La crème antipollution... parce que le marketing le vaut bien ?

La crème antipollution, un beau produit inutile
La crème antipollution, un beau produit inutile

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Face à un super problème, il fallait bien une super crème. Voici les cosmétiques antipollution. Garantis sans effet sur la cause réelle.

Les entreprises s’adaptent aux enjeux essentiels de notre époque. Certaines de façon surprenante. Toutes les grandes marques de cosmétiques ont ainsi désormais dans leur gamme des soins antipollution. Logique : il y a de la pollution, vendons-donc des crèmes antipollution (j’aurais dû faire marketing à l’école).

Attention : on parle bien ici de crèmes cosmétiques à mettre sur la peau, pas d’une crème miracle qui purifie l’air et nettoie les océans par sa seule présence.

C’est donc bien pour répondre à une « nouvelle problématique beauté » qu’est la pollution urbaine que ces crèmes existent. Pour les enjeux globaux, comme par exemple le fait que la pollution de l’air est responsable de milliers des décès chaque année en Belgique, on repassera.[1]

Mais je vous l’accorde, c’est sans doute pousser le bouchon un peu loin que de demander tout ça à un fabricant de cosmétiques, ce n’est pas son rôle.

Et donc, comment fonctionne cette crème ?

Cela reste assez nébuleux. La plupart des crèmes se vantent d’établir une barrière entre la pollution et la peau. On imagine bien la crème qui, avec ses petits bras musclés [2], retient les méchantes molécules polluantes. Une particule de polluant qui passe à proximité ? Hop ! D’un geste habile et sûr – c’est la crème de la crème quand même - elle l’attrape et la retient.

Pour en faire quoi, ça, on n’en sait rien. A priori le polluant sera séquestré à même la crème, donc sur la peau (en fait), attendant le soir venu pour se faire démaquiller et terminer dans la poubelle. Ou dans les égouts si vous vous passez de cotons jetables.

Je ne peux m’empêcher de me questionner. Qu’est-ce qui est mieux : un contact peau/pollution ou peau/crème polluée ?

Au passage, la crème ne vous empêchera pas de respirer la pollution. Sauf à vous en remplir les narines, mais à ma connaissance ce n’est pas le modus operandi retenu par les fabricants. [3]

Il est assez affligeant / passionnant / étonnant [4] de voir à quel point l’humanité, face à un problème, s’ingénie à trouver des solutions sous forme de « nouveau produit » plutôt que de traiter le mal à la racine.

Problème de déchets ? Créons des sacs colorés pour les mettre, afin de les recycler. Comment dites-vous ? Produire moins de déchets ? Mouahahahaha, mais non voyons.

Trop de voitures ? Créons des routes, des parkings. Ah, elles polluent trop ? On a la solution : ajoutons des filtres. Ça fera des embouteillages propres. Ça abîme la peau ? Créons une crème anti-pollution. Ça fera un truc en plus à vendre. 

Je m’emporte, je m’emporte, désolé pour cette réaction épidermique.

Sinon, côté peau, on peut aussi boire assez d’eau (du robinet), manger équilibré, dormir assez, nettoyer sa peau chaque soir, l’hydrater avec une simple huile végétale et bien se protéger du soleil. Et puis participer à réduire la pollution de l’air.

C’est plus long que de mettre de la crème... mais c'est plus efficace.
 

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[1] Les particules fines, à elles seules, causeraient 8000 décès prématurés par an en Belgique. En 2010, 3 millions de décès dans le monde étaient dus à la pollution de l’air extérieur en général.

[2] C’est comme les enzymes gloutons de Coluche, en gros.

[3] Cela devait avoir une influence néfaste sur le nombre de consommateur.trice.s

[4] Biffer la mention considérée comme inutile.

 

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