Être connecté ou se reconnecter : telle est la question

On croule sous les objets connectés !
On croule sous les objets connectés !

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De la poupée à l'oreiller, en passant par la toilette, aujourd’hui on peut presque tout connecter. Mais la frontière est parfois mince entre l’innovation et la bêtise.

Un oreiller qui diffuse de la musique, une gourde qui calcule ce qu'on boit, une machine à laver qui commande le produit de lessive, un pot qui vous rappelle d'arroser votre plante, un WC qui analyse vos petits paquets ? Vous en rêviez ? Réjouissez-vous, ça existe !

Aujourd’hui, on croule sous les objets connectés. Le CES de Las Vegas (le grand show des nouveautés électroniques) l'a montré encore une fois. 

Si vous avez vécu dans une grotte ces deux dernières années, sachez qu'un objet dit « connecté » est capable de dialoguer avec d'autres objets (typiquement : un smartphone), parfois sur de grandes distances (via le wi-fi de la maison, par exemple). Cette faculté est censée ajouter une fonctionnalité indispensable à notre quotidien. Il y en a tellement maintenant qu'on parle même d' « Internet des objets ». 

Connecté : beaucoup de gadgets

Dans ce grand essai planétaire du « si tu peux mettre une puce dedans, fais-le, on sait jamais que ça marche », nous avons ainsi eu droit récemment à la brosse à cheveux connectée. Et que fait une brosse à cheveux connectée ? Elle fait pousser les cheveux ? Elle les caresse dans le sens du poil ? Elle leur parle ? (avec un cheveu sur la langue ?). Rien de tout ça. Mais, munie de différents capteurs (dont un micro qui écoute le bruit du cheveu se faisant brosser, eh si), la brosse est censée déterminer l'état de santé de votre pilosité sommitale quand vous l'utilisez. 

L'intérêt ? Pour le fabricant : proposer (vendre) son produit de soin censé être adapté à votre tête. Mais notre intérêt à nous, il est où ?

Autre nouveauté du CES : la douche dont on peut régler la température via son smartphone. Enfin ! On va pouvoir arrêter de prendre des douches froides ! Ah, excusez-moi, on me dit qu'il existe déjà des mitigeurs thermostatiques qu'il suffit juste de tourner avec la main. Garanti sans pile et sans électronique.  

Ce dernier exemple - à plus de 1000 $ - est sans doute un peu extrême. Il y a plus économique : le pommeau connecté. Pour 90€, il change de couleur en fonction de la consommation en eau (vert pour peu d'eau consommée, rouge pour beaucoup, etc).

Moi je trouve ça léger. Et si on préfère le rouge, est-on condamné à consommer beaucoup d'eau ? Allez, ça peut être intéressant pour sensibiliser les clients d'un hôtel. Mais chez soi ? Une fois qu'on a calculé le débit de son pommeau, on connaît sa consommation sans avoir besoin d'un machin lumineux qui culpabilise. Et si on a du mal à estimer le temps qui passe, on pique la minuterie de la cuisine. Ou, si on veut vraiment se la jouer technologique, on peut même utiliser son smartphone, c'est possible. Gain : 90 €.

Attention, dans les objets connectés, il y a de vrais développements intéressants. Pouvoir commander individuellement tous les radiateurs d'une maison en fonction de la météo. Ou encore, commander à la voix toute une série d'objets pour les personnes à mobilité réduite, voilà autant d'avancées se basant sur une communication entre objets. Malheureusement, on est souvent plus proche du gadget inutile que de l'innovation intéressante.

Je suis connecté. Je suis un futur déchet.

Paradoxe : la grande majorité de ces objets connectés utilise un système propriétaire, c'est-à-dire que l'objet ne fonctionne qu'avec les objets du même type et de la même marque (et encore !). Concrètement, ça oblige l'utilisateur à avoir autant d'applis que de types d'objets connectés.

Vous avez une caméra connectée ? Installez l'appli du vendeur. Un pot de fleur connecté ? Une autre appli. Le thermostat ? Encore une autre. Bonjour le côté pratique !

Qui dit propriétaire dit aussi dépendant du bon vouloir du fabricant. Concrètement, l'objet connecté fonctionnera… jusqu'au moment où l'appli ne sera plus mise à jour. Ou que votre smartphone sera trop vieux. Ou que la marque aura fermé ses serveurs, laissant à votre objet connecté un seul rôle possible : celui de déchet (connecté ?)

Sans parler des piles, batteries et autres chargeurs nécessaires pour faire fonctionner tout ce petit monde.

Des objets qui se connectent à n'importe qui

Aussi « technologiques » qu'ils se vantent d’être, ces objets sont souvent des trous béants pouvant donner accès à votre réseau informatique très facilement. En fait, chaque objet connecté à votre wi-fi devrait être aussi sécurisé que votre ordinateur. Vous pensez bien, des géants d'Internet se font hacker, alors, la poupée connectée, hein…

Et finalement, ça sert à quoi ?

Ces considérations techniques mises à part, a-t-on vraiment besoin de tous ces chichis ? 

Allez, pas besoin d'un objet qui « monitore » en permanence tout ce qu'on fait, tout ce qu'on consomme et qui nous conseille, nous accompagne, commande un produit tout seul, nous prévient quand il faut arroser les plantes ou ce que notre progéniture raconte à sa poupée. On finira par ne plus savoir (pouvoir?) décider : ce sera fait à notre place.

Il a été dit récemment que les objets connectés « n'intéressaient personne ». Visiblement, au CES 2017, ils ne sont pas au courant. 

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