un aliment, on gaspille aussi tout ce qui a été nécessaire pour le produire : énergie (transformation, transport, chauffage éventuel), l’eau, les ressources naturelles (engrais…).
> Lire aussi : Gaspiller moins de nourriture pour préserver le climat ?
On peut facilement réduire son gaspillage alimentaire avec quelques habitudes :
Quelques conseils en vidéo ci-dessous.
> Découvrir plus d'astuces : 12 conseils pour éviter le gaspillage alimentaire
On jette 61 kilos d’emballages par an et par personne, en moyenne.[12] Soit quand même 786 000 tonnes par an rien que pour la Belgique ! La collecte étendue du PMC (le « nouveau sac bleu ») devrait augmenter de 5 kilos les emballages collectés par an et par personne.[13]
Ces emballages sont envoyés vers une filière de recyclage, certes. Mais un emballage à recycler aura toujours plus d’impact que pas d’emballage à recycler. Le meilleur déchet reste celui qui n’existe pas.
> Lire aussi : Quelles sont les limites du recyclage ?
Pour réduire cette quantité de déchets, on peut :
Ca tombe bien, le vrac a connu un grand essor les dernières années. On trouve aujourd'hui beaucoup de produits vendus sans emballages et ceci dans un nombre croissant de magasins.
> Voir : Quels produits acheter en vrac et où les trouver ?
Par contre, on accepte un peu plus d’emballage si cela permet de moins gaspiller de nourriture. On y fait donc attention pour les produits périssables transformés.[16] Car l’emballage a toujours moins d’impact que l’aliment qu’il contient.[17]
Cela dit, ce n’est pas une fatalité. On peut parfaitement combiner moins d’emballage / vrac et bonne conservation des aliments !
> Lire aussi : 6 conseils pour bien conserver ses aliments en vrac
On peut aussi opter pour des emballages consignés qui sont réutilisés. Ils sont plus lourds et doivent être lavés mais leur bilan environnemental est meilleur (voir idée reçue n°1 ci-dessus). En Belgique, on trouve surtou des boissons en bouteilles consignées, principalement des bières, des eaux et du vin. Le reste des emballages (bocaux par exemple) est très rarement consigné.[18]
Et si on empruntait des objets à ses amis ou son voisin ? Pour une perceuse pneumatique dont on n’a pas souvent l’usage, pour une tonnelle de jardin et des tables « festives » qui ne servent que deux fois par an, pour une remorque, pour des vêtements de cérémonie…
On peut aussi louer ce que l'on n'utilise que de temps en temps.
Louer permet d’utiliser un objet sans le posséder. On appelle cela l’économie de la fonctionnalité et c’est tout bénéfice :
Aujourd’hui, tout se loue ou presque. De manière générale, on peut louer :
> Voir nos bonnes adresses pour la location.
Acheter en seconde main prolonge la durée de vie d’un objet. Et on économise les ressources (matière, énergie) liée à la fabrication d’un nouvel objet.
> Voir aussi : Pourquoi garder plus longtemps ses appareils et objets c'est bon pour le climat.
La seconde main c’est aussi moins cher. Par exemple, dans un magasin d'économie sociale, on peut facilement trouver en deuxième main un ordinateur portable de qualité professionnelle et garanti un an à 250 €, une table en bois à 30 € qui ne demande qu’un coup de peinture, un mixeur quasi neuf pour 12 €, un miroir de salle de bain encore « made in Belgium » pour 5 €...
Et bien sûr c’est bon pour le zéro déchet : les entreprises d’économie sociale ont redonné vie à 23 000 tonnes d’objets en 2019 ![19]
Les entreprises d’économie sociale ont aussi un rôle social : près de 8000 personnes y travaillent dans les métiers du recyclage et de la récupération.[20]
Enfin, certains produits de seconde main sont aussi sélectionnés, révisés et garantis. Plusieurs labels comme Electro’REV ou REC’UP garantissent les produits ou le magasin qui les vend.
> Voir aussi : Pourquoi acheter en seconde main ?
Trier et ne garder que le nécessaire est aussi une manière de faire du zéro déchet. Quand on se désencombre, on donne la possibilité à des objets dont on ne se sert plus d’être utiles à d’autres personnes.
Et une fois qu'on a fait son grand nettoyage, on a souvent moins envie de se réencombrer de plein de choses. Donc on achète moins !
Marie Kondo trie et se débarrasse des objets le jour même, d’autres préfèrent désencombrer petit à petit. Il y a plusieurs façons d’y arriver !
> Choisir sa technique : Désencombrer sa maison : comment s’ y prendre ?
Évidemment, quand on fait le tri, on évite de tout mettre à la poubelle ou au parc à conteneurs. On donne, on vend, on répare...
