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Produire de l’électricité avec des panneaux solaires reste très intéressant, même sans primes et sans certificats verts.
Prix, tarif prosumer, absence de primes et de certificats verts en Wallonie, fin de la compensation à Bruxelles et en Flandre, est-ce encore rentable d’installer des panneaux photovoltaïques en Belgique ?
Pour les particuliers, le photovoltaïque est la manière la plus efficace de produire de l’électricité verte, contrairement aux éoliennes domestiques. Le coût d’installation des panneaux photovoltaïques a baissé de manière spectaculaire, au point qu’une installation est rentable sans subsides, pour autant qu'elle soit correctement orientée.
L’intérêt financier se marie bien ici avec l’intérêt environnemental. Augmenter la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité est essentiel pour assurer la transition énergétique et diminuer la part d'énergies fossiles.
Rentable, même sans prime
Il n’y a plus aucune prime à l’installation de panneaux photovoltaïques, dans aucune des trois Régions en Belgique. Mais les certificats verts (à Bruxelles) et la compensation (compteur qui tourne à l’envers en Wallonie) permettent de rentabiliser l’investissement en moins de 7 ans et même moins si le prix de l'électricité reste élevé.
Les conditions varient d’une région à l’autre. Elles dépendent aussi de la puissance de l’installation, que l’on compte en kilowatt-crête (ou kWc). [1]
En Wallonie
Il n’y a plus de prime ni de certificats verts octroyés aux nouvelles installations de petite puissance (en-dessous de 10 kWc, ce qui concerne les installations des particuliers). Comme leur rentabilité atteint 7 à 8 % [2], il n’est plus nécessaire de soutenir l’installation de panneaux.[3]
La compensation est un élément important pour la rentabilité : lors de la régularisation annuelle, la quantité d’électricité injectée sur le réseau est déduite de la quantité utilisée du réseau. Par exemple : si on a injecté 1000 kWh sur le réseau et qu’on a prélevé 1500 kWh, le fournisseur facture seulement 500 kWh et le prosumer ne paie que la composante "énergie" que sur ces 500 kWh et tandis que les frais de réseau et autres surcharges s'appliquent sur les 1500 kWh prélevés.
Les particuliers qui installent du photovoltaïque avant le 1er janvier 2024 pourront toujours bénéficier du « compteur qui tourne à l'envers » jusqu'au 31 décembre 2030, même s'ils passent au compteur numérique.
Un tarif prosumer pour l'utilisation du réseau [5] est d'application depuis le 1er octobre 2020. Il est
- soit forfaitaire à raison de 62,24% de la puissance nette développable pour produire de l'électricité, en supposant 37,76% d'autoconsommation
- soit selon la quantité exacte prélevée sur le réseau, ce qui implique de disposer d'un compteur double flux. Une prime de 157€ (tarif 2022) est octroyée pour le placement d'un tel compteur.
En 2020 et 2021, le tarif prosumer était entièrement compensé par une prime. En 2022 et 2023, la prime compense 54,27% de la redevance prosumer. À partir de 2024, le prosumer paiera pleinement cette redevance.
Les propriétaires de panneaux photovoltaïques on donc intérêt à utiliser une plus grande partie de l’électricité qu’ils produisent (c'est-à-dire à autoconsommer) plutôt que de l’injecter sur le réseau public.
En effet, ce qu’ils injectent pourra être revendu mais à un prix très faible de l'ordre de 0,03 à 0,04 €/kWh. Alors que quand on consomme 1 kWh du réseau, on le paie autour de 0,5€ en 2023 (en ce compris les frais de transport et de distribution, les redevances et la TVA).
Attention aux surcoûts imposés par certains fournisseurs
Certains fournisseurs imposent un surcoût aux prosumers qui ont un compteur mécanique, en fonction de la puissance de leur installation :
- Mega (5,78€ HTVA/kVA)
- Octa+ (5,51€ HTVA/kVA)
- TotalEnergies (à partir du 1er avril : 5,3€ HTVA/kVA).
