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Abonnez-vous ici >La Commission européenne a signé l’interdiction des microplastiques ajoutés intentionnellement dans certains secteurs. Le hic ? Les délais de mise en place.
L’objectif est d’empêcher la production de plus de 500 000 tonnes de microplastiques en 20 ans. Ces mesures sont mises en œuvre pour aider à atteindre l’objectif de réduction de 30 % de la pollution par les microplastiques, fixé par la Commission dans le plan d’action « zéro pollution ». À l'heure actuelle, on estime qu’il y a 42 000 tonnes de microplastiques rejetées en Europe [1a].
On connait bien les microplastiques issus de la fragmentation involontaire des macroplastiques dans l’environnement (également nommés microplastiques « secondaires »). Mais il existe également des microplastiques créés expressément par l’être humain pour être utilisés dans divers produits (classés dans la catégorie des microplastiques « primaires »). S’agissant d’une matière très peu chère, ils se retrouvent en quantité non négligeable dans différents secteurs :
Les conséquences de ces petites particules sont nombreuses : pollution environnementale, impact sur la biodiversité, potentiels risques pour la santé humaine… Voilà ce qui devrait changer bientôt.
> Lire Comment les microplastiques impactent l’environnement
À gauche des microbilles dans des cosmétiques à rincer et à droite des granulés de remplissage sur un terrain de sport synthétique
La Commission européenne s’était déjà penchée sur le sujet et avait interdit les microplastiques dans certains cosmétiques (produits « à rincer » et produits bucco-dentaires[1]) depuis 2019 en Belgique et certains autres pays européens[1].
La nouvelle règlementation, qui a été adoptée le 25 septembre 2023, veut :
On se réjouit de la nouvelle… mais un gros point d’attention est à garder en tête. Les délais proposés aux entreprises pour s’adapter et changer leurs compositions sont très longs… et peuvent aller jusqu’à 12 ans ! Voici les délais proposés [2] :
Pourquoi ce délai de 4 à 12 ans ? Afin de laisser aux entreprises le temps nécessaire pour trouver des alternatives aux microplastiques. Dans certains secteurs, les alternatives sont déjà connues. Dans d’autres, cela nécessite encore des recherches.
Pour l’effet abrasif, il existe des solutions plus écologiques comme de la pierre ponce, des coques, des fibres (de coco…), des noyaux de fruits (amandes, olives,…), du sable… De nombreuses marques ont déjà éliminé le plastique à 100 % depuis quelques années grâces à ces alternatives.
Des granulés de liège ou encore des noyaux d’olive concassés, par exemple, sont utilisés comme alternative pour les granulés de remplissages pour les terrains de sport [2b].
L’utilisation de polymères biodégradables est également une piste envisagée pour certains autres secteurs.
La règle d’or : on limite au maximum l’usage du plastique.
Microbilles de plastique (Polyethylene) dans la liste des ingrédients d’un soin exfoliant
(Source : neutrogena.fr)
> Voir la liste complète des ingrédients sous forme de microplastiques sur le site beatthemicrobead.org.
On applique quelques gestes simples pour éviter le plastique :
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Tous les cosmétiques ne contiennent pas de microplastiques. Certaines marques essayent même de repenser leurs formules. Mais certains fabricants en utilisent d’énormes quantités. Un gel douche exfoliant peut ainsi contenir autant de billes de microplastiques que de plastique dans le flacon. En 2012, l’industrie européenne incorporait 4360 tonnes de microbilles en plastique dans les produits cosmétiques[3].
Une fois qu’on a rincé son gel douche ou son dentifrice, ces microparticules de plastique (inférieures à 5 mm) se retrouvent dans les eaux de surface puis filent dans le milieu marin. Rien qu’en Mer du Nord, les cosmétiques causeraient jusqu’à 11% des rejets de microplastiques[4].
Insolubles et incapables de se biodégrader dans la nature, les microparticules de plastique sont un vrai danger pour les écosystèmes aquatiques et la biodiversité : elles échappent aux stations d’épuration, se retrouvent dans les chaînes alimentaires (moules, crevettes…)… puis dans nos estomacs. On ne sait pas encore à l’heure d’aujourd’hui s’ils sont néfastes pour l’être humain mais l’agence Européenne des produits chimiques (ECHA) a tout de même évalué les risques de ceux-ci et a recommandé de restreindre leur rejet dans l’environnement[4b].
On trouve aussi des microplastiques dans l’eau du robinet, le miel, la bière, plusieurs marques de sel alimentaire… Même si les concentrations sont faibles, il est préférable qu’ils ne se retrouvent pas dans nos assiettes. D’autant plus quand on sait qu’ils fixent les polluants et composés toxiques dans l’eau…
[1a] « Protection de l'environnement et de la santé : la Commission adopte des mesures pour limiter les microplastiques ajoutés intentionnellement » Commission Européenne (2023)
[1] Un accord sectoriel pour moins de microplastiques a été signé en 2017 entre la ministre fédérale de l’Energie, de l’Environnement et du Developpement durable Marie-Christine Marghem et l’association des producteurs et des distributeurs de cosmétiques et de détergents (DETIC) et les articles « Angleterre : prochaine interdiction des microbilles de plastique », « Parution du décret précisant l'interdiction des microbilles en France » et « La Nouvelle-Zélande programme l'interdiction des microbilles dans les cosmétiques pour 2018 » de CosmeticOBS.
[2] « Amending Annex XVII to Regulation (EC) No 1907/2006 of the European Parliament and of the Council concerning the Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals (REACH) as regards synthetic polymer microparticles” European commission (2022)
[2b] “Des terrains éco responsables et économes” FFF (2023)
[4] T. Gouin et al., 2015. Use of Micro-Plastic Beads in Cosmetic Products in Europe and Their Estimated Emissions to the North Sea Environment. In International Journal for Applied Science.
[4b] « Questions et réponses sur la restriction des microplastiques ajoutés intentionnellement » Commission Européenne (2023)