Définition, intérêt, labels, produits, commerce équitable du nord… Voici 7 questions pour mieux comprendre le commerce équitable, l'identifier et le soutenir.
Pas toujours évident de cerner le commerce équitable ? Pourtant, il bénéficie aujourd'hui d'une définition, d'une charte listant ses principes de base et d'une série de labels. Alors, comment le reconnaître, où le trouver et comment le soutenir ? On s'intéresse au sujet dans tous ses aspects.
Sommaire :
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Les Belges achètent davantage de produits issus du commerce équitable mais le connaissent moins bien qu'avant, révèle le Baromètre 2022 du commerce équitable[1a]. Voici l'occasion d'en asavoir plus, à travers 7 questions sur le commerce équitable.
Le commerce équitable vise à offrir une rémunération juste aux producteurs, c’est-à-dire qui couvre les coûts de production (matières premières, énergie, etc.) et leur permet de recevoir un salaire décent (de quoi se loger, nourrir leur famille, accéder aux soins de santé, envoyer leurs enfants à l’école, épargner…).
Les règles du jeu du commerce mondial ne ménagent guère les paysans et les artisans. Les multinationales du café, du sucre, du cacao ou du textile déterminent les prix, les quantités et le moment de l'achat. Résultat : les petits producteurs sont obligés de vendre à des prix imprévisibles et trop bas pour couvrir même les coûts de production. Ils sont alors nombreux à n’avoir d’autre choix que d’abandonner leurs terres, parfois pour se faire engager par les grandes entreprises qui récupèrent leurs plantations. Un comble ! Ils se retrouvent à y travailler dans des conditions parfois proches de l'esclavage ou se voient contraints d'émigrer vers la ville.
Dans les années 1950, des associations de citoyens se disent qu’au lieu d'aider une communauté en difficulté en envoyant de l’argent ou des vivres, ce serait une bonne idée d’acheter à un prix juste ce que cette communauté peut produire : aliments, vêtements, artisanat… Il se créerait ainsi une relation commerciale où chacun serait gagnant dans la durée. Après des premières initiatives, un commerce plus structuré prend vraiment forme dans les années 60.
Les principales fédérations internationales du commerce équitable[1] se sont depuis entendues sur la définition suivante : « Le commerce équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au sud de la planète. Les organisations de commerce équitable (soutenues par les consommateurs) s’engagent activement à soutenir les producteurs et s’emploient à faire de la sensibilisation et du plaidoyer pour faire changer les règles et les pratiques du commerce international conventionnel.»
C’est la définition généralement reconnue et acceptée. À noter : la France a été un pas plus loin et s’est dotée dès 2005 d’une loi qui définit le commerce équitable (définition qui a depuis évolué pour répondre aux enjeux actuels[2]).
Quand on achète des produits du commerce équitable, on participe à offrir aux producteurs un salaire décent et on soutient une production à échelle humaine, principalement dans de petites et moyennes exploitations, avec des conditions de travail dignes.
Le commerce équitable est aussi plus écologique car la démarche intègre le respect de l'environnement (réduction des pesticides, non-usage d’OGM, production peu mécanisée, amélioration de l'accès et du partage de ressources comme l'eau…).
Le commerce équitable crée aussi une relation sur la durée entre acheteurs et producteurs, notamment avec un engagement des acheteurs sur le long terme. Au prix juste peuvent s’ajouter un préfinancement des activités et une prime de développement. Tout cela permet au producteur de s’inscrire dans une vision à long terme et d’investir pour moderniser et améliorer son exploitation. Par exemple pour évoluer vers une économie circulaire, respectueuse de l’environnement et adaptée aux défis climatiques. Beaucoup de producteurs du commerce équitable produisent d’ailleurs dans une optique d’agroécologie[3].
Des représentant.e.s d'entreprises équitables de 12 pays du sud s’expriment sur les changements climatiques : comment ils sont affectés et de quelle façon un commerce équitable et durable peut contribuer à répondre aux enjeux de justice climatique.
On comprend assez vite l’intérêt d’acheter équitable quand on parcourt la charte qui définit les 10 principes de base du commerce équitable[4] :
> Voir aussi : 6 bonnes raisons d'acheter des produits du commerce équitable
Le chocolat, les bananes et le café équitables sont les produits équitables les plus achetés par les Belges[5].
