10 ans après "une vérité qui dérange" : quelles évolutions ?

10 ans après "Une vérité qui dérange" de l'ancien vice-président des Etats-Unis Al Gore sur les changements climatiques, où en sommes-nous ?

Il y a 10 ans, le film "Une vérité qui dérange" éveillait les consciences à propos des changements climatiques. L'ancien vice-président des Etats-Unis Al Gore montrait des images chocs et expliquait des données scientifiques avec humour et conviction. 

La scène où il utilise un élévateur pour montrer le niveau de concentration que le CO2 pouvait atteindre si l'on n'agissait pas rapidement pour diminuer les émissions valait le détour.

Dix ans plus tard, on peut à la fois apprécier les efforts accomplis et mesurer le chemin qu'il reste à parcourir.

Au rayon des bonnes nouvelles nous épinglerons la COP 21, le développement des énergies renouvelables, le succès des initiatives citoyennes (parmi lesquelles les villes en transition),...

Du côté des faits alarmants, des indicateurs sont dans le rouge : concentration moyenne de CO2 dans l'atmosphère, niveau des océans, records de chaleurs, exploitation des sables bitumineux et des gaz de schiste...

La concentration de CO2 augmente inexorablement

En 2006 la concentration moyenne de CO2 dans l'atmosphère était de 382 ppm, nous avons maintenant dépassé allègrement les 400 ppm.


Source : http://www.esrl.noaa.gov/gmd/ccgg/trends/

Et les records de température se multiplient.

L'année 2015 a été la plus chaude depuis 130 ans et il y a plus de 99% de chances pour que 2016 soit encore plus chaude !


Source : http://www.climatecentral.org


(voir l'image en grand)

 

L'accord de Paris : un objectif ambitieux ... à concrétiser !

L'accord de Paris, adopté lors de la COP21 à Paris a été signé en avril 2016 par un nombre record d'Etats. Il doit encore être ratifié par chacun des signataires. Objectif affiché : limiter le réchauffement climatique à 2°C à l'horizon 2100 (et si possible 1,5 °C) par rapport à l'ère préindustrielle.

Le GIEC a calculé que pour limiter le réchauffement à 2°C nous pouvions encore émettre en tout 1000 GtCO2 (milliards de tonnes de CO2) entre 2011 et 2100. Pour fixer les idées, nous avons émis 52 GtCO2 en 2014 !

Le diagramme ci-dessous montre que pour garder 66% de chances de rester sous 1,5°C de réchauffement nous disposions d'à peine 5 ans ! (et 20 ans pour garder 66% de chances de limiter le réchauffement à 2°C).

 


Voir aussi la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=VbhlWSxcoYg

80% des énergies fossiles doivent rester dans le sol

On a pu calculer que pour respecter la limite des 2°C, 80% des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) ne pouvaient être brûlées et devaient rester dans le sol.

Pendant la période 2006-2015 les renouvelables se sont très bien développées mais les énergies fossiles n'ont pas reculé pour autant, au contraire (pas étonnant : elles bénéficiant de subventions astronomiques de 10 millions de dollars par minute !).

Les Etats Unis ont augmenté leur production de pétrole en exploitant le pétrole de schiste, au point de devenir le premier producteur mondial !  Fin 2015 cette production de pétrole (conventionnel et non-conventionnel) dépassait les 12 millions de barils par jour.

Et l'exploitation des sables bitumineux au Canada a aussi fortement augmenté pendant cette période :


Crude Oil - Forecast, Markets & Transportation - Juin 2015 www.capp.ca

Dans le même temps la capacité éolienne installée dans le monde a été multipliée par 6 et la capacité en photovoltaïque par 34.


Source : http://www.ren21.net

Autre bonne nouvelle : le nombre d'emplois dans les énergies renouvelables dans le monde dépasse les 8 millions (dont 3,5 millions rien qu'en Chine), plus que dans le charbon, le pétrole et le gaz réunis.

Concernant les centrales au charbon, l'énergie fossile dont les réserves sont les plus importantes et dont les émissions de CO2 sont les plus élevées par unité d'électricité produite, il y a tout de même des signes encourageants quant à une diminution de son utilisation. Notamment du côté du G7 qui, entre 2010 et 2016 a noté une quantité importante de projets annulés ou arrêtés : 232 GW (un réacteur nucléaire comme Tihange 2 a une puissance de 1GW), il n'y a que le Japon qui a augmenté ses capacités en centrales à charbon.

Ce documentaire a été vu par des millions de spectateurs et a contribué à populariser les rapports du GIEC. En 2007, Al Gore et le GIEC ont obtenu conjointement le prix Nobel de la Paix.

Voir aussi :

 

 

Mots-clés :