Dégainer les pesticides contre les « mauvaises » herbes, les limaces, les pucerons, les maladies… c’est fini !  Ils sont dangereux pour la santé (surtout des enfants) et l’environnement. D’autant que le glyphosate est interdit pour les particuliers. Même si on trouve encore de nombreux pesticides dans les commerces.

On se tourne donc vers des alternatives naturelles et ciblées pour tous les soucis du jardinier.

Sommaire :

- - - - - - - - - - - - - - - - - - -
 

Éviter les ennemis du jardin et du potager

On mise avant tout sur la prévention. Un jardin équilibré permet d’éviter les problèmes et donc de recourir aux pesticides. Quelques gestes sont faciles à mettre en œuvre.
 

Favoriser la biodiversité au jardin

La biodiversité est l’un des meilleurs alliés du jardinier. Dans un milieu riche, le jardin accueille beaucoup de prédateurs naturels qui régulent la quantité de « nuisibles » : le hérisson contre les limaces, les coccinelles contre les pucerons… Et de quoi régaler les pollinisateurs.

La biodiversité dans le sol est importante également : pour décomposer la matière et nourrir les plantes.

Un jardin où la nature est bienvenue
Pour favoriser la biodiversité :

  • Laisser une place à la nature sauvage dans le jardin. Par exemple, garder une petite zone d’herbes sauvages rarement tondue dans un coin du jardin.
  • Opter pour des espèces indigènes de plantes, arbustes et arbres.
  • Supprimer les espèces exotiques envahissantes (balsamine de l’Himalaya, berce du Caucase…).
  • Diversifier les endroits pour accueillir la biodiversité (tas de pierre ou de bois, haie, mare…).
  • Créer des abris (hôtel à insecte, nichoir…).
  • Respecter la nature (éviter les pesticides, suivre les cycles de floraison naturels…).

> Lire nos 8 idées pour favoriser la biodiversité au jardin.
 

Bien connaître et soigner le sol

Le sol nourrit les plantes, accueille de nombreuses petites bêtes indispensables, apporte l’humidité…

C’est important de bien connaître le sol pour l’exploiter au mieux. On demande alors une analyse du sol en laboratoire.

> Lire aussi Pourquoi analyser le sol de son jardin ?

Bien connaître le sol de son jardin
Une fois qu’on connaît son type de sol, on sait quels soins les plus adaptés lui procurer. Selon qu’on possède un sol calcaire ou argileux, on va lui apporte des engrais organiques ou du compost à des différentes fréquences.

La terre peut aussi présenter des carences en certains éléments. Or, certains manques ont des effets qu’on peut facilement confondre avec des maladies parasitaires (comme une coloration anormale des feuilles). Il faudra équilibrer les éléments du sol selon le résultat de l’analyse.

Pour que les plantes s’épanouissent au mieux et éviter les pesticides, on peut aussi :

  • bêcher le sol sur une vingtaine de cm sans le retourner, à l’aide d’une grelinette par exemple, pour ameublir le sol et enfouir les engrais ;
  • biner légèrement pour activer la vie du sol et l’aérer.
     

Choisir des plantes adaptées

Pour éviter les pesticides, l’idéal est aussi de bien choisir les espèces à planter parmi l’incroyable choix de plantes pour le jardin et le potager :

  • On choisit les plantes en fonction de son sol et des conditions climatiques. Certaines plantes exotiques sont très belles, mais difficiles à cultiver et sensibles aux maladies dans nos régions.
  • On place la bonne plante au bon endroit. Par exemple, planter à l’ombre une plante qui nécessite le plein soleil la rendra faible et sujette aux attaques.
  • On opte pour des plantes indigènes. Elles sont adaptées à notre climat, moins sensibles aux nuisibles, utiles à la faune…

Le site d’Ecowal permet de trouver des plantes indigènes en fonction de leur type (vivaces mellifères, couvre-sols, à bulbes…), de leur exposition et du sol.

On peut également se tourner vers des variétés résistantes. Certaines plantes sont « tolérantes » ou « résistantes » à certaines maladies ou ravageurs, de façon naturelle ou par sélection. Une aubaine quand le problème est fréquent dans son jardin. De nombreuses graines locales et traditionnelles présentent ces atouts.
 

Diversifier les espèces

Au jardin ou au potager, cultiver la même plante sur une grande surface risque de causer les problèmes : cela réduit la biodiversité et permet aux indésirables ou aux maladies de se propager rapidement.

Varier les plantations au potager pour résister aux maladies et insectes
Pour éviter cela, on diversifie les plantations au jardin et les cultures au potager. Pour passer de la monoculture à la polyculture et profiter de tous les avantages de cette méthode, on pratique :

Observer son jardin

Le jardin est un milieu vivant. Beaucoup d’organismes s’y abritent et dépendent les uns des autres. Ils sont nécessaires à la bonne santé du jardin.

