Le smartphone reconditionné a du succès : moins cher qu’un neuf, il permet d’économiser des ressources. Mais est-il pour autant toujours écologique ?
Un smartphone reconditionné, c’est quoi ? C’est un téléphone de seconde main qui, dans l’idéal, est passé entre les mains d’un professionnel pour effacer les données, vérifier son bon état de fonctionnement, remplacer les éléments qui seraient défectueux et disposant d’une garantie de 12 ou 24 mois. Il peut coûter trois fois moins cher qu’un neuf.
Acheter d’occasion permet de prolonger la durée de vie de l’objet et d’amortir le coût environnemental lié à la fabrication. C'est l'option la plus écologique pour acheter un smartphone, mais à certaines conditions. On fait la lumière sur le smartphone reconditionné.
> Voir notre campagne « Me raconte pas de salades ! 9 objets écolos à l’interrogatoire ».
Sommaire :
-> Évaluer ses besoins avant tout achat
-> Choisir la version la plus durable du produit
-> Optimiser l’utilisation pour réduire les impacts
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Alors, cette image verte, c’est des salades ou pas ? Le smartphone reconditionné est-il écolo ?
Cette enquête est aussi à écouter en podcast :
> Découvrir les autres épisodes et s'abonner au podcast "écoconso & vous".
> Découvrir en détails : La méthode ÉCO : 3 étapes pour moins et mieux consommer.
Diminuer le nombre d’appareils électroniques et allonger leur durée de vie sont des priorités pour réduire l’impact du numérique.
Si on dispose déjà d’un smartphone et qu’il devient trop lent, on peut essayer de le nettoyer : désinstaller les applications inutilisées, effacer les fichiers inutiles (surtout s’ils sont lourds), optimiser la mémoire (via les outils de gestion du téléphone), installer une carte SD de plus grande capacité…
Si on doit acheter un smartphone, opter pour un téléphone reconditionné est une option intéressante. Parmi les smartphones neufs, seule la société Fairphone propose des appareils plus éthiques, plus réparables, plus durables. Il est possible pour les entreprises et les collectivités d’en louer en passant par Commown.
Un smartphone reconditionné est plus écologique parce que 80% des impacts écologiques d’un smartphone sont liés à sa fabrication[1]. Les effets négatifs concernent l’épuisement des matières premières, les rejets toxiques… Comme pour tout appareil électronique, un smartphone utilise des métaux. En tout une cinquantaine, dont certains sont courants (fer, aluminium), précieux (or, argent, palladium, platine) ou rares (cuivre, cobalt, nickel). Leur extraction nécessite de l’énergie, des produits chimiques, de l’eau… Elle provoque aussi une quantité considérable de déchets miniers ainsi que des pollutions de l’air, de l’eau et du sol.
> Voir : La liste des 6 métaux nécessaires pour la transition.
Un smartphone génère notamment 30 à 70 kg[2] de gaz à effet de serre sur sa durée de vie, dont 80% sont liés à la production, en particulier des matières premières.
..
La fabrication d’un smartphone provoque 80% des émissions de gaz à effet de serre pendant sa durée de vie. Source : ADEME[3].
Un smartphone reconditionné permet donc une économie de matériaux qui est décisive pour l’impact écologique.
D’après l’ADEME, un smartphone reconditionné à la place d’un smartphone neuf permet d’éviter 64 à 87 % des impacts (annuels). Cela réduit :
Pour que ces bénéfices soient maximisés, dans l’idéal l’entreprise qui reconditionne devrait respecter quelques principes :
Impacts d’un smartphone neuf par rapport à un smartphone reconditionné. Selon les indicateurs considérés[4] le smartphone reconditionné permet une réduction de 48 à 95% des impacts. Il n’y a que pour les radiations ionisantes que le gain est moindre (18%), c’est dû à la phase d’usage et à la prépondérance du nucléaire dans le mix électrique de la France. Source : ADEME[5].
Il n’y a pas de définition légale pour le reconditionné en Belgique. On peut donc se retrouver avec des appareils de qualité très variable selon l’entreprise vers laquelle on se tourne.
Il existe aussi des grades pour les smartphones reconditionnés (par exemple A comme neuf, B état impeccable, C bon état). Ils concernent uniquement l’esthétique du smartphone, comme la présence de griffes et d’autres traces d’usure. Cela ne dit rien sur le fonctionnement du téléphone ni sur la qualité du reconditionnement. Comme il vaut toujours mieux utiliser une coque ou une housse pour protéger l’appareil, les petits défauts ne sont pas très importants.
On devrait considérer le smartphone comme un objet précieux, à garder longtemps.
Idéalement, on ne reconditionne un téléphone qu’à la fin de la première vie ( au moins 3 ans) et l’appareil reconditionné doit être gardé le plus longtemps possible (au moins 2 ans).
Qu’il soit reconditionné ou non, on veille à protéger son appareil : vitre de protection, housse, coque… Ce serait trop bête de perdre 100€ à cause d’une chute. Attention, il n’est pas toujours évident de trouver une coque adaptée à un smartphone qui n’est plus vendu neuf, il faut en être conscient au moment de l’achat.
On fait également attention à ce qu’il ne tombe pas dans le bain, les WC ou qu’il ne passe pas dans le lave-linge.
Enfin, on charge la batterie entre 20 et 80% pour qu’elle reste longtemps en bon état (voir les explications de Jamy).
> Lire aussi : 7 conseils pour garder son smartphone plus longtemps
Si le smartphone n’est plus utilisable, on peut toujours essayer de le revendre pour quelques euros à un reconditionneur qui serait intéressé par les pièces. S’il n’a plus aucune valeur économique, on le met à la collecte ou on le porte au recyparc pour qu’il puisse être recyclé.
Le recyclage est indispensable pour diminuer la pression sur les ressources primaires et les impacts liés à une mauvaise gestion des déchets électroniques.
Ce n‘est pas magique non plus : on estime que, sur les 50 métaux qui composent un smartphone, à peine dix font l’objet d’un recyclage. C’est dû à la fois aux contraintes techniques et économiques.
Certains métaux sont utilisés dans de toutes petites quantités, en association avec d’autres et les séparer demande trop de produits chimiques pour que l’opération vaille la peine.
Du côté économique, on estime que la valeur des matériaux qui composent un smartphone ne dépasse pas 3€. Autrement dit, ça coûte beaucoup moins cher de se fournir en matière vierge que de récupérer des métaux sur une carte mère. Il n’y a que les métaux précieux (or, platine) et ceux qui sont faciles à séparer (cuivre, aluminium…) qui justifient économiquement le recyclage.
C’est pourquoi il est essentiel de garder les appareils le plus longtemps possible avant de passer par la case recyclage.
[1] « Modélisation et évaluation des impacts environnementaux de produits de consommation et biens d’équipement », ADEME, 2018.
[2] Le bilan carbone de l’iPhone est de 70 kg éqCO2 tandis que celui du Samsung est annoncé à 30 kg éqCO2.
[3] « Modélisation et évaluation des impacts environnementaux de produits de consommation et biens d’équipement », ADEME, 2018
[4] Épuisement des ressources naturelles abiotiques – métaux et semi-métaux (ADPe), Epuisement des ressources fossiles (ADPf), Acidification (AP), Changement climatique (GWP), radiations ionisantes (IR), Particules fines (PM), Consommation d’eau (WU), Sac à dos écologique (MIPS).
[5] « Evaluation de l’impact environnemental d’un ensemble de produits reconditionnés », ADEME, septembre 2022.