Il faut être honnête : acheter un téléphone vraiment écologique, ce n’est pas possible… car il n’existe pas (encore). Par contre il est possible de faire attention à certains critères pour choisir un smartphone plus durable.  

Sommaire :

- - - - - - - - - - - - - - - - - - -
 

Le monde des smartphones n’est pas très vert… Il n’y a donc pas beaucoup d’options pour choisir un téléphone plus durable. Le réflexe pour alléger l’empreinte de son téléphone sur l’environnement, le truc qui marche à tous les coups, c’est de le garder le plus longtemps possible. En effet, c’est à la fabrication qu’un GSM a le plus d’impact sur l’environnement.

La fabrication est l’étape qui pèse le plus lourd dans le bilan écologique d’un smartphone. Exemple ici avec les émissions de gaz à effet de serre d’un Iphone 8

La fabrication est l’étape qui pèse le plus lourd dans le bilan écologique d’un smartphone. Exemple ici avec les émissions de gaz à effet de serre d’un Iphone 8 sur l’ensemble de sa vie. 80% sont dues à la production. Source : Greenpeace. [1]
 

De plus, les smartphones utilisent nombreux matériaux plus ou moins rares qu’il est souvent difficile de récupérer lors du recyclage.

> Lire aussi : Quelles sont les limites du recyclage ?

Si on a besoin d’un téléphone, on vérifie donc d’abord si son smartphone actuel pourrait être réparé ou mis à jour.

> Lire : Comment réparer un téléphone ou un ordinateur ?

Si on a vraiment besoin d’un nouveau téléphone, voici quelques critères à prendre en compte pour faire un achat plus écologique.
 

Acheter un téléphone adapté à ses besoins

Ça paraît évident, n’est-ce pas ? Pourtant, ça vaut quand même la peine de se poser quelques questions :

  • Est-ce que j’ai vraiment besoin d’un nouveau téléphone ? C’est une bonne question à se poser, surtout quand les opérateurs nous attirent avec des promos où le téléphone est à 1€ (moyennant la prise d’un abonnement évidemment) ;
  • Est-ce qu’on a besoin d’un téléphone puissant, ou préfère-t-on un appareil dont l’autonomie est bonne ?
  • Doit-on connecter souvent d’autres périphériques ? Par exemple est-ce qu’il y a encore un port jack pour un casque ou devra-t-on acheter des écouteurs sans fil ? Est-ce qu’on peut mettre une carte microSD ou le téléphone sera-t-il vite « plein » si on installe plusieurs applis et qu’on fait souvent des photos et vidéos ?

  •  

Choisir un « bon » smartphone

Il n’y a plus vraiment de « mauvais » téléphone (sauf éventuellement dans certains premiers prix) mais il y a encore de grandes différences entre les modèles. L’autonomie, la qualité de l’écran ou de l’appareil photo sont souvent des points qui différencient les modèles les uns des autres.

Quelques sites de références peuvent aider à choisir :

  • Les Numériques : le site de référence en français. Ils testent différents appareils électriques et électroniques, dont des smartphones.
  • Phone Android ou Frandroid :  l’actu des smartphones mais aussi des tests très complets.
  • Notebookcheck : le site principal est en anglais, mais une version française existe. Les tests sont très complets, mais assez techniques si on n’est pas un peu initié. La conclusion est toujours éclairante. Ils renseignent également d’autres tests sur d’autres sites. Très pratique pour avoir un éventail complet. Ils testent principalement des ordinateurs portables, des smartphones et des tablettes.
  • Mobiletechreview : si on préfère les vidéos, Lisa Gade teste toutes sortes d’ordinateurs et de téléphones.

Quand on lit le test d’un téléphone, il faut surtout être attentif à :

  • l’autonomie ;
  • le suivi des mises à jour par le fabricant (parfois indiqué ou mis en avant dans un test) ;
  • la possibilité de mettre une carte microSD ou l’espace de stockage par défaut ;
  • la valeur DAS (émission d’ondes, information obligatoirement affichée). Préférer un téléphone de catégorie A[2] ;
  • Et, en fonction de critères plus personnels : la qualité de l’écran, du haut-parleur, de l’appareil photo, etc.
     

