La transition écologique et solidaire apporte plus de résilience aux villes et villages. Ainsi que de la convivialité, du bien-être et d'autres avantages.
Petit exercice d’imagination : on est en 2030 et on a réussi à faire une transition écologique et solidaire dans le monde. Ce monde résilient, il est beau. Plus encore que ce que l’on avait imaginé. Bien sûr, il reste des challenges mais tout est sur la bonne voie.
Et si vouloir ce monde-là était une motivation suffisante pour agir ? Bonne nouvelle : beaucoup d’initiatives de transition prouvent déjà que la résilience[1] fait rimer réponse aux besoins avec plaisir.
Une transition écologique et solidaire est indispensable. Dans nos quartiers, nos villages, nos villes, nos pays. Et si tous les bénéfices de la transition justifiaient largement les "moins" associés à la décroissance ?
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Mais même s’il n’y avait pas les conséquences du réchauffement climatique et les menaces d’effondrement, même si la transition n’était pas nécessaire, elle serait quand même vraiment souhaitable. Et cela pour bien des raisons. En voici quatre.
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➡️ Répondre aux défis environnementaux et climatiques est la première raison d’être de la transition. Elle naît avec la vision du pic du pétrole (et de la fin des énergies bon marché), des changements climatiques et des limites de la croissance. Le « Manuel de la Transition », écrit par Rob Hopkins, est d’ailleurs sous-titré « de la dépendance au pétrole à la résilience locale ».
Le mouvement de la transition soutient les citoyens pour les aider à relever les grands défis d’une société plus durable et solidaire, en commençant au niveau local. Plutôt que de favoriser les petits gestes écologiques individuels, la transition encourage les citoyens et autres acteurs à proposer et mettre en œuvre des solutions positives collectives, qui visent le système dans son ensemble.
Le concept a donné naissance à des « initiatives de transition » à l’échelle de rues, quartiers, villages, villes. Ensemble, ces initiatives forment le mouvement de la Transition. Il existerait aujourd’hui plus de 4000 initiatives en transition dans plus de 51 pays, dont la Belgique.[4]
Ces initiatives visent ainsi à assurer la résilience locale, c’est-à-dire, la capacité à s’adapter face aux crises.
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➡️ Les initiatives en transition s’appuient sur une vision positive d’un avenir que l’on choisit au lieu de le subir. Elles ne se battent pas contre des choses. Au contraire, elles imaginent et expérimentent dans l’action des solutions innovantes, locales, positives, inclusives et ouvertes pour faire face aux enjeux environnementaux. C’est l’idée que l’action locale peut changer le monde. Ainsi, au lieu de se révolter contre l’agro-industrie, on construit des alternatives concrètes sur son territoire, avec les producteurs locaux et les citoyens.
La transition répond ainsi au besoin fondamental de poser des actes en adéquation avec ses valeurs pour leur donner du sens. Les initiatives de transition permettent de (re)retrouver un pouvoir d’action, que l’on éprouve difficilement quand on agit seul en pensant aux défis mondiaux. Mais que l’on ressent vivement lorsque l’on participe à une action collective qui contribue de façon concrète à rendre le lieu où l’on vit plus durable et moins dépendant, par exemple en matière d’énergie ou d’alimentation.[7]
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➡️ La transition promeut une économie qui résiste mieux aux crises. Moins dépendante du pétrole, elle est aussi plus adaptée à une société de l’après-croissance.
Cela passe par :
Cela n’empêche pas les échanges et l’interdépendance des sociétés. On ne cherche pas à créer des communautés repliées sur elles-même. Le monde globalisé a ses intérêts. Mais pour une meilleure résilience, il faut remettre « la propriété des ressources et du capital entre les mains de la communauté afin de lui donner une plus grande maîtrise de son avenir ».[8]
C’est par exemple ce que permettent les monnaies locales. Elles évitent la fuite des richesses et dynamisent les échanges économiques locaux. Par exemple, si l’on paie son pain avec une monnaie locale, cet argent n'étant valable nulle part ailleurs, on incite la boulangerie à se fournir en matières premières locales (farine par exemple) mais aussi à passer par un imprimeur local pour ses menus de fêtes, un menuisier du coin pour les aménagements de l’atelier…
Les bienfaits collectifs de la transition rejoignent ici les intérêts économiques personnels, que ce soit par les opportunités d’emploi d’une économie locale dynamique ou par l’accès à des échanges non-monétaires.
La transition encourage des initiatives et comportements écologiques qui impactent positivement le portefeuille des participants : le partage de biens ou de services, la prolongation de la durée de vie des appareils ou encore la lutte contre le gaspillage énergétique, le gaspillage alimentaire ou l’obsolescence programmée. Cela pourrait se résumer à « less is more ».
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➡️ Les initiatives citoyennes de transition créent de la convivialité. Elles recréent parfois même des liens sociaux perdus. Les méthodes de travail des initiatives en transition prévoient de réunir des citoyens de tous horizons, de constituer un groupe qui va choisir lui-même son action, soigner son fonctionnement et célébrer ses résultats.[11] Bien des citoyens engagés y trouvent du sens et de nouvelles relations sociales.
La transition se veut solidaire et inclusive. Mais dans la réalité, elle peine parfois à atteindre des personnes en marge de la société. Heureusement, divers exemples montrent qu’une transition écologique se combine fort bien à une transition solidaire. Elles doivent d’ailleurs aller de pair à une échelle plus large.
Au-delà de ça, chaque projet est une occasion de sortir de l’isolement, particulièrement pour les personnes qui ne travaillent pas. Certaines initiatives se sont aussi groupées autour d’un projet d’habitat collectif résilient.
Enfin, si la consommation est bien souvent un acte individuel, l’éco-consommation peut s’apprendre collectivement, par des formations, des ateliers, ou encore des défis à se lancer. Et pourquoi pas au sein d’une initiative en transition !
Comme on peut le voir, on ne part pas de rien. Beaucoup de choses sont déjà en marche.
[1] La résilience est « la capacité d'un système à absorber un changement et à se réorganiser en intégrant ce changement, tout en conservant essentiellement la même fonction, la même structure, la même identité et les mêmes capacités de rétroaction ». Source : « Resilience, Adaptability and Transformability in Social-ecological Systems », publié dans « Ecology and Society” en 2004.
[2] Voir en détails : Mairie d’Ungersheim.
[3] Voir détails sur le site de REScoop.
[4] Voir le site du Réseau Transition en Belgique.
[7] Comme l’illustre ce témoignage d’un membre de « Coín en Transición » : « Une fois que se produisent des choses concrètes que les gens peuvent voir et toucher, quelque chose change dans les têtes. On sent que quelque chose se passe, que la réalité est en train de changer." Extrait de « Ils changent le monde. 1001 initiatives de transition écologique », Rob Hopkins, 2014.
[7b] Plus d'infos sur le site de la Zinne.
[8] Rob Hopkins dans « Ils changent le monde ».
[9] Plus d’infos sur cette enquête via le Réseau Transition.
[11] Le Réseau Transition belge et le réseau international “Transition Network” proposent « Le Guide Essentiel de la Transition », disponible en ligne.