À côté de ces grands classiques, il existe une multitude de produits alimentaires : sucre, thé, miel, noix, céréales, vin… On peut aussi acheter des produits transformés comme des biscuits, de la glace ou des barres chocolatés.
Équitable, local, bio… Ça fait beaucoup de critères pas toujours compatibles. On choisit quoi ? Un peu de tout, en cochant un maximum de cases dès c’est possible ! On choisit de l’équitable pour tous les produits qui ne sont pas cultivés en Belgique (ainsi que pour les produits transformés qui utilisent des ingrédients « exotiques »). Certains produits peuvent se faire concurrence. C’est le cas du miel, sauf que la production européenne n’est pas suffisante pour couvrir la demande. On peut donc opter pour un bon miel bio local ou un miel savoureux issu du commerce équitable.
> Lire aussi : Comment manger durable et choisir entre bio, local et équitable ?
On commence aussi à trouver des produits locaux qui sont aussi équitables et bio. Plus d’infos ci-dessous.
À côté de l’alimentation, on trouve aussi des textiles et vêtements équitables, ainsi que de l’artisanat (bijoux, sacs, vaisselle, déco, agendas…).
On le sait moins mais il est aussi possible d’acheter des cosmétiques, des fleurs, des jouets, des ballons de foot et même de l’or équitable du Pérou.
Enfin, la France propose même un label pour du tourisme équitable (ATES).
On peut se procurer des produits équitables dans la plupart des grandes enseignes et dans les Magasins du monde Oxfam. Certains petits commerces se sont aussi spécialisés en la matière.
Source : oxfammagasinsdumonde.be
Pendant longtemps le commerce équitable a concerné uniquement les productions du sud consommée dans le nord. Aujourd’hui la notion de commerce équitable s’est élargie.
On constate que nos agriculteurs et producteurs locaux sont aussi sous pression. En 40 ans, la Belgique a perdu 68 % de ses fermes[6]. Dans la même période, la superficie moyenne par exploitation a presque triplé. Les petites fermes disparaissent et les terres se concentrent entre les mains de grandes exploitations, aux pratiques agricoles souvent intensives et peu respectueuses de l’environnement.
Au nord comme au sud, les producteurs sont confrontés à certains problèmes communs : prix trop bas et volatiles, impossibilité de vivre décemment de leur travail, enjeux de santé et d’environnement…
En faisant ses courses, on peut s’assurer de soutenir les petits producteurs locaux et de leur offrir aussi une rémunération correcte. Des labels et initiatives en ce sens ont d’ailleurs vu le jour ces dernières années.
> Lire aussi : Comment acheter des produits locaux équitables chez nous ?
Même Oxfam-Magasins du monde, historiquement caractérisé par des relations de partenariat équitable sud/nord, s’ouvre à de nouveaux partenariats au nord. Ils ont défini une charte « Paysans du Nord » qui s’applique aux produits européens que l’organisation souhaite commercialiser au sein de ses magasins en Wallonie et à Bruxelles.
En France, une charte du commerce équitable « origine France » a été développée.
En tant que consommateur, le plus simple pour identifier un produit issu du commerce équitable est de se fier à la présence d’un label fiable. Voici ceux que l’on trouve couramment en Belgique :
Prix Juste Producteur et Biogarantie Belgium sont un peu particuliers puisqu’ils concernent uniquement des producteurs belges.
On peut trouver tous ces labels sur des produits alimentaires.
> Voir les spécificités de chaque label équitable pour les produits alimentaires.
Certains labellisent aussi des vêtements et textiles, des cosmétiques ou encore des fleurs.
Avec le développement du commerce équitable, de nombreuses questions émergent et les labels ne sont pas tous d’accord sur la réponse à y apporter. Par exemple, certains sont ouverts à labelliser des grandes plantations (pour mieux protéger les salariés) alors que d’autres n’acceptent que des petits producteurs, certains exigent aussi une labellisation bio, d’autres intègrent le commerce équitable du nord, etc. Autant de visions différentes qui se reflètent dans les cahiers des charges des labels. Même si cette variété est synonyme de richesse, elle complique le choix du consommateur.
