Après le Paris-Dakar, voici le Bruxelles-Mons

Un SUV de 2 tonnes avec un bel avantage fiscal !
Un SUV de 2 tonnes avec un bel avantage fiscal !

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Voici un nouveau modèle de SUV « construit pour les routes belges » qui sont trop pourries par les nids-de-poule.

Ceci n’est pas un poisson d’avril en retard. Certes, personne n’a encore eu l’idée de délocaliser le Paris-Dakar d’Amérique du Sud vers la Belgique (sisi, cette phrase a un sens, je vous assure !). Mais un constructeur automobile nous vante pour le moment son nouveau modèle de SUV « construit pour les routes belges ».

Mais qu’est-ce qu’une voiture « construite pour les routes belges » ?

Moi, tout de suite, j’imagine une voiture avec distributeur automatique de chocolat. Ou dont le GPS parlerait une fois sur deux en français, une fois sur deux en néerlandais (et avec un mode d’emploi en allemand). Voire une voiture autonome dont chaque décision devrait être avalisée par six parlements à la majorité des deux tiers (au moins ça favoriserait le vélo).

Un bon gros SUV pour circuler en Belgique

Rien de tout ça. La réalité est moins poétique. Avec de beaux nids-de-poule sur la publicité, le constructeur ne cache pas son message : les routes sont tellement pourries en Belgique qu’il faut un bon gros SUV pour y circuler. C’est à se demander comment font les millions d’autres personnes qui n’en ont pas.

Bon, passons sur un paradoxe évident : plus un véhicule est lourd, plus il contribue à détériorer la route. Alors, certes, ce SUV n’est pas un camion mais il fait quand même près de deux tonnes. Alors qu’une petite citadine tourne plutôt autour de la tonne. Avec cette escalade, je me demande : faudra-t-il un char d’assaut dans 10 ans ?

Passons aussi sur l’encombrement du machin. Pas sûr, pour le coup, qu’il soit très adapté aux routes belges et surtout, au stationnement.

Mais ce qui pique surtout les yeux, c’est le fait que ce mastodonte soit 100% déductible fiscalement.[1] (c’est d’ailleurs l’autre argument de vente, en plus des routes).

En effet, officiellement, notre baleine à roues ne consomme que 2 litres aux 100 km. Même un cycliste extrémiste sait que 2l/100 c’est très peu pour une voiture. Ça n’existe pas sur le marché, en fait.[2] Du coup, deux litres aux cent, ça fait 46g de CO2 tous les kilomètres, soit moins que les 50g obligatoires pour bénéficier du cadeau fiscal.

Un hybride rechargeable, la solution ?

Comment y parvient-il ? Simple : notre SUV du jour est un hybride rechargeable. Il est donc non seulement muni d’un moteur à essence, mais aussi de moteurs électriques alimentés par une batterie, elle-même à recharger sur le secteur (chez vous, avec une borne…).

Le cycle de consommation normalisé étant ce qu’il est (c’est-à-dire pas représentatif de la réalité, même le tout nouveau qui s’applique en 2019), notre bestiau, aidé de sa batterie, ne consomme donc que deux litres d’essence officiellement.

Par contre, quand des journalistes automobiles le testent, ils arrivent à une conso réelle de 8 litres en conduisant de manière économe. Comptez plutôt 10 litres en conduite normale.[3]

Soit, sans rire, 4 à 5 fois plus que le cycle normalisé.

La seule façon de diminuer ce chiffre, c’est de rouler tout le temps sur l’électrique. On a alors… un SUV électrique qu’il faut recharger tous les 40 kilomètres.

Pratique.

Et les routes dans tout ça ? Est-ce que les routes belges sont magnifiques ? Certes non. Nombreuses, oui. En bon état ? Ça dépend.

Mais de là à rouler avec un char d’assaut de 2 tonnes, il y a de la marge.

Des options moins polluantes

D’autant que les alternatives existent : un biesse break propose autant de coffre pour bien moins cher. Plusieurs constructeurs proposent également des voitures avec 4 roues motrices qui ne sont pas des éléphants sur pneus.

Toutes ces options émettent moins de CO2 par kilomètre que notre SUV du jour lors de tests en conditions réelles. [4]

Mais elles ne sont pas 100% déductibles.

C’est ça en fait le côté belge.

C’est le surréalisme.
 

> Pour en savoir plus :

 

[1] Pour les entreprises et les indépendants.

[2] Les voitures qui consomment le moins brûlent +/- 3,5 litres de carburant aux 100 km.

[3] Moniteur Automobile, septembre 2018.

[4] Divers breaks, hybrides ou non, 4x4 ou non. Hybride, break et 4x4 : ça existe, mais on reste dans la grosse machine « premium ».

 

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