Réduction des déchets : un bilan mitigé pour la Wallonie

Prévention des déchets : le baromètre wallon
Prévention des déchets : le baromètre wallon

Le nouveau baromètre wallon de la prévention des déchets vient de sortir. La seconde main progresse mais le gaspillage alimentaire aussi. Analyse.

La Wallonie réalise régulièrement un baromètre de la prévention des déchets. Objectif : sonder les tendances de la population en la matière. L’édition 2022 vient d’être publiée , avec pour certains points une évolution positive par rapport à 2018, mais pour d’autres une régression[1]. Voici les évolutions significatives[2].

> Lire aussi : 7 astuces zéro déchet pour alléger sa poubelle au quotidien

Sommaire :

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On gaspille plus d’aliments qu’en 2018

Curieusement, il y a plus de personnes qui jettent au moins une fois par semaine des aliments, comparé au dernier baromètre de 2018. On parle pourtant souvent de l’importance du gaspillage alimentaire en Belgique. Les trois premières raisons restent inchangées : on prépare en trop grandes quantités (et on achète trop), la date de péremption est dépassée ou encore on n’a pas eu le temps de manger l’aliment.

L’enquête ne dit pas quelle quantité de nourriture on jette, mais si on est plus nombreux à jeter, il y a de fortes chances que plus d’aliments sont gaspillés. Ce gaspillage tourne autour de 70 kilos par an et par personne (rien que pour le gaspillage au niveau des ménages), ce qui coûte entre 250 et 450€ par personne et par an[3].

 Gaspillage alimentaire : quels aliments sont les plus jetés ?
Type d'aliments jetés et fréquence.
Par ex. 23% des personnes interrogées jettent des légumes au moins une fois par semaine. Le total des « une fois par jour » et « une fois par semaine » est de 35% pour les légumes en 2022, contre 25% en 2018.

> Lire aussi : Gaspillage alimentaire : combien de nourriture gaspille-t-on ?

Du côté des points positifs :

  • On demande plus qu’avant d’emporter les restes au restaurant (63% en 2022 contre 56 en 2018).
  • On planifie un peu plus les menus de la semaine.
  • On fait plus attention à consommer les produits dont la date de péremption approche.

Comme en 2018 par contre, 9% des sondés continue à jeter directement un aliment dont la date « à consommer de préférence avant » est dépassée, sans vérifier son état. Alors que ces produits peuvent être consommés sans risque au-delà de la date[4].

> Pour agir, voir : 12 conseils pour éviter le gaspillage alimentaire
 

L’eau du robinet gagne du terrain sur l’eau en bouteille

44% des personnes interrogées boivent désormais de l’eau du robinet, contre 37% en 2018.

C’est chez les 18-44 ans que la progression est la plus marquée.

> Lire aussi : « Santé : l’eau du robinet est-elle vraiment potable ? » (réponse : oui !)
 

La réparation stagne mais la seconde main et la location progressent

Les personnes interrogées sont plus nombreuses à devoir faire réparer un appareil, mais ne le font pas. La principale raison : le coût de la réparation. C’est pourquoi les Repair Cafés gagneraient à être plus connus et fréquentés.

> Lire aussi : Comment (faire) réparer un objet cassé ou en panne ?

Plus inquiétant : lors des achats, la durée de vie des appareils apparaît de moins en moins comme un critère important. C’est une mauvaise nouvelle car beaucoup d’appareils polluent plus à la fabrication qu’à l’utilisation. Pour les smartphones par exemple, 32% des personnes interrogées disent toujours tenir compte de la durée de vie lors d’un achat et 31% disent le faire « souvent ». Soit 63% de personnes qui y font attention, contre 71% en 2018[5].
 

La durée de vie des appareils, de moins en moins un critère d'achat pour les Wallons
Nombre de personnes interrogées (%) qui tiennent compte de la durée de vie d'un appareil lors d'un achat.
T2 = somme des réponses "souvent" et "toujours".

> Lire aussi : Comment acheter des produits solides, qui durent longtemps ?