Ceci dit, ces labels partagent tous un socle d’engagements économiques, sociaux, environnementaux et de gouvernance, qui sont inscrits dans leurs cahiers des charges respectifs.
Ce n’est pas le cas pour tous les labels et sigles présents sur l’emballage, qui peuvent donner l’impression d’un commerce équitable. On se méfie d’UTZ et de Rainforest Alliance (aux critères insuffisants), ainsi que des faux labels de marques (qui développent leurs propres programmes internes sans transparence ni contrôle).
Qui dit label, dit contrôle. La grande majorité des labels de commerce équitable fait contrôler le respect du cahier des charges par une tierce partie, dans un objectif d’impartialité[7]. Un organisme de certification ou des auditeurs indépendants évaluent donc les différents acteurs de la chaîne.
Par exemple, le label Fairtrade est contrôlé par FLO-CERT et Fair for life par Ecocert. La fréquence du contrôle dépend de chaque label mais c’est souvent une fois par an ou tous les 2 ans, avec parfois des contrôles surprise.
Bien sûr, il est possible de produire et d’acheter en respectant les principes du commerce équitable mais sans passer par un label. Par exemple parce que la labellisation coûte trop cher ou représente une trop de charge administrative, parce qu’il n’existe pas encore de référentiel pour un type de produits, etc.
Dans ce cas, comment le consommateur peut-il juger ? Tout se joue dans la relation avec le producteur ou le vendeur, dans les informations fournies ou les réponses faites aux questions qu’on pose, la confiance qu’on y accorde… On peut aussi consulter les listes d’acteurs disponibles sur les sites de fédérations ou d’initiatives reconnues, comme la Belgian Fair Trade Federation (pour le commerce équitable en général) ou la Fair Wear Foundation (pour les vêtements).
Au travail, à l’école, à l’université, dans sa commune, lors d’évènements, on opte aussi pour des produits du commerce équitable. Que ce soit pour un café équitable pour le bureau, des vêtements de travail, des sacs en coton avec son logo…
On peut aussi mener des actions de sensibilisation envers ses collaborateurs, ses élèves, sa population afin de faire progresser la connaissance du commerce équitable. Il est possible d’utiliser des outils pédagogiques, d’organiser un petit-déjeuner Oxfam ou d’autres évènements ou encore de s’engager dans une démarche plus globale pour obtenir de titre de Commune du commerce équitable ou de Fair Trade School.
> Voir aussi : Le commerce équitable : aussi au bureau et à l’école !
On n'hésite pas aussi à participer aux activités proposées par la Semaine du commerce équitable chaque année début octobre.
Pour terminer, voici un bon résumé des enjeux et intérêts du commerce équitable, réalisé par Oxfam :
[1a] Baromètre 2022 du commerce équitable. Et communiqué de presse à l'occasion de l'édition 2022 de la Semaine du Commerce Équitable.
[1] Regroupées au sein de FINE, un réseau informel des quatre principales fédérations internationales du commerce équitable, soit Fairtrade Labelling Organizations (FLO), l’Organisation mondiale du commerce équitable (OMCE), Network of European Worldshops (NEWS) et European Fair Trade Association (EFTA). Définition établie en 2001.
[2] Plus d’infos sur le site de Commerce équitable France.
[3] L’agroécologie recouvre un ensemble de principes de production qui visent à utiliser le plus efficacement possible les ressources naturelles disponibles localement, tout en optimisant les services et fonctions de l’environnement et de la biodiversité. C’est aussi un mouvement social et politique qui défend la souveraineté alimentaire et les droits des paysannes et paysans. C’est enfin une discipline scientifique transdisciplinaire qui promeut des principes de production écologique en mêlant savoirs ancestraux et technologies modernes dans le respect des écosystèmes. Source : Stassart, P.M., et al. (2012), « L’agroécologie : trajectoire et potentiel – Pour une transition vers des systèmes alimentaires durables », dans Agroécologie entre pratiques et sciences sociales aux éditions Educagri, cité par le CNCD.
[4] Établie par les principales organisation actives dans le commerce équitable en 2018. Voir la Charte complète.
[5] D’après le Baromètre du commerce équitable, TDC, 2020.
[7] D’après l’évaluation faite par le Guide international des labels du commerce équitable.