Sans devenir un expert, observer son jardin et comprendre ces relations permet de savoir quand éviter les pesticides, combler tel besoin ou appliquer une technique de prévention.

Par exemple, quelques pucerons sur une plante ne doivent pas faire dégainer un insecticide dans la minute. On observe d’abord l’ampleur des dégâts, si des prédateurs sont présents… Un traitement se justifie-t-il ? Dans beaucoup de cas, le problème se résout en laissant faire la nature.
 

Des solutions naturelles contre les invasions

Malgré les techniques de prévention, parfois, c’est l’invasion. On opte alors pour des solutions mécaniques ou, à défaut, des traitements naturels et écologiques. Mais de façon très raisonnée, car ceux-ci ont également un impact et doivent être limités au maximum.
 

Recettes maison et naturelles d’insecticides, fongicides et améliorants

On peut préparer des recettes maison à base de plantes du jardin. Ils feront d’excellents répulsifs, insecticides, acaricides, molluscicides, fongicides (contre les champignons) ou améliorants. Encore une bonne raison de laisser s’épanouir orties, pissenlits et fougères aux abords de la maison !

On fabrique des macérations, des infusions, des décoctions et des purins en fonction des plantes disponibles chez soi ou des propriétés recherchées.
 

--- INSECTICIDES  -  ACARICIDES  -  MOLLUSCICIDES ---

EFFET RECHERCHÉ

REMÈDE

Ravageur

Répulsif

Traitement

Plante à traiter

Préparation

Emploi

Acariens, dont araignées rouges et jaunes

 

v

Tomates, oignons, légumes divers

Macération dans l’huile d’ail (Allium sativum)

À vaporiser

v

v

Carottes, navets, choux et autres végétaux, arbres

Purin ou infusion de tanaisie (Tanacetum vulgare)

À vaporiser

ou
À arroser

 

v

Potager, arbustes ornementaux

Macération de piment (Capsicum annuum)

À vaporiser

v

v

Tous végétaux, arbres fruitiers

Infusion d’ortie (Urtica dioica)

À vaporiser

Chenilles et autres larves d’insectes

v

 

Potager, rosiers, arbustes ornementaux

Décoction de rhubarbe (Rheum Rhabarbarum)

À vaporiser

ou
À arroser

Fourmis

v

v

Carottes, navets, choux et autres végétaux, arbres

Purin ou infusion de tanaisie (Tanacetum vulgare)

À vaporiser

ou
À arroser

Limaces

v

 

Potager, rosiers, arbustes ornementaux

Décoction de rhubarbe (Rheum Rhabarbarum)

À vaporiser

ou
À arroser

 

v

Tous végétaux

Purin ou décoction de fougère (Pteridium aquilinum ou Dryopteris filix-mas)

À vaporiser

ou
À arroser

Mouches

 

v

Tomates, oignons, légumes divers

Macération dans l’huile d’ail (Allium sativum)

À vaporiser

v

v

Carottes, navets, choux et autres végétaux, arbres

Purin ou infusion de tanaisie (Tanacetum vulgare)

À vaporiser

ou
À arroser

Pucerons

 

v

Tomates, oignons, légumes divers

Macération dans l’huile d’ail (Allium sativum)

À vaporiser

v

v

Carottes, navets, choux et autres végétaux, arbres

Purin ou infusion de tanaisie (Tanacetum vulgare)

À vaporiser

ou
À arroser

 

v

Potager, arbustes ornementaux

Macération de piment (Capsicum annuum)

À vaporiser

v

 

Potager, rosiers, arbustes ornementaux

Décoction de rhubarbe (Rheum Rhabarbarum)

À vaporiser

ou
À arroser

v

v

Tous végétaux, arbres fruitiers

Infusion d’ortie (Urtica dioica)

À vaporiser

 

v

Tous végétaux

Purin ou décoction de fougère (Pteridium aquilinum ou Dryopteris filix-mas)

À vaporiser

ou
À arroser

Taupins

 

v

Tous végétaux

Purin ou décoction de fougère (Pteridium aquilinum ou Dryopteris filix-mas)

À vaporiser

ou
À arroser

À vaporiser
= Pulvérisation   /  
À arroser
= Arrosage

 

--- FONGICIDES ---

EFFET RECHERCHÉ

REMÈDE

Maladie

Plante à traiter

Préparation

Emploi

Botrytis ou pourriture grise

Arbres fruitiers, fraisiers, rosiers

Décoction de prêle (Equisetum arvense)

À vaporiser

Fraisier, pêchers, rosiers

Décoction d’ail (Allium sativum)

