Yourte, roulotte, tiny house... L’habitat alternatif ou « léger » prend toutes les formes. Mais quels sont ses atouts ?
Yourte, tipi, cabane, chalet, caravane, tiny house, roulotte, dôme, zôme, earthship, habitat troglodyte, conteneur. L’habitat alternatif ou « léger » prend toutes les formes. Ces maisons alternatives sont loin du schéma classique de la maison de ville ou de la villa 4 façades. Zoom sur leurs avantages.
Légères, parfois démontables et toujours facilement réversibles [1], ces résidences peuvent être un choix :
subi, quand c'est une réponse à la contrainte économique : on n’a pas les moyens de louer ou d’acheter autre chose ;
volontaire, quand on recherche la simplicité : souhait d’une vie plus simple et plus proche de la nature, sans la contrainte d’un important emprunt hypothécaire.
Entre 2021 et 2070, il faudra environ 2.000 logements supplémentaires par an en Wallonie pour répondre à l’augmentation de la population . Citons aussi la hausse des prix des logements, les restrictions des terrains urbanisables, la diminution de la qualité des logements existants… Un cocktail explosif..[3]
Il est donc urgent de se tourner vers des logements accessibles et de qualité.[4] Autant dire qu’il va falloir multiplier les solutions pour répondre à ce défi. L’habitat léger est une réponse, parmi d’autres, au besoin de se loger dignement.
Côté budget, l’habitat léger est une option beaucoup plus accessible que le logement conventionnel, que ce soit en location ou à l’achat.
Pour acheter une maison, il faut souvent passer par un emprunt hypothécaire sur 20 ans, voire plus. L’emprunt nécessite de montrer d’importants revenus stables et impose un rythme de vie professionnelle soutenu dans les ménages. Là aussi, l’habitat léger représente une réelle alternative. Il est nettement moins cher et donc davantage accessible à ceux qui ne peuvent ou ne souhaitent pas consacrer 20 ans de leur vie au remboursement de leur maison.
Vivre en habitat léger n’est pas qu’une solution économique. C’est de plus en plus souvent aussi un choix de vie, d’habiter, plus respectueux de l’environnement :
L’habitat léger est généralement petit : il faut donc moins de matériaux pour le construire et il nécessite moins de chauffage et d’électricité.
L’habitat est souvent démontable ou mobile : son emprise sur le sol est donc très faible. Parfois nulle.
Il est réversible : pas besoin de fondation lourde, ce qui permet de remettre facilement un terrain à l’état naturel.
Il peut être encore plus écologique à condition de :
le construire avec des matériaux locaux, si possible de récup’ ;
prévoir une isolation suffisante (ou la renforcer), de préférence avec des isolants naturels. Une caravane mal isolée et chauffée avec de l’électricité de source non-renouvelable est plutôt mauvaise élève ;
se doter d’équipements écologiques, comme des panneaux solaires ou une récupération d’eau de pluie ;
L’habitat alternatif, ou « léger », séduit celles et ceux qui souhaitent travailler moins, avoir plus de temps pour leur famille ou leurs projets personnels, tout en ayant un cadre de vie agréable. Ces trentenaires qui « plaquent tout » pour une vie nomade en camping-car. Ceux qui rejettent l’idéal révolu de la villa 4 façades avec garage pour un espace de vie plus petit mais de qualité.
La solution de l’habitat alternatif s’inscrit dans la ligne de la simplicité volontaire, le minimalisme, le désencombrement et le zéro déchet. Des modes de vie qui renoncent au superflu de la société de consommation pour se recentrer sur ses besoins réels et essentiels.
Par exemple, Jérémie Pichon, le papa de la Famille Zéro Déchet, explique que cette forme d’habitat correspond à sa volonté de vivre plus simplement et de ralentir le rythme. Vivre en habitat léger les aide chaque jour à atteindre leur objectif zéro déchet. On passe moins de temps à s’occuper de sa maison et davantage à l’habiter.
Aujourd’hui, l’habitat léger prend des formes très variées. De conception traditionnelle ou innovante, les concepts d’habitat léger n’ont pour limite que celle de l’imagination :
d’immobile à nomade : déplaçable, transportable, démontable… ou pas ;
d’éphémère à permanent : pour une période transitoire, pour une saison ou pour toujours ! ;
de l’auto-construction à l’achat prêt-à-l’emploi ;
en matériaux écologiques ou pas ;
permettant l’autonomie totale, partielle ou non ;
de 0 à 100 000€.
Pour les construire et y vivre, les résidents d’habitats alternatifs n’ont pas attendu que les autorités en fixent le cadre légal.
C’est là que le bât blesse. Pour se développer, l’habitat léger a besoin d’une vraie place physique dans le territoire ainsi qu’une reconnaissance et un cadre règlementaire sécurisant et harmonisé. Un décret wallon prend en compte ce type d’habitat depuis 2019, ce qui n’est pas encore le cas des Régions flamande et bruxelloise.
www.habiterleger.be : Le Collectif HaLé travaille à la reconnaissance d’autres manières d’habiter.
www.habitat-participation.be : Habitat et Participation Asbl propose une réflexion critique sur l’habitat, de l’aide au montage de projet et aux dynamiques collectives dans les formes d’habitat alternatifs.
[1] Source : Mémorandum de l’habitat léger “Pour une reconnaissance sociale et règlementaire de l’habitat léger”, RBDL, (Réseau brabançon pour le Droit au Logement (p.4)
[2]Duyck, J., Nevejan, H., Paul, J.-M., & Vandresse, marie. (2022). « Hausse de 1,3 million d’habitants d’ici à 2070, par rapport à 1,5 million durant les 30 dernières années. La crise sanitaire n’influence pas cette croissance ». Bureau Fédéral Du Plan. 5p.
[3]Source : Conseil Central de l’Economie CCE. (2022). Quelles pistes pour solutionner la crise du logement abordable, durable et de qualité ? Notre Documentaire - CCE 2022, 0869.
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