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Abonnez-vous ici >L’élevage en Belgique pourrait produire jusqu’à 58% de gaz à effet de serre en moins en 2050, d’après une étude de Greenpeace.
Élever des animaux pour les manger a un impact sur le climat. Mais quel est-il réellement ? Beaucoup de chiffres s’affrontent. Mais la Belgique peut réduire l’impact de l’élevage sur le climat de 58%, d’après Greenpeace qui a analysé le contexte de l’élevage belge.[1]
L’étude établit 3 scénarios d’évolution à l’horizon 2050 en fonction de leur impact climatique (la production de gaz à effet de serre) [2] :
Ce scénario estime l’impact climatique de l’élevage en suivant les tendances actuelles :
> Résultat : en 2050, l’impact climatique de l’élevage belge sera réduit de 13%, essentiellement grâce à une intensification de l’élevage.[4]
> Résultat : l’impact climat est réduit de 48%.
> Résultat : les émissions de gaz à effet de serre sont réduites de 58%.
Oui et non. Tout d’abord, c’est une étude qui concerne l’impact climatique de l’agriculture. Elle n’a pas abordé tous les changements qu’une modification de notre manière de faire pourrait induire (mais aucune étude ne le fait). [7]
Elle ne dit pas non plus comment arriver aux scénarios alternatifs. [8]
De plus, un changement de notre modèle agricole n’est pas si simple : accords européens, internationaux, investissements consentis par les agriculteurs sont quelques exemples des freins potentiels au changement. [9]
Ce que cette étude nous dit, par contre, c’est qu’on peut à la fois être autosuffisants en viande locale, manger des quantités de viande plus saines (pour rappel, on en mange encore trop), avoir moins d’impact sur le climat et manger bio.
Ce qui n’est pas rien ! Après, bien malin qui pourra dire vers quoi évaluera notre agriculture. Ce qui est sûr, c’est que le modèle actuel est à bout de souffle, et qu’on a tout intérêt à travailler ensemble à un autre modèle.
L’étude a analysé 3 points :
La production belge de viande est telle que le pays est auto-suffisant à 209%. Autrement dit, non seulement on couvre la consommation (actuelle) de viande de toute la Belgique, mais en plus, on exporte, par an, plus de viande que ce que l’on mange.
Comme le surplus est exporté, nos exportations de viande ont forcément un impact énorme. [11]
[1] Cette étude a été financée par Greenpeace et mise en œuvre par l’UCL et pose différentes questions, notamment : Comment fonctionne l’élevage en Belgique ? Quels sont les animaux concernés ? Quel type de production a-t-on mis en place ? Quelles sont les races d’animaux que l’on élève ? Rien que ça, c’est déjà très instructif. Au Nord du pays l’élevage est industriel, au Sud, beaucoup plus extensif et lié à la terre. À ce titre l’élevage wallon est déjà plus proche des scénarios de Greenpeace que l’élevage flamand.
[2] D’autres impacts auraient pu être analysés (acidification des sols, impacts socio-économiques sur les pays vers lesquels on exporte etc.
[3] Une très grosse part de l’impact climatique de l’agriculture intensive vient du fait que l’on doit faire pousser des végétaux (des céréales) pour nourrir les animaux. Ces végétaux, au lieu de nourrir des animaux, pourraient servir à nous nourrir nous. Bien sûr on mange l’animal après, mais on nourrit plus de monde en mangeant directement les végétaux qu’en nourrissant des animaux qu’on mange après. 54% de l’impact climatique de l’élevage vient de cette production d’aliments.
[4] L’élevage intensif a plus d’impact sur le climat que l’élevage extensif (en prairies par exemple, avec des vaches nourries avec l’herbe de la prairie). On pourrait penser que c’est paradoxal. En réalité, le rendement d’un élevage intensif est tel qu’il est plus efficace qu’un élevage plus « naturel ».
[5] Par personne et par jour. La conso actuelle de 87g a été estimée par l’étude Greenpeace (porc+bœuf+volaille). Les chiffres de l’ISSP mentionnent 115g de viande consommée par jour (mais reprend plus de types de viandes). La Fondation contre le cancer conseille 57g.
[6] Le bétail est nourri uniquement sur prairies (par ex. la vache mange l’herbe et rien d’autre) et/ou avec des coproduits alimentaires qui viennent de l’industrie agroalimentaire et qui ne sont pas destinés à l’alimentation humaine.
[7] Autrement dit, cette étude n’a pas estimé, par ex., ce que deviendrait toute l’industrie liée à l’exportation. Or, dans les deux scénarios ces exportations n’existent plus. Mais aucune étude ne peut estimer les réactions en chaîne sur tout un système de fonctionnement.
[8] L’étude analyse des scénarios, mais ne prend pas position. Par contre Greenpeace, dans sa campagne, propose 8 mesures que l’Europe pourrait prendre pour y parvenir.
[9] L’agriculture s’est aussi spécialisée. Là où avant on élevait des races de bovins qui faisaient à la fois du lait et de la viande, on utilise maintenant des races qui soit produisent du lait (et beaucoup de lait), soit qui produisent de la viande (et beaucoup de viande – le Blanc Bleu Belge pour ne pas le citer). Revenir à des races dites « mixtes » comme celles préconisées par l’étude n’est pas le plus petit des changements.
[10] Les vaches qui pètent du méthane, qui est un gaz à effet de serre beaucoup plus « fort » encore que le CO2.