Eco-co-koteur : l'éco-attitude chez les étudiants !

Image: www.sxc.hu
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n°95

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Quand on quitte le logement parental pour faire ses études, il y a une multitude de questions pratiques à régler : meubler son studio ou transformer sa chambre de kot pour s'y sentir chez soi, choisir son matériel pour bien étudier (livres, ordinateur, etc.), arriver à gérer son budget, préparer les repas au quotidien, s'organiser avec les éventuels colocataires… Est-il possible de faire ses premiers pas dans l'indépendance (et les suivants !) en combinant besoins, envies, maîtrise des dépenses et respect de l'environnement ? Voyons cela ensemble…

Meubler son kot ou son studio en seconde main ?

En ce moment, une publicité tourne en radio pour un célèbre magasin de meubles en kit. On y entend un papa qui se réjouit d'avoir retrouvé au grenier la vieille chaise de bobonne pour l'offrir à sa fille qui meuble son logement étudiant. Stigmatisée par cette pub comme ringarde et décrépite, la seconde main l'est-elle vraiment ? Certainement pas :

  • d'abord, c'est un choix économique : on dépense moins d'argent ;
  • ensuite, c'est un choix écologique : en donnant une seconde vie aux meubles, on diminue les déchets ainsi que la pression sur les ressources naturelles et l'énergie nécessaire à leur fabrication.
  • enfin, si en plus les meubles proviennent d'une association ou d'une entreprise d'économie sociale (adresses sur www.res-sources.be), c'est un choix citoyen : ces organisations luttent contre la pauvreté au Nord comme au Sud et fournissent un emploi à des personnes souvent exclues du marché du travail ;
  • pour ne rien gâcher, c'est aussi un choix branché : la tendance est aux meubles patinés, customisés, retapés et les brocantes et marchés vintage ont la cote !

Une illustration que la seconde main est dans l'air du temps est d'ailleurs – ironiquement – que la filiale française du même magasin de meubles en kit a lancé un nouveau service dont la logique est tout à fait inverse au message de son homologue belge : là-bas, elle propose la reprise des meubles (contre un bon d'achat évidemment), qu'elle revend dans son « coin des bonnes affaires ». Et cela connaît un certain succès : en à peine deux mois, plus de 9 000 meubles ont été repris et revendus. La page dédiée propose aussi des conseils pour relooker ses meubles, les vendre ou les donner via d'autres canaux. Initiative à saluer ou récupération commerciale, à vous de juger.

Ceci dit, il est vrai que les pistes sont nombreuses pour se procurer du mobilier d'occasion. Par exemple, récupérer celui laissé par l'étudiant qui occupait la chambre avant ou en recevoir de sa famille (faire comprendre que l'on préfèrerait le beau bureau à tiroirs secrets sur lequel on louche depuis qu'on est gamin (parfait pour bien étudier !) plutôt que la chaise de bobonne qui traîne depuis un moment au grenier…) Les sites comme www.ebay.be ou www.2ememain.be s'avèrent aussi riches en choix. Et il existe même des bons plans complètement gratuits, notamment les donneries (lien vers la carte sur la droite) et le réseau Freecycle. Via ce dernier, des particuliers proposent des objets, qu'ils donnent sans autre contrepartie que de demander à l'acheteur de se déplacer pour venir les chercher.

Plus d'information sur le mobilier et les critères de choix dans notre dossier « Non mais de quoi j'me meuble ? »

S'équiper pour vivre confortablement et bien travailler

Côté informatique et électro, avant de foncer au magasin, il est utile de se demander de quel appareil on aura besoin et pour quel usage. Un ordinateur qui ne sert qu'à faire des recherches sur Internet et à rédiger des textes n'a pas besoin d'être une bête de course. Dans ce genre de situation, la seconde main est un choix malin. Les appareils électroménagers portant le label ElectroREV, et vendus par des entreprises d'économie sociale, ont été révisés et contrôlés. Ils sont même garantis 6 mois ! Plus d'infos sur www.electrorev.be

Pour des usages moins fréquents, il est parfois possible de louer ou partager certains appareils. Ainsi, sur www.lamachineduvoisin.fr, on peut aller faire sa lessive chez un voisin équipé d'un lave-linge.

Si un achat neuf s'impose, l'étiquette énergie et les labels (EPEAT, Energy Star, Écolabel européen, TCO…) peuvent aider à bien choisir. Plus d'infos dans la partie « Appareils électriques et électroniques » de notre brochure « Les étiquettes sans prise de tête » ainsi que dans notre fiche-conseil « L'étiquetage énergétique des appareils électroménagers ».

Du côté des fournitures, rappelons les bases : opter pour du papier recyclé ou labellisé (voir à ce sujet notre comparatif produit « papier » sur notre site), préférer les stylos et bics rechargeables et, de manière générale, choisir du matériel solide, qu'il ne faudra pas remplacer chaque année. Détails et explications dans notre fiche-conseil « Le cartable écologique ».

Enfin, les livres scolaires représentent aussi un certain coût. Le prix d'achat d'un ouvrage neuf est, en moyenne, de 35 · et un étudiant achète environ 6 manuels par année académique (1). À la fin de l'année, les livres s'accumulent sur une étagère et pourraient être revendus pour récupérer un peu d'argent et prolonger leur existence. C'est d'ailleurs ce que se sont dit des étudiants de Louvain-la-Neuve quand ils ont créé il y a quelques années le site www.livresdesecondemain.be. Celui-ci permet d'acheter ou revendre des livres scolaires à prix réduit. Le succès a été au rendez-vous pour cette initiative puisqu'elle s'étend aussi maintenant à Namur, Liège, Mons, Gembloux et Bruxelles, en partenariat avec les Magasins du Monde Oxfam qui font office de points de dépôt. Certains établissements scolaires proposent également un point de dépôt interne.

