Un indice de réparabilité belge en 2025

Bientôt un indice de réparabilité belge
Bientôt un indice de réparabilité belge

La Belgique veut promouvoir la consommation durable, la réparation et la réutilisation des objets. Un indice de réparabilité et un indice de durabilité verront le jour.

Sur une note de 1 à 10, à quel point un produit est-il facile à réparer ? On devrait bientôt avoir cette information avant d’acheter certains appareils. De quoi faire des choix plus durables, favoriser la réparation et allonger la durée de vie des produits.

L’adoption d’un indice de réparabilité est l’une des mesures phares du plan d’action 2021-2024 pour une économie circulaire, présenté par le gouvernement fédéral. Le 2 juin 2023, le conseil des Ministres a approuvé un avant projet de loi et deux arrêtés royaux instituant un indice de réparabilité et un indice de durabilité. La loi a été adoptée à la Chambre le 8 février 2024, elle entrera en vigueur 12 mois après publication au Moniteur Belge.

Un indice de réparabilité est déjà utilisé en France depuis janvier 2021, il a largement inspiré l'indice belge, notamment sur la méthodologie de calcul et sur les produits couverts par l'indice. L'indice de réparabilité est calculé selon 5 critères, il aboutit à une note sur 10, assortie d’un code couleur :

Indice

Le calcul du score

L’indice est établi par le fabricant qui complète une grille détaillée et basée sur cinq critères :

  • documentation : score déterminé par le nombre d’années pendant lesquelles le fabricant rend disponibles, gratuitement, des documents techniques auprès des réparateurs et des consommateurs ;
  • démontabilité, accès, outils, fixations : score déterminé par la facilité de démontage du produit, le type d’outils nécessaires et les caractéristiques des fixations ;
  • disponibilité des pièces détachées : score déterminé par l’engagement du producteur sur la durée de disponibilité des pièces détachées et sur le délai de leur livraison ;
  • prix des pièces détachées : score déterminé par le rapport entre le prix de vente des pièces détachées et le prix du produit ;
  • critères spécifiques : score déterminé par des sous-critères propres à la catégorie de produits concernée (par exemple la possibilité de réinitialisation logicielle pour des smartphones et ordis portables).

Voici un exemple de calcul de score :

Indice de réparabilité pour un aspirateur
Exemple de grille de synthèse pour un aspirateur

Quels produits sont concernés ?

En Belgique, les sept premières catégories d’appareils concernés sont les lave-linge hublot, les lave-vaisselle, les ordinateurs portables, les télévisions, les aspirateurs, les nettoyeurs à haut pression et les tondeuses à gazon électriques. Une étude est menée pour évaluer la pertinence d'ajouter à cette liste les vélos (électriques et musculaires), les trottinettes et autres engins de déplacement personnels.

Par contre, contrairement à la France, les smartphones et les tablettes ne sont pas concernés étant donné qu'en 2026 ils auront une étiquette énergie qui reprend des éléments de réparabilité et de durabilité.

Pour la France, le site indicereparabilite.fr reprend tous les produits concernés ainsi que leur indice.

Indice

Source : indicereparabilite.fr

Un système qui présente quelques couacs

Fin 2021, un an après l'instauration de l'indice de réparabilité en France, l’association de consommateurs Que choisir et l'association Halte à l'Obsolescence programmée (HOP) ont publié des rapports qui reprennent des critiques intéressantes.

Que Choisir relève des erreurs de jeunesse dans la mise en œuvre de l’indice, qui concernent la manière dont les producteurs et les distributeurs affichent l’indice sur leur site et en magasin.

Il y a également des critiques plus fondamentales qui pointent des incohérences dans la construction de l’indice de réparabilité. L’association questionne particulièrement le fait que les cinq critères aient le même poids. On peut ainsi arriver à la situation absurde où l’indice obtenu est élevé alors que les pièces détachées ne sont pas disponibles suffisamment longtemps (plus de quatre ans après la mise en vente du dernier appareil). En cause : un bon score sur les autres critères (la documentation est fournie, l’appareil est facilement démontable et la réinitialisation logicielle est possible). Pourtant, en pratique, la réparation de l’appareil n’est pas possible.

