Une capsule de cosmétiques, what else ?

Une machine à dosette pour faire ses cosmétiques... et des déchets !
Une machine à dosette pour faire ses cosmétiques... et des déchets !

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Vous pensiez la folie des capsules jetables passée, effacée par la tendance zéro déchet ? Au contraire, le concept s'étend avec la machine à cosmétiques...

George [1] a fait des émules. Tout le monde maintenant veut nous vendre des capsules. On pense même retourner sur la lune, c’est dire si la capsule est à la mode.

Après le café, la douche et ses capsules parfumées, le pain en capsules, les dosettes pour machines à vin ou encore le biberon en capsule, voici la machine qui fait des cosmétiques-minute. À grand renfort de capsules jetables, donc.

Le principe est le même que pour toutes les machines à capsules : nous faciliter la vie (c’est vrai qu’ouvrir un pot de crème hydratante, on sait jamais, on peut se faire vraiment mal), nous offrir un produit unique (et nous flatter) et, surtout, nous vendre une machine (une de plus) qui n’a qu’une seule fonction. Avec le secret espoir de nous garder comme client, captif dans un système fermé où la machine n’est rien sans sa capsule (et vice-versa).

Ici, point de café (on croule déjà sous les modèles de dosettes incompatibles entre elles, pas la peine d’en rajouter). On fabrique des cosmétiques.

Puisque nous sommes toutes et tous différent.e.s et que chaque jour l’est aussi, la machine promet de pondre un soin adapté à chaque personne à chaque moment. Sur base d’une crème… unique, à laquelle on ajoute un « ingrédient actif » vendu dans une capsule.

L’argumentaire envoie du lourd : À l’aide d’un système rotatif à 360°, d’un système d’aspiration airless et d’un mélangeur adaptatif, le FPS (le Fresh Percussion System aux 28 brevets) créée chez vous, en une minute, un soin efficace, fraîchement formulé et sur-mesure. J’ai un peu raccourci mais je n’invente aucun terme. En résumé le bazar mélange les épices avec la crème de base. Histoire d’enfoncer le clou, ils insistent sur le sérieux de la chose : « nos sciences sont la fluidique et la mécatronique ». C’est une jolie façon de dire que c’est une machine qui joue avec des fluides.

La couche marketing ne s’arrête pas là (je vous passe les slogans en anglais) et va jusqu’à inventer de magnifiques petits noms pour les capsules comme « Bactérie des Glaciers de l'Antarctique », « Tétrapeptide 22 » ou encore le très beau « Plancton du Sahel ». Je suis déçu. À ce stade, je n’ai même plus besoin de tourner la chose au ridicule, les intitulés font déjà tout le travail.

Mais tout de même, vous saviez, vous, que ça existait le plancton du Sahel ? Le plancton du Sahel, il pensait légitimement être tranquille. Il était là, à la fraîche, bien planqué dans son désert, pensant qu’on ne viendrait jamais le chercher là-bas. Qui irait chercher du plancton, un être vivant légèrement marin quand même, dans un désert ? Et bien la machine à capsules à cosmétiques mécatronique fluidique a été le chercher.

Même le plancton du désert n’a pas la paix.

Si à la lecture de la composition INCI (la liste des ingrédients), on n’a pas trouvé de problème particulier, ni pour la crème de base, ni pour les capsules, c’est plus le concept lui-même qui pose question. Est-ce que ça vaut vraiment la peine d’ajouter une énième machine à notre arsenal domestique déjà bien fourni ? Encore du plastique, des moteurs, de l’électronique, des modules Bluetooth (parce que le machin est connecté évidemment), des capsules en alu, un sachet, une boîte ? Tout ça pour faire un cosmétique à l’Algue Rouge Palmaria le mercredi et un autre au Pistachier des Iles Grecques le vendredi ?

Le tout à 299 € la machine. Auxquels il faut ajouter mensuellement 29 ou 39€ de capsules pour fabriquer 36 à 42 ml de produit environ.[2] Quand on sait qu’une crème maison – que l’on peut donc aussi complètement personnaliser - revient à +/- 5€ les 50 ml[3], on se dit que l’intérêt n’est pas financier… enfin, pas pour nous.

Comme dirait Clint, il y a deux façons de voir l’avenir. Il y celle où l’on réinvente notre manière de consommer parce qu’on a pris conscience des enjeux environnementaux pour construire un monde meilleur et celle où on creuse.[4]

Visiblement, nous, on creuse.

> Psst, jetez plutôt un oeil à nos conseils pour choisir des produits cosmétiques sains et écologiques.

 

[1] Clooney, of course. Qui d’autre ? ®

[2] Pour 30 ou 60 doses de cosmétiques, soit +/- 36 et 42 ml de produits.

[3] À la grosse louche. Difficile d’établir un prix moyen tant les crèmes de base et les ingrédients actifs que l’on peut mélanger dans un produit « maison » sont variables.

[4] Pardonnez-moi ce manichéisme facile, mais j’avais trop envie de citer Clint Eastwood.

 

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