Vrac, circuits courts et COVID : une histoire de parenthèse

Vrac, circuits courts & COVID
Vrac, circuits courts & COVID

Des producteurs locaux débordés mais heureux. Du vrac en berne. Le coronavirus a changé les pratiques de consommation. Et maintenant, on fait quoi ?

Le confinement a modifié certaines habitudes de consommation. Les achats en circuit court ont parfois triplé ou quadruplé. Mais ceux en vrac ont chuté. Quelles pratiques vont revenir, lesquelles vont rester ?

Les chiffres indiquent que le coronavirus a créé une parenthèse plus qu’un réel changement. Il dépend maintenant du consommateur de garder certaines nouvelles habitudes d’achat plus durables… ou d’y revenir.

Moins de vrac : une simple parenthèse

Selon une étude[1] menée en mai 2020, 40% des foyers français interrogés achetaient en vrac avant le confinement, contre 22% pendant. Le coronavirus aurait-il eu raison du vrac ?

Près de deux fois moins de clients, la différence est importante. L’étude apporte plusieurs nuances cependant.

Si 34% des personnes interrogées ont arrêté le vrac pour des questions d’hygiène ou de confiance, 71% l’ont fait car elles ont fréquenté d’autres magasins ou parce que leur magasin de vrac était fermé.

D’ailleurs, 85% de la clientèle « vrac » entendait bien y revenir après le confinement.

Mais les clients n’ont pas été les seuls échaudés. Des témoignages nous rapportent aussi que certains commerçants sont devenus frileux. Il a parfois fallu un moment pour les convaincre d’accepter que leurs clients viennent avec leurs propres contenants. La marche arrière a été rapide.

Pour rappel, le vrac n’a pas été interdit pendant le confinement, l’Afsca l’a même rappelé.[2] 125 scientifiques du monde entier ont également émis un avis en juin dernier pour affirmer que les récipients réutilisables étaient parfaitement sûrs même dans cette période pandémique.[3]

> Voir aussi notre liste des magasins de vrac et zéro déchet en Wallonie et à Bruxelles.

En Belgique, les circuits courts ont été submergés

Du côté des producteurs qui vendent en direct au consommateur, le son de cloche est tout autre.

Biowallonie a fait le compte entre mars et mai 2020[4] : 75% des agriculteurs ont vu leurs revenus augmenter ou rester stables depuis la crise. Tous ceux qui faisaient du circuit court et de la vente directe ont noté une augmentation significative.

Quid d’une nouvelle tendance ?

Malheureusement, cette tendance ne semble pas s’inscrire dans la durée. Fin juin, la RTBF interrogeait quelques producteurs.[5] Après avoir eu une hausse importante du nombre de clients, ils étaient grosso-modo revenus à la situation d’avant-crise.

Pourtant, les produits locaux sont toujours là. Alors pourquoi les clients, a priori satisfaits, ne sont-ils plus au rendez-vous ?

Il est vrai que déconfinement rime avec moins de temps passé à la maison. Donc aussi potentiellement moins de temps passé à cuisiner. Donc moins de produits frais, plus de produits transformés, plus de supermarché : la boucle est bouclée.

> Lire aussi : Slow life : comment ralentir pour vivre mieux et préserver la planète ? et La slow food pour lutter contre la malbouffe.

L’impact réel de la crise « COVID » sera évidemment à apprécier une fois celle-ci terminée. Les producteurs fournissent à la fois les particuliers et l’Horeca. Durant la crise, si les ventes vers l’Horeca ont été très ralenties, cela coïncidait aussi avec une hausse des ventes à la ferme, au particulier.[6]

Pour l’avenir, les cartes sont aussi entre les mains des consommateurs. Quel type d’agriculture et de commerce veut-on soutenir en « situation normale » ?

> Lire aussi : Pourquoi manger bio, local et de saison est important pour le climat ?
 

Plus d’info

 

[2] À lire sur le site de l’Afsca.

[3] « Over 125 health experts defend safety of reusables during COVID-19 pandemic » sur le site de Greenpeace.org.

[4] Enquête auprès de 115 producteurs, transformateurs et magasins bio, cité dans « Le bio wallon continue de se développer et la crise du COVID lui est bénéfique » (RTBF, juin 2020).

[5] « Clients disparus après le déconfinement : la désillusion pour les producteurs locaux », RTBF, juin 2020.

[6] Par exemple pour cet éleveur de Limousin : «Je ne regrette pas d’avoir opté pour les circuits courts vu l’état de la filière bovine» (Sillon Belge, juin 2020).

 

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