Pour une installation de 4,5 kVA (ou 4,5 kWc) avec une TVA de 6% cela revient à 330€/an chez Mega, 315€/an chez Octa+ et 304€/an chez TotalEnergies.
Ces frais ne sont pas fixés une fois pour toutes et peuvent varier au cours du temps. Ils ne s'appliquent qu'au moment du renouvellement du contrat ou à la conclusion d'un nouveau contrat. Les autres fournisseurs n'imposent pas (encore) ces surcoûts.
Pour estimer la rentabilité d’une installation en Wallonie, on peut utiliser le simulateur financier d'Energie Commune (ex-APERe).
Le simulateur indique combien coûtera votre électricité les 25 prochaines années, avec ou sans photovoltaïque.
Exemple de calcul : une installation de 3,5 kWc coûte 6000€ et produit 3200 à 3600 kWh/an[4]. Avec la crise actuelle de l'énergie, le prix des installations est tout de même reparti vers le haut : alors qu'on tablait sur des prix de 1250 €/kWc on peut atteindre maintenant 2000 €/kWc. La consommation du ménage est de 3500 kWh/an. On tient compte du remplacement de l’onduleur (1250 €), après 10 ans (en réalité ce n'est pas toujours nécessaire, on peut souvent se contenter d'une réparation de l'onduleur). Avec un prix de l'électricité de 0,31€/kWh, et malgré un tarif prosumer de 300€/an, l’installation est amortie après 7 ans. Celui qui a placé des panneaux photovoltaïques paie moins cher pour son électricité que s’il n’en n’avait pas. Après 25 ans, son gain dépasse les 14000 €. Contrairement à ce que l'on croit parfois, la durée de vie de l'installation n'est pas limitée à 25 ans : il y a une baisse de rendement mais elle continue à bien produire, il y a d'ailleurs des fabricants qui donnent des garanties de production avec un rendement élevé pendant 40 ans !
En Wallonie, une installation de 3,5 kWc qui coûte 6000€ est amortie en 7 ans avec un prix de l'électricité de 0,31€/kWh. Le gain net sur la facture d'électricité atteint facilement 700€/an.
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À Bruxelles
Les petites installations (moins de 5 kWc) reçoivent 1,9 Certificats Verts (CV) par 1000 kWh produits et cela pendant 10 ans.Ces certificats verts peuvent ensuite être revendus à des fournisseurs d'énergie, à un prix d'environ 90 € par CV.
Une carte solaire permet de connaître le potentiel de chaque toit. Il suffit d’introduire une adresse pour obtenir les chiffres-clés : coût de l’installation, gains en Certificats Verts, économies sur la facture d’électricité, temps de retour de l’investissement…
Depuis le 1er janvier 2020, la compensation sur la partie "réseau" n’existe plus à Bruxelles et depuis le 1er novembre 2021 la compensation pour les autres composantes est également supprimée.
Est-il intéressant d'installer des batteries ?
Les batteries permettent de stocker l’électricité produite pendant la journée et de l’utiliser quand il n’y a plus de soleil. Tant que le principe de la compensation existe, elles n’ont pas d’intérêt. En effet, leur prix est élevé (environ 600€/kWh + l'installation + un éventuel onduleur dédié).
Dans quelques années, le prix des batteries devrait baisser.
Beaucoup plus abordable (700 à 1000 €), le PV Heater peut apporter une solution en utilisant le surplus de production pour chauffer l’eau. Il a l’avantage d’être facile à installer.
Fonctionnement du PV Heater : quand toute l’électricité n’est pas consommée par les appareils du logement, le surplus est automatiquement utilisé pour chauffer de l’eau. Source : Renouvelle et Energie 4.
Peut-on couvrir toute sa consommation électrique ?
Oui, à condition d’avoir un toit suffisamment grand, bien orienté et avec la bonne inclinaison... et de maîtriser sa consommation.
> Découvrez nos conseils : Comment réduire ma facture d'électricité ?
Une installation de 1 kWc produit environ 1000 kWh/an en Belgique. Pour couvrir la consommation d’un ménage de 4 personnes sans chauffe-eau électrique (3500 kWh/an), on compte une installation de 3,5 kWc environ. Mais pour un calcul plus précis, il faut tenir compte de sa consommation exacte, qui est reprise sur la facture annuelle.
