Aller nulle part ? Oui, mais en avion !

vols pour nulle part
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Si vous êtes en mal de vacances, prenez donc l'avion ! Pour aller où ? Nulle part. Mais l'important ce n'est pas la destination, c'est le chemin. Non ?

Avec cette pandémie, c’est peu de dire que le secteur aérien a été fortement touché. Comme les vols pour aller quelque part ont été annulés, dans un éclair de génie d’une logique imparable, plusieurs compagnies ont inventé le vol pour nulle part.[1]

Mais bon sang mais c’est bien sûr ! Tant pis si c’est la quintessence de l’inutile. Puisqu’on ne peut pas aller quelque part, pourquoi ne pas aller nulle part ?

Fortes de cette brillante idée, plusieurs compagnies aériennes ont donc organisé cet été et cet automne des vols qui vont du point A… au point A.

Le but ? Faire des ronds. Pas des jolis ronds dans l’eau à peine effleurée par un petit galet amoureusement jeté avec grâce et subtilité à sa surface. Non non, on parle ici de faire péter le CO2 à grands coups de kérosène pour faire bouger des centaines de milliers de tonnes de ferraille pendant plus de 8h heures (oui oui, 8h30 !) pour amener 150 happy fews (485 à 2400 € la place, quand même [2]) pour aller voir quelques jolis paysages.

Parmi les quelques vols pour nulle part proposés récemment, on a particulièrement aimé la proposition de la compagnie Qantas.[3] Le point d’orgue de leur vol consacré aux paysages australiens était le survol de la Grande Barrière de Corail. Grande Barrière qu’il est urgent d’admirer du ciel vu qu’elle est sérieusement menacée par l'acidification des océans. Et l’acidification des océans est provoquée par quoi ? Par l'excès de CO2. CO2 produit entre autres par... les avions.

Tant qu’à faire un truc inutile, autant le faire avec cynisme. Le pire c’est que les places ont été vendues en 10 minutes. C’est sûr, il y a de l’argent dans ce monde.

Alors c’est vrai qu’on pourrait nous rétorquer que ces vols sont neutres en carbone (même si bon, la compensation, hein). Et que vu le peu de vols opérés en 2020 par rapport aux autres années, ce n’est pas un petit tour en rond qui va changer quoi que ce soit.

Un vol certainement pas.

Mais visiblement ce succès a donné d’autres idées à Qantas, qui organise maintenant des vols depuis six villes australiennes vers l’Antarctique. Premier départ le 31 décembre. Et plusieurs dates sont déjà sold-out.

Ils jouent évidemment sur le côté exceptionnel de la chose « Once in a lifetime ». Et puis, quand tout sera fondu, on organisera des voyages dans l’espace ? Et quand on aura pourri l’espace, on fera quoi ?

Regarder Ice Age 2 « the meltdown » en se disant qu’on n’aurait peut-être pas dû ? (ou les documentaires de David Attenborough[4], dans un tout autre style).

Jusqu’ici, tout va bien.[5]

Jusqu’ici, tout va bien…

 

[1] « Coronavirus : pour les nostalgiques de l’avion, certaines compagnies proposent des vols… pour aller nulle part ». RTBF.

[2] 787 à 3787 dollars australiens.

[3] « What happened on the Qantas flight to nowhere ». CNN.

[4] Dont le dernier documentaire, « Extinction, The Facts » est beaucoup plus sombre que les précédents, qui magnifiaient plutôt la beauté de la nature.

[5] La haine (1995). « L’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage. » Curieusement, ou pas, la scène d’intro représente la Terre.

 

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