Acheter un smartphone d’occasion

En toute logique, si le meilleur réflexe est de prolonger la vie de son smartphone, l’achat le plus écologique… c’est un téléphone de seconde main. Acheter un smartphone d’occasion permet d’éviter d’en acheter un neuf et donc d’éviter toute la pollution liée à cette fabrication.

On trouve essentiellement des smartphones d’occasion auprès de particuliers (2emain.be, ebay,…) ou de reconditionneurs professionnels (aSmartWorld, Back market, Coolblue, Swappie,…). Il n’y a pas de label indépendant concernant le marché du reconditionné. On sera particulièrement attentif aux commentaires des utilisateurs.

On préfère aussi une offre avec une garantie. Et comme c’est un téléphone qui a déjà vécu, il est d’autant plus intéressant de choisir un modèle réparable ou, au minimum, dont la batterie est remplaçable facilement.

Outre le côté matériel, acheter d’occasion revient aussi à acheter un téléphone qui ne sera probablement plus à jour. On se renseigne sur l’état des mises à jours disponibles (ou pas) pour le modèle convoité.[3]

Pour les plus bricoleurs, on peut aussi acheter d’occasion un modèle pour lequel il existe une version de Lineage OS disponible.

> On vous en dit plus ici : 7 conseils pour garder son smartphone plus longtemps
 

Préférer un téléphone démontable et réparable

On ne va pas se mentir, trouver un téléphone (facilement) réparable par soi-même est compliqué. En effet, à part Fairphone et Shift, peu de téléphones vendus neufs peuvent actuellement se targuer d’être réparables sans faire appel à un professionnel.

Il suffit de voir la cote de réparabilité des smartphones sur le site Ifixit : depuis 2017, peu de téléphones dépassent 6/10.[4] Et encore, cela implique souvent des manipulations délicates même pour des personnes qui aiment bien bricoler l’électronique.

On peut aussi avoir une idée de la réparabilité d’un téléphone avec l’indice de réparabilité français ou encore l’eco-rating de certains opérateurs téléphoniques européens.[5]

Pour avoir plus de choix, on se dirige donc vers le marché de l’occasion. Dans les « anciennes gloires », on peut trouver des téléphones de 2015 qui sont encore réparables assez facilement tout en étant capables de faire tourner les applis courantes. Seule la liste d’Ifixit sera utile dans ce cas-là, les autres systèmes (eco-rating, indice de réparabilité) étant trop récents pour couvrir des « vieux » smartphones.
 

Choisir une marque qui met à jour ses appareils pendant plus de deux ans

Si la difficulté à réparer est la première plaie des smartphones actuels, la deuxième est l’absence de suivi sérieux de la part des fabricants.

Les mises à jour sont importantes. Il y en a de trois types :

  • les mises à jour du système d’exploitation (passer d’Android 10 à 11, d’iOS 13 à 14 par exemple) ;
  • les mises à jour de sécurité (pour éviter de se faire « pirater »)[6] ;
  • les mises à jour des applis.

La mise à jour des applis est décidée par les développeurs de ces applis. Les mises à jour d’Android sont faites par Google et celles d’iOS par Apple, tout comme les mises à jour de sécurité.

Chez Apple, le suivi est plutôt bon. La dernière version d’iOS sortie en juin 2021 était toujours compatible avec des Iphones sortis en 2015, soit 6 ans de support.[7]

Dans le monde d’Android, il est rare de pouvoir bénéficier de ces mises à jour pendant plus de deux ans. Seul Google – qui vend ses propres téléphones avec la gamme Pixel – annone 3 ans de support. Samsung leur a très récemment emboîté le pas, en annonçant 4 ans de support.[8] C’est cependant Fairphone qui remporte la palme, en mettant encore à jour en 2022 son Fairphone 2, sorti en 2015, soit 7 ans de support.[9]

Mais ce sont des exceptions. Pour le reste cela dépend très fort du bon vouloir du fabricant. Certes c’est Google qui édite les mises à jour mais ce sont les fabricants qui doivent techniquement les porter sur leurs modèles et c’est souvent là que le bât blesse.[10]

On peut aussi se baser sur la rapidité avec laquelle ces fabricants rendent les mises à jour disponibles pour avoir une idée de l’intérêt que le fabricant porte à ce suivi. Cet article d’Android Police a comparé la rapidité avec laquelle des mises à jour éditées par Google étaient disponibles sur plusieurs modèles de téléphones. Google et Samsung trustent les meilleurs scores.
 