> Lire aussi : Tirer, revendre, jeter... Comment désencombrer sa maison ?
Découvrez nos fiches pleines d'idées pour avancer à votre rythme vers l'objectif zéro déchet :
> Consulter les fiches OBJECTIF ZÉRO DÉCHET dans la salle de bain / pour le ménage / dans la cuisine / pour les électros / avec des enfants
[1] Le bilan de l’impact sur l’environnement, de la fabrication au recyclage du déchet, d’un objet par rapport à un autre qui a la même fonction. Une canette de soda et le même soda dans une bouteille en plastique par exemple.
[2] « Evaluation environnementale comparée de sacs emballant des fruits et légumes », Ademe, novembre 2019.
[3] Étude « Carrefour » de 2004 : un sac en papier jetable n’est pas meilleur qu’un sac en plastique jetable, sauf pour l’abandon dans la nature.
[4] Par exemple l’écobilan des sacs de caisse au Danemark (2018) qui montre qu’il faut réutiliser un sac réutilisable de 5 à plus de 40 fois pour qu’il ait un impact plus faible sur l’environnement qu’un sac jetable.
[5] Exemple d’écobilan pour les gobelets à Bruxelles (RDC, 2013) : https://document.environnement.brussels/opac_css/elecfile/STUD2013Gobelet.PDF
[6] « Quels langes utiliser pour la peau de bébé et l'environnement ? » (écoconso, 2018).
[7b] Ademe, « Évaluation environnementale comparée de sacs emballant des fruits et légumes », 2019.
[7] Plusieurs écobilans cités dans notre article « Les emballages pour boissons ». Dans certains cas, avec du plastique recyclé de très bonne qualité, on peut arriver à avoir une bouteille jetable et recyclée qui a un impact similaire à celui d’une bouteille en verre réutilisable (écobilan suisse de 2014). Mais c’est plutôt l’exception (35% de plastique utilisé pour refaire des bouteilles dans le cas de cette étude).
[8] Calcul réalisé par écoconso sur base d'une utilisation par jour, avec un prix moyen comprenant des lingettes de marques et discount.
[9] 4 en octobre 2020, dont un aspirateur, un radiateur et… deux détecteurs de métaux.
[10] Selon une étude réalisée à Bruxelles en 2004 par RDC : 12% de la poubelle blanche (non triée), soit 15 kilos. C’est la même chose en Wallonie, avec 16,3 kilos de déchets organiques consommables (poubelle résiduelle et organique sélective) selon le dernier rapport de RDC en 2019. Ces chiffres ne représentent cependant que le gaspillage que l’on retrouve à la poubelle. Ne sont pas repris tout ce qui va dans un compost ménager, tout ce qui est jeté à l’évier ni tout ce qui est gaspillé par les ménages mais en-dehors de la maison (restaurant…). Entre 30 et 40 kilos en France selon les chiffres de l’Ademe cité par le dossier thématique de la FNE.
[11] Selon le National Zero Waste Council (Canada, 2020).
[12] Le verre représente presque la moitié : 29 kilos de verre, 15 kilos de PMC (hors nouveau sac bleu) et 17 kilos de papier-carton selon le rapport d’activités 2019 de Fost Plus. Pour le papier-carton, Fost Plus en collecte 54 kilos par personne et par an, dont 17 sont considérés comme des emballages. C’est une estimation négociée entre Fost Plus et l’État, pas un comptage réel sur poubelles. Il est intéressant de noter que la quantité d’emballages collectés est plutôt stable sur les 10 dernières années. Seul le papier-carton diminue.
[13] Selon Fost Plus « Le rendement de collecte moyen du sac bleu s’élève à 14,68 kg habitant/an. Dans les communes où le Nouveau Sac Bleu fut introduit, ce chiffre s’élève à 19,34 kg. » - fostplus.be
[14] On a ainsi pesé un ravier de jambon italien à +/- 30% du poids de jambon emballé. Pour un produit qui, in fine, ne casse pas.
[15] Voir à ce sujet la campagne de Foodwatch sur les « emballages plein de vide ».
[16] « Less Food Loss and Waste, Less Packaging Waste », National Zero Waste Council, mars 2020. L’étude analyse aussi le risque de pertes alimentaires supplémentaires en fonction de l’emballage. Étude canadienne.
[17] L’emballage représente entre 1 et 35% de l’impact total d’un produit alimentaire emballé.
[18] Même si ça existe pour des pâtés végétariens, du yaourt… c’est plutôt l’exception et uniquement disponible hors supermarchés.
[19] Sur 165 444 tonnes collectées. Le taux de réutilisation des objets collectés varie de 5 à 80%. Rapport 2019 de Ressources.
[20] 7979 personnes travaillent au sein des membres de RESSOURCES soit 2896 équivalents temps plein. Rapport 2019 de Ressources.