À vaporiser

Cloque

Fraisier, pêchers, rosiers

Décoction d’ail (Allium sativum)

Arbres fruitiers, fraisiers, rosiers

Décoction de prêle (Equisetum arvense)

Fonte des semis

Fraisier, pêchers, rosiers

Décoction d’ail (Allium sativum)

Oïdum, moniliose…

Arbres fruitiers, rosiers

Décoction d’ortie (Urtica dioica)

Mildiou, rouille…

Arbres fruitiers, fraisiers, rosiers

Décoction de prêle (Equisetum arvense)

Pommes de terre, tomates, rosiers

Décoction de tanaisie (Tanacetum vulgare)

= Pulvérisation   /  

À arroser
= Arrosage

 

--- AMÉLIORANTS ---

EFFET RECHERCHÉ

REMÈDE

Objectif

Plante à traiter

Préparation

Emploi

Renforcer les végétaux

Tous végétaux

 

Purin ou décoction de consoude (Symphytum officinale)


ou

À arroser

Purin d’ortie (Urtica dioica)


ou

À arroser

Favoriser la croissance

Tous végétaux

Purin ou décoction de consoude (Symphytum officinale)


ou

À arroser

Tous végétaux, sols

Purin de pissenlit (Taraxacum officinalis)


ou

À arroser

Améliorer la terre

Tous végétaux, sols

Purin de pissenlit (Taraxacum officinale)


ou

À arroser

Tonifier, dynamiser

Tous végétaux, sols

Purin de prêle (Equisetum arvense)


ou

À arroser

= Pulvérisation   /  

À arroser
= Arrosage

 

Nos recettes pour préparer :

On respecte également quelques principes généraux pour chaque recette :

  • prélever les plantes dans des zones sans pollution ;
  • utiliser des plantes en bonne santé ;
  • tailler les plantes en petits morceaux ;
  • préférer les récipients en verre, plastique ou inox plutôt qu’en aluminium ou en fer ;
  • porter des gants quand on utilise le mélange ;
  • filtrer soigneusement les préparations qui se conservent ;
  • éviter de pulvériser sur les légumes à consommer directement.
     

Lutter contre les mauvaises herbes

On les appelle à tort « mauvaises » herbes. Mais on peut seulement reprocher à ces adventices de pousser là où on ne veut pas d’elles.

Pour stopper leur apparition, le meilleur moyen reste la prévention :

  • Placer un paillage de matières naturelles pour couvrir le sol et empêcher les adventices de pousser.
  • Faire un faux-semis. On laisse pousser les herbes sauvages quelques semaines avant de les arracher. Pour libérer la terre de leurs graines et la laisser libre à la culture des plantes choisies.
  • Installer des plantes couvre-sols pour empêcher les herbes indésirables de se développer. Par exemple le lierre et la pervenche au jardin, le potiron et le sarrasin au potager.

Enlever les mauvaises herbes au fur et à mesure par sarclage
Si la lutte devient inévitable, on privilégie des solutions mécaniques dès que les plantes apparaissent :

  • le sarclage manuel ;
  • le brossage vigoureux avec une brosse à poils durs ;
  • l’ébouillantage à l’eau chaude. On veille à utiliser du liquide non salé si on récupère l’eau de cuisson des légumes par exemple ;
  • le désherbage thermique pour détruire les parties aériennes. Cette solution est efficace mais demande un peu d’investissement de matériel et doit être répétée plusieurs fois sur l’année.

On évite les herbicides écologiques comme les acides gras, l’huile de menthe… Bien sûr, on délaisse les herbicides conventionnels.

> Pour plus de conseils, lire : Comment lutter contre les mauvaises herbes ?
 

Maîtriser les limaces

Capables de transformer en une nuit toutes les jeunes salades en véritable gruyère, les limaces peuvent causer des soucis au jardinier. Mais elles peuvent aussi trouver leur place au jardin sans poser (trop) de problèmes.

On peut mettre en place quelques gestes simples pour prévenir l’invasion :

  • accueillir les crapauds, hérissons, oiseaux… prédateurs des limaces ;
  • garder les plantes en décomposition et le compost loin du potager ;
  • préférer les arrosages bien ciblés au pied des plantes ;
  • éviter le paillage très épais qui attire les limaces ;
  • cultiver des plantes répulsives (moutarde, tagètes…) aux abords des zones à protéger ;         
  • maintenir une structure de sol assez fine.

Un jardin et un potager sans trop de limaces... et sans pesticide
Si les limaces font leur apparition ou que l’on observe des traces de leur passage, on met en place des solutions écologiques comme :

  • des barrières anti-limaces ;
  • des protections pour plantules ;
  • des faux-abris à limaces ;
  • des appâts à la bière ;
  • des molluscicides maison à base de fougères, rhubarbe ou… limaces.