Par contre, les Wallons sont toujours plus nombreux à considérer qu’acheter en seconde main permet de « protéger l’environnement » (75% contre 69% en 2018)[6]. L’emprunt, la location ou le partage progressent dans certaines catégories de produits (sport, puériculture, vêtements) mais diminue dans d’autres (comme la mobilité).
 

On préfère les labels, même si on a peu confiance

Moins de la moitié des répondants affirme avoir confiance dans les labels éthiques ou écologiques[7]. Pourtant, entre un produit labellisé ou non, ils sont 74% à préférer le produit labellisé.

> En savoir plus sur les labels de l’alimentation, des cosmétiques, des produits d’entretien ou voir toutes nos fiches-labels.
 

On trie un peu plus ses déchets

Le Belge est un des meilleurs recycleurs de déchets ménagers en Europe[8] et 76% des Wallons trient les emballages (contre 71% en 2018).

> Lire aussi : Tri des déchets : où peut-on jeter quoi ?

On ne va pas bouder son plaisir : c’est une bonne nouvelle. Même si le recyclage, ce n’est pas vraiment de la prévention des déchets… (aaah le fameux adage : « Le meilleur déchet est celui qui n’existe pas » !). Les emballages jetables restent en effet la norme, avec une écrasante moyenne de 79% d’emballages jetables quand on fait ses courses (alimentation, hygiène, entretien) contre 16% d’emballages réutilisables[9]. Ces derniers gagnent cependant en popularité. Près de la moitié des Wallons utilisent leurs propres contenants pour des achats en vrac ou à la découpe.

Belgique : près de la moitié des Wallons amènent leurs contenants réutilisables quand ils font des courses en vrac ou à la découpe
Réponses à la question "Lors de vos achats en vrac ou à la découpe, utilisez-vous vos propres contenants ?" (%)
 

Un bilan en demi-teinte

On note des avancées dans certains domaines alors que d’autres actions régressent. Évidemment, entre 2018 et 2022 il y a eu plusieurs crises qui ont certainement impacté les comportements.

Le bilan est cependant plutôt positif selon l’institut de sondage IPSOS qui a fait l’enquête. Sur les 30 points résumés, 20 sont en progression, 10 en régression.

Toutefois, ces points ne sont pas pondérés. Certes, on achète plus en grand conditionnement (point en progression) mais on évite moins de jeter des restes (point en régression). D’un point de vue environnemental, ces deux actions ne se valent pas : il est plus important de ne pas gaspiller d’aliments que d’acheter moins emballé.

Bref, c’est une analyse de tendance, pas un écobilan des comportements. Et si elle révèle des avancées, elle montre aussi qu’il y a encore bien du chemin à parcourir au regard des défis à relever…
 

Plus d’info

 

[1] Les deux enquêtes sont comparables, la méthodologie étant la même entre 2018 et 2022. On peut donc statistiquement analyser des tendances. Baromètre complet ici : http://environnement.wallonie.be/ (PDF)

[2] Dans les très nombreux résultats de l’étude, certains points sont considérés comme ayant évolué significativement (statistiquement parlant).

[4] Un produit dont la date de durabilité minimale (à consommer de préférence) est dépassée est encore bon à manger longtemps après la date, s’il a été conservé correctement. L’Afsca a même une liste.

[5] Et 72% en 2016. Attention que l’enquête 2016 est légèrement différente et n’est donc pas directement comparable aux enquêtes 2018 et 2022.

[6] Et 66% en 2016 pour la même question.

[7] La question ne portait pas sur des labels spécifiques, la notion de « label » est donc celle de la personne interrogée. On peut supposer que « quelque chose qui ressemble à un label » a été compris comme un « label » par une partie des répondants.

[8] 6e avec 53% des déchets ménagers recyclés (données 2020, rapport 2022). Mais premiers sur le recyclage des emballages.

[9] Un sachet en papier jetable utilisé pour acheter du vrac est considéré comme jetable.

 

 

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