Le TFA (ou acide trifluoroacétique) est une substance de la famille des PFAS. Il est considéré comme toxique pour la reproduction[1],[2]. On en retrouve pourtant dans l’eau (du robinet, mais en bouteille également[3]) mais aussi dans le vin, comme l’a montré une récente étude du PAN (Pesticide Action Network Europe)[4].

> Lire aussi : « Quels sont les dangers des PFAS pour la santé ? »

Et les quantités sont importantes : 122 µg[5] par litre en moyenne sur les 39 vins européens analysés (millésimes 2021-2024). Par comparaison, on admet jusqu’à 2,2 µg par litre dans l’eau[6].

Et d’où vient ce TFA ?

Pour le vin, des pesticides qui le contiennent en majorité[7]. Mais il est aussi émis par la dégradation d’autres PFAS, par les fluides utilisés dans les frigos, les pompes à chaleur, les climatisations…[8]

Que disent les normes ?

L’EFSA (l’agence européenne de sécurité alimentaire) indique une valeur à ne pas dépasser de 50 µg (de TFA) par kilo de poids corporel (d’une personne) par jour[9]. Autrement dit, on « peut » manger 3000 µg de TFA par jour si on pèse 60 kilos (toutes sources de TFA confondues : l’eau, le vin, les autres aliments…)[10].

Est-ce que c’est grave ?

A priori, avec 3000 µg autorisés par jour et 122 µg de TFA par litre de vin, on devrait être rassuré·es. Ça fait quand même 24 litres de vin par jour[11]. Le coma éthylique arrivera avant.

Mais cette dose journalière admissible est basée sur celle de pesticides (contenant des TFA) dorénavant interdits. Et l’EFSA n’a pas encore statué sur une éventuelle dose journalière admissible spécifique au TFA[12]. On a déjà vu par le passé des substances être autorisées sans limite pour finalement être interdites plusieurs années plus tard…

> Lire aussi : « Le bisphénol A : d’une utilisation massive à son interdiction »

Si on se base par contre sur la valeur admise dans l’eau, la situation est différente. En Belgique, on a une valeur « guide » de 2,2 µg de TFA par litre d’eau à « ne pas dépasser »[13].

Admettons qu’on boive 2 litres d’eau par jour. On absorberait, via l’eau, 30,8 µg de TFA par semaine[14]. Pour absorber la même quantité avec du vin, il faudrait 2 verres par semaine[15]. Ce qui est finalement assez peu par rapport aux quantités d’alcool à ne pas dépasser (10 verres par semaine)[16].

Le plus inquiétant est à venir : le TFA est un PFAS. Et l’Europe a décidé qu’il ne pouvait pas y avoir plus de 500 ng[17] de PFAS par litre dans l’eau potable, tous PFAS confondus, à partir de 2026[18]. Or, 500 ng, c’est 0,005 µg.

Alors 122 µg par litre de vin, ça fait tout de suite beaucoup plus.


[1] On entend par là que le TFA peut endommager la fertilité de l’homme et de la femme ou provoquer des problèmes de développement du fœtus (avortement spontané, malformations…).

[2] L’Allemagne (BfC et BfR) considère le TFA comme reprotoxique et a demandé à l’Europe (à l’ECHA – l’agence européenne des produits chimiques) de classer le TFA comme tel.

[5]Un microgramme (µg) c'est un millionième de gramme.

[6] Valeur qui peut cependant être dépassée (cf. plus loin).

[8] Beaucoup de ces fluides frigorigènes sont à base de HFC (qui peuvent se décomposer en TFA, donc). Mieux vaut prendre une pompe à chaleur qui utilise du propane comme gaz frigorigène (R-290).

[9] La DJA est citée ici (journal de l’EFSA) : https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC7009922/?) sur base d’effets sur le rat d’un pesticide, le Flurtamone, qui se dégrade notamment en TFA. Le BfR allemand indique la même DJA (50 µg) en lien avec l’agrément d’un autre pesticide, le Flufenacet. Détail piquant : le Flurtamone est interdit depuis 2018 et le Flufenacet l’est depuis le 10 juin interdit en Europe (avec utilisation des stocks possible jusque fin 2026). La DJA du Flufenacet est de 40µg/kg de poids corporel.

[10] Cette norme détermine notre exposition maximale « sans risque », mais ne définit pas une quantité maximale par aliment, il n’y a pas encore ce genre de norme pour le TFA en Europe.

[11] À ne pas faire à la maison.

[12] On devrait en savoir plus fin 2025.

[13] En Belgique le Conseil Scientifique Indépendant estime qu’il n’y a pas assez de données disponibles que pour établir une DJA pour le TFA. Le CSI a basé sa recommandation de 2,2 µg/litre dans l’eau sur celle effectuée par le RIVM aux Pays-Bas. RIVM qui a déduit sa recommandation sur base des effets supposés du TFA sur base de son équivalence par rapport à un autre PFAS, le PFOA. Et ces estimations sont basées sur les effets de ces PFAS sur le foie chez le rat. Cette valeur-guide n’est cependant PAS une norme à ne pas dépasser. Si de l’eau contient plus que 2,2 µg/litre de TFA, cela indique un problème, mais l’eau reste considérée comme potable. Source : https://environnement.sante.wallonie.be/files/document%20pdf/TFA/Avis%20TFA%20du%20CSI.pdf

[14] 2,2 x 2 x 7 = 30,8.

[15] 122 µg/litre, soit 15,25 par verre de vin de 12,5 cl.

[17] Un nanogramme (ng) c'est un milliardième de gramme. Il y a donc 1000 ng dans un µg. C'est très très peu, mais ce sont des substances qui ont un effet à des doses extrêmement faibles.

[18] Mais selon les lignes directrices prises par l’Europe, le TFA ne sera visiblement pas repris dans la « somme PFAS ». Une eau qui dépasserait 500 ng de PFAS à cause du TFA ne serait donc pas déclassée.

Dernière mise à jour
08 juillet 2025
Mots-clés

Nos projets en cours

Nous utilisons une sélection de cookies propres et tiers sur les pages de ce site Web : Cookies essentiels, nécessaires à l'utilisation du site Web ; les cookies fonctionnels, qui offrent une meilleure facilité d'utilisation lors de l'utilisation du site Web ; les cookies de performance, que nous utilisons pour générer des données agrégées sur l'utilisation du site Web et des statistiques ; et les cookies de marketing, qui sont utilisés pour afficher du contenu et des publicités pertinents. Si vous choisissez « ACCEPTER TOUT », vous consentez à l'utilisation de tous les cookies. Vous pouvez à tout moment accepter et refuser certains types de cookies et révoquer votre consentement pour l'avenir dans « Paramètres ».