En dernier recours, on peut également utiliser des petits vers prédateurs de limaces ou des granulés à base de phosphate de fer. On évite dans tous les cas les pesticides conventionnels.

> Voir toutes nos astuces naturelles pour lutter contre les limaces
 

Se débarrasser des pucerons naturellement

Les pucerons s’attaquent à de nombreuses plantes au jardin. Sous les feuilles, sur les tiges, on peut se débarrasser de ces petits insectes grâce à leurs prédateurs naturels :

Au jardin, les pucerons ont des alliés de taille : les fourmis. Celles-ci en « élèvent » et protègent leurs colonies pour profiter de leur production sucrée. On peut les tenir éloignées à l’aide de bandes de glue à attacher autour des plantes, des arbres fruitiers au verger...

Un jardin sans trop de pucerons... et sans pesticide
En cas d’invasion, on traite les plantes avec des produits naturels comme :

  • des jets d’eau ;
  • de la cendre de bois ;
  • en dernier recours, une solution à base de savon noir.

> Lire nos conseils et recettes naturelles pour se débarrasser des pucerons.
 

Éloigner les rongeurs

Les campagnols sont les rongeurs qui font le plus de dégâts au jardin. Ils rongent les racines des plantes et des arbres (comme les fruitiers du verger), ce qui les affaiblit beaucoup.

Pour prévenir leurs dégâts :

  • lors de la plantation, on pose un grillage à fines mailles au fond du trou ;
  • on veille à garder le pied des arbres bien dégagé (pas d’herbes hautes ni de paillage tout près des troncs).

Éviter les campagnols sans pesticide
Si les rongeurs sont en place, on les élimine en douceur avec :

  • des pièges à trappe pour attraper les campagnols de façon mécanique ;
  • des déchets d’ail à placer dans les trous de terrier comme répulsif ;
  • du sureau sous forme de rameaux (près des cultures) ou de purin (dans le terrier).

> En savoir plus : Comment lutter contre les rongeurs au jardin
 

Lutter contre les maladies

Des maladies peuvent attaquer les plantes du jardin ou du potager, comme la tavelure, le mildiou, l’oïdium, la rouille, la pourriture grise…

Pour les éviter, on adopte quelques gestes simples de prévention :

  • choisir des plantes adaptées ;
  • espacer les végétaux ;
  • arroser au pied des plantes et fournir la juste dose d’eau ;
  • renforcer les défenses des plantes avec des recettes maison à base d’ortie, de consoude… (voir tableau ci-dessus)

Si les maladies se déclarent, on doit en identifier la cause. On peut :

  • s’adresser à des professionnels : jardineries, associations… ;
  • se munir d’un bon ouvrage de référence ;
  • demander une analyse.

Soigner l'oïdum sans pesticide
Pour traiter, on applique un traitement doux :

  • éliminer les parties atteintes ;
  • désinfecter ses outils à l’alcool ;
  • appliquer des recettes maison à base de tanaisie, prêle, ortie… (voir tableau ci-dessus)

On utilise les produits et préparations à base de cuivre, comme la bouillie bordelaise, en dernier recours uniquement.

> Plus d'infos : Comment prévenir et lutter contre les maladies des plantes (et nos bonnes adresses dans ce domaine).
 

Autres solutions

Quelques autres solutions sont utiles :

  • contre les chenilles et des insectes : des filets à fines mailles pour protéger les cultures sensibles ;
  • contre les oiseaux : des épouvantails pour éloigner les volatiles au moment des semis ;
  • contre des ravageurs : des sachets à fruits pour protéger les pommes et les poires au verger ;

Vivre ensemble

On choisit ses méthodes de prévention et d’action en fonction de ses besoins. On utilise les pesticides en tout dernier recours. Et si on doit en employer, on privilégie des produits écologiques. On peut par exemple se renseigner auprès d’une jardinerie labellisée « sans pesticides ». Sans oublier les précautions d’utilisation avant, pendant et après.

Mais on n’oublie pas que la nature n’appartient pas aux humains. On accepte de vivre avec la faune et la flore. On accepte de « perdre » une ou deux plantes, un carré de salade, quelques fruits… Ils sont un garde-manger très utile à diverses espèces qui contribuent à la biodiversité. Mais on surveille attentivement pour circonscrire les zones et éviter que la situation ne dégénère. La prévention et le maintien d’un certain équilibre sont les façons les plus efficaces de protéger les plantations sans pesticides. 
 

Source et pour en savoir plus

 

Dernière mise à jour
17 avril 2018
Rédigé par
Aurélie Melchior

Nos projets en cours