Choisir un smartphone labellisé

En théorie les labels permettent d’identifier les appareils plus durables, dont la production respecte certains critères environnementaux ou sociaux. Mais en pratique, c’est un peu compliqué dans le secteur des smartphones.

Epeat est un label américain[11] qui labellise des appareils électriques et électroniques. Il y a trois niveaux : bronze, silver et gold. Il y a une catégorie dédiée aux smartphones.

Label EPEAT

Il y a plusieurs critères à respecter, qui concernent tant les matériaux utilisés, que la durée de vie de l’appareil ou encore son efficacité énergétique.

Mais visiblement les critères sont peu contraignants. Un téléphone Samsung a ainsi été épinglé en 2018 : bien que labellisé Epeat « gold », il était considéré comme très difficile à réparer.[12] La situation n’a pas évolué depuis : le Galaxy S20 « ultra » sorti en 2020 a une cote ridicule de 3/10 en réparabilité tout en étant labellisé Epeat « gold ». Et c’est logique quand on regarde de plus près les critères du label : « pouvoir changer facilement la batterie sans outil » n’est visiblement pas un critère obligatoire, même pour être labellisé Epeat « Gold ». [13]

Le label ne semble donc pas suffisamment strict pour être réellement intéressant, du moins pour les smartphones.[14]

D’autres labels existent, comme TCO, mais il n’y a pour le moment pas de produit labellisé.[15] D’autres écolabels connus, comme Ange Bleu, Nordic Swan et l’Ecolabel européen, ne proposent pas de labellisation pour les smartphones.

Pour le respect de critères sociaux, le classement d’Ethical Consumer est toujours une bonne source d’information.[16] Fairphone s’en sort honorablement, avec une cote de 14/20. Tous les autres sont en-dessous de 10/20. Le plus mauvais élève est Samsung avec… 3,5/20.

 


[1] D’après Greenpeace. Les chiffres varient un peu d’une étude à l’autre. L’ADEME indique 75% dans son infographie.

[2] Plus d’infos sur l’affichage de la valeur DAS et les catégories sur le site du SPF santé.

[3] Á part chez Apple, il n’existe cependant pas vraiment de liste de modèles encore suivis. Il faut faire des recherches…

[5] Article intéressant des Numériques, sur le sujet.

[6] Des failles de sécurité sont découvertes régulièrement. Non corrigées par une mise à jour, elles pourraient être utilisées pour attaquer des téléphones vulnérables et, par exemple, y voler des données.

[7] C’était déjà le cas il y a deux ans, Apple « supportait » ses modèles plus longtemps que d’autres. À lire : Android versus iOS software updates revisited: Two years later and not much has changed. Liste des Iphones compatibles avec la version 15 d’IOS : https://belgium-iphone.lesoir.be/2021/06/07/ios-15-voici-la-liste-des-iphone-compatibles/ . Toutes les fonctions ne seront pas disponibles sur les plus vieux appareils, mais quand même, 6 ans de support.

[8] À lire sur Androidpolice (en anglais).

[9] D'abord avec Android 9, et puis avec Android 10 en 2022. Ce n'est certes pas la toute dernière version, mais au moins eux ont fait la mise à jour là où Samsung par exemple n’a pas été au-delà d’Android 6 pour son Galaxy S5, sorti aussi en 2015.

[10] Android 8 recevrait toujours des mises à jour de sécurité plus de 3 ans après sa sortie, selon endoflife.date.

[11] Des USA.

[13] Vérifié sur la dernière version des critères. Critères qui ne sont pas directement disponibles sur le site d’Epeat, il faut créer un compte sur un site tiers pour pouvoir les télécharger.

[14] Un rapport intéressant à lire sur la faiblesse des labels environnementaux comme Epeat : Paul Schaffer – Electronics Are In Need of Repair.

[15] À la date de rédaction de cet article. Pour TCO par exemple, la catégorie « smartphones » existe, mais ne comprend aucun appareil.

[16] Classement complet à découvrir ici (abonnés).

 

Dernière mise à jour
15 juin 2021
Rédigé par
Renaud De Bruyn

Nos projets en cours