On couvrira d'autant plus facilement ses besoins que l'on consomme peu d'énergie. On commence donc par adopter des comportements économes et s'équiper d'appareils efficaces (éclairages LED, électroménagers économes...). Et on couvre ce qui reste avec des énergies renouvelables.
Orientation et inclinaison optimales
La production des panneaux dépend à la fois de l’orientation (le sud est optimal) et de l’inclinaison du toit (35% est l’inclinaison idéale).
Mais des écarts par rapport à l’idéal ne sont pas un problème : l’irradiation entre le sud-ouest et le sud-est est maximale, tant que la pente du toit est comprise entre 30 et 40°.
Énergie reçue par unité de surface, en fonction de l’orientation et de l’inclinaison. Source : www.guidebatimentdurable.brussels
Combien d’émissions de CO2 économise-t-on ?
Le simulateur d'Energie commune donne une estimation des émissions de CO2 évitées grâce au photovoltaïque. Elle tient compte de la fabrication et du transport des panneaux :
L'énergie grise de l'installation de 3,8 kWc est de 9880 kWh. Il faut 2,8 ans pour que les panneaux produisent l'équivalent de cette énergie (temps de retour énergétique). Sur leur durée de fonctionnement, les panneaux auront produit 8,3 fois plus d'énergie que leur énergie grise. Le compte est bon : ils auront permis d'économiser 37 tonnes de CO2 en 25 ans.
Pour autant, on n'oubliera pas la sobriété et l'efficacité dans l'utilisation de l'énergie, pour éviter l'effet rebond !
On paie une contribution de recyclage de 2€/panneau lors de l’achat de panneaux photovoltaïques. Une fois arrivés en fin de vie ces panneaux sont pris en charge par PV Cycle pour être recyclés.
Que comprend une installation photovoltaïque ?
Une installation photovoltaïque comprend :
- des panneaux pour capter le rayonnement du soleil ;
- un onduleur pour convertir le courant continu en courant alternatif ;
- un compteur vert qui comptabilise la quantité d’électricité produite ;
Les types de panneaux
Il y a essentiellement deux types de panneaux disponibles pour les particuliers : les monocristallins (simples et à haut rendement, les plus installées dans le monde) et les polycristallins.
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Type de panneau |
Monocristallin |
Polycristallin |
Rendement |
16 à 22 % |
12 à 16 % |
Productivité |
200 Wc/m² |
170 Wc/m² |
Surface occupée par 1 kWc |
3 à 4 m² |
5 à 6 m² |
Valeurs moyennes pour les panneaux photovoltaïques à cellules mono- ou polycristallins. Source : Energie Plus
Les monocristallins ont un meilleur rendement mais coûtent plus cher à l’achat. En fonction de la surface disponible, on préférera l’une ou l’autre technique.
Le compteur vert
Il est compris dans l’installation et doit être conforme aux exigences du du régulateur (Brugel à Bruxelles, CWaPE en Wallonie). Ce compteur enregistre le nombre de kWh produits par l’installation et permet d’obtenir des certificats verts le cas échéant.
Il permet aussi à l’utilisateur de calculer la rentabilité de son installation.
Aller plus loin
- Doit-on réapprendre à utiliser l’électricité ?
- 100% d’énergie renouvelable en 2050, est-ce possible ?
- 10 choses à faire pour économiser l'énergie chez soi
[1] Le kWc est la puissance que les panneaux peuvent donner dans des conditions standard : sous un ensoleillement de 1000 W/m², à une température de 25°C et avec un ciel dégagé.
[2] Si on mettait la somme investie sur un compte, les intérêts correspondraient à un taux de 7 à 8%.
[3] Source : Portail Énergie de la Wallonie
[4] Consommation moyenne d’un ménage de 4 personnes sans chauffe-eau électrique. L’idéal est de connaître sa propre consommation en consultant sa facture annuelle.
[5] Portail Energie de la Wallonie : une prime pour compenser le tarif prosumer
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