5 critères

Légende critères

Cette illustration montre que pour les téléviseurs le prix des pièces détachées est le point faible.
Pour les smartphones, et plus encore les ordinateurs portables, c’est la disponibilité des pièces détachées qui laisse à désirer.

 Source : Enquête de "Que choisir", décembre 2021

De son côté HOP a évalué la perception de l’indice par les consommateurs, la fiabilité de la cotation par les fabricants et formule des propositions d'améliorations.

Plus de la moitié des consommateurs français connaissent l’indice et le trouvent utile pour choisir leurs appareils. Ils n’en n’ont pas une connaissance fine pour autant et la sensibilisation devrait être améliorée. Certains fabricants ont modifié leurs pratiques, notamment en rendant les documents de réparation plus facilement accessibles aux consommateurs.

Il y a très peu de produits avec un indice bas (moins de 4), ce qui signifie soit que les produits sont relativement faciles à réparer … soit qu’il y a des lacunes dans le système.

 

Score le plus bas

Score le plus haut

Score moyen

Nombre de modèles notés

Ordinateurs portables

3.5 (Microsoft)

9.0 (Lenovo)

6

92

Télévisions

3.2 (Continental Edison)

8.5 (Samsung)

7.3

120

smartphones

1 (KXD)

9.6 (Athesi)

6.5

550

Lave-linge

5.6 (Electrolux)

8.7 (Samsung)

7.7

218

Tondeuses électriques

4.9 (Black & Decker)

9.5 (Elem Garden Technic)

8.1

212

La majorité des lave-linge et des tondeuses à gazon obtiennent de bons scores, ce qui ne va pas amener les fabricants à améliorer la réparabilité.
Source : rapport de l’association HOP

HOP demande une amélioration de la transparence, en obligeant les fabricant à afficher leurs grilles de complètes et pas seulement la synthèse (illustrée ci-dessus) et leurs engagements sur la disponibilité et le prix des pièces de rechange.

Outils d'information déjà disponibles

Pas besoin d'attendre 2026 pour prendre la réparabilité des objets en compte lors de l'achat.

L’indice Ifixit

Lors de l’achat d’un smartphone, d’une tablette ou d’un ordinateur portable, on peut également consulter ifixit.com qui propose son propre indice de réparabilité, attribué après démontage complet des appareils.

L’indice de réparabilité d’Ifixit va également de 1 à 10, sans décimale.

Le site Ifixit propose également de multiples tutoriels vidéos pour permettre de faire une réparation soi-même. Si des outils spécifiques comme certains types de tournevis sont nécessaires, on peut les acheter sur le site.

> Voir aussi : Comment réparer son ordinateur portable ou son téléphone ?

La base de données EPREL

Depuis la refonte de l'étiquette énergie une base de données européenne reprend tous les objets soumis à étiquetage énergétique : EPREL (Registre européen de l’étiquetage énergétique des produits)

Pour certaines catégories de produit comme les télévisions, on trouve des informations sur la durée de la disponibilité du support, des mises à jour logicielles et de la disponibilité des pièces de rechange, une fois que les appareils ne sont plus commercialisés.

Base de donnees EPREL TV et écrans
Sur la base de données EPREL les fiches produits des télévisions et des écrans donnent des élements de durabilité.

L’avenir de l’indice de réparabilité

En France, l’indice de réparabilité devait évoluer en indice de durabilité dès 2024 pour refléter la longévité et l’évolutivité des produits. Cependant l'indice de durabilité pour les smartphones a été recalé car l'Europe prévoit une législation propre, aparemment moins ambitieuse.

Le plan belge prévoit également ce passage à un indice de durabilité ultérieurement.

> Lire aussi : Comment acheter des produits solides, qui durent longtemps ?

Le plan fédéral belge pour une économie durable comprend 25 mesures, autour de 6 objectifs et fait la part belle au recyclage, à la réparation, à la lutte contre l’obsolescence programmée et à l’encadrement des allégations environnementales afin de lutter contre le greenwashing. Il cadre avec la résolution sur le droit à la réparation votée par le Parlement européen en 2020, approuvée par le Conseil et mise à l’agenda par la Commission.

> Voir : Le droit à la réparation est voté par le Parlement européen 

Plus d’infos

> Lire aussi : Comment (faire) réparer un objet cassé ou en panne ?

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