Quand il faut faire à manger soi-même…

À moins d'être passionné de cuisine, il y a de fortes chances pour que votre premier logement rime avec découverte de la popote au quotidien. Et ce n'est pas si simple d'apprendre à cuisiner et d'avoir des idées tous les jours alors qu'on a plutôt la tête à découvrir de nouveaux horizons éducatifs et à faire la fête avec les nouveaux copains. Quand en plus on doit faire attention à son budget, c'est une galère qui se solde régulièrement par une pizza surgelée, un plat préparé, voire des pâtes au ketchup pour les plus fauchés, accompagné d'une petite bière (à ce sujet, voyez l'étrange objet inutile de ce mois-ci). Bref, une combinaison qui, lorsqu'elle est répétée régulièrement, est catastrophique pour la santé et l'environnement – mais étrangement pas terrible non plus pour le portefeuille.

En effet, contrairement aux idées reçues, acheter des fruits et légumes frais, locaux et de saison, ça ne coûte pas forcément cher. Et c'est évidemment bien plus sain, même si ça demande un peu plus de préparation. Il y a aussi des choix qui peuvent sérieusement alléger le budget, comme manger moins de viande, et permettre ainsi de s'offrir du bio, surtout si on l'achète via un GAC (groupe d'achats communs, ou GASAP, groupe d'achats solidaire de l'agriculture paysanne). Finalement, rien ne vaut un témoignage, jetez donc un œil sur cette vidéo réalisée il y a 2 ans avec Olivia, du KAP Vert à Louvain-la-Neuve. Pas convaincu ? Dans ce petit exemple sur notre site, nous avons comparé un petit-déjeuner prêt à consommer (yaourt avec céréales) à son alternative écologique. Édifiant !

À la recherche de conseils pour manger sain, local, facile et pas cher ? Découvrez notre brochure « J'aime pas les chicons » (avec comparatif de repas types), ainsi que notre fiche « 1, 2, 3, je mange durable » pour vous aider à adopter progressivement, en 3 étapes, des habitudes alimentaires saines et écologiques. Pour avoir toujours une liste des fruits et légumes de saison sous la main, vous pouvez imprimer notre petit calendrier, le plier et le glisser dans votre portefeuille. Si vous êtes plutôt un inconditionnel du smartphone, voici une application qui remplira le même office : https://play.google.com/store/apps/details ?id=com.jayzu.fls

Éco-consommer au quotidien

Bien installé et bien nourri ? Il est temps alors de se pencher sur la vie quotidienne. Et au rayon des consommations journalières, l'énergie arrive en bonne place. C'est un domaine souvent difficile à aborder car il est fréquent que les étudiants paient un forfait pour les charges, indépendamment de la quantité de mazout, gaz, électricité ou eau réellement consommée. Exit la motivation financière dans ce cas-là, mais en conséquence il est également difficile de pouvoir tout simplement suivre sa consommation. Il n'est par ailleurs pas rare d'entendre les habitants rejeter la faute sur les logements anciens et mal isolés. L'enjeu est en effet de taille : la consommation énergétique du parc immobilier belge représente près de 35 % de la consommation d'énergie dans le pays (16 % des émissions de gaz à effet de serre) !

Ceci dit, si les résidences universitaires et propriétaires de logements étudiants ont des efforts à fournir pour améliorer leur efficacité énergétique, ils ne sont pas seuls responsables. Ainsi, l'UCL, qui prévoit la construction de 600 nouveaux logements en cinq ans pour répondre à la demande croissante de kots, a déjà inauguré plusieurs bâtiments basse énergie ou passifs. D'après Inter-Environnement Wallonie, l'université dressait un bilan très mitigé après les premiers mois de fonctionnement. Ce ne sont pas les qualités des logements qui sont mises en cause mais bien les comportements de leurs habitants (utilisation abusive du chauffage électrique d'appoint, ouverture des fenêtres qui « court-circuite » la ventilation double flux, mauvaise utilisation des sas d'entrée…). On constate donc encore un besoin d'éducation et d'information quant aux bonnes pratiques pour économiser l'énergie. Un constat corroboré par plusieurs études : alors qu'on peut avoir l'impression d'être noyé sous l'information, la nécessité de pouvoir faire le tri, de bénéficier d'informations actualisées et de conseils pratiques est criante. Pour cette raison, plusieurs universités mènent des campagnes de sensibilisation et proposent des services d'information. Les étudiants qui se sentent un peu dépourvus peuvent aussi s'adresser aux kots à projets spécialisés dans les domaines environnementaux (voir ci-après). L'Autre Pack, ce pack d'accueil alternatif, destiné à faire réfléchir les étudiants à leur consommation et distribué au prix symbolique d'un euro sur les campus (ainsi que son « Autre Bottin »), propose également des pistes utiles. Enfin, le site d'écoconso et son service-conseil gratuit (081 730 730 ou info@ecoconso.be) re stent disponibles pour informer et répondre aux questions.

Petite piqûre de rappel immédiate, avec quelques-uns des gestes à adopter pour économiser l'énergie dans son logement :

  • 19°C dans le salon et 16°C dans la chambre sont des températures idéales ;
  • commencer par enfiler un pull et des grosses chaussettes avant de monter le chauffage si on a froid ;
  • profiter un maximum de la lumière du jour en plaçant son bureau à proximité d'une fenêtre ;
  • débrancher le chargeur de son ordinateur et de son GSM quand on ne s'en sert pas ;
  • avant de s'absenter, penser à baisser le chauffage et couper la multiprise sur laquelle sont branchés les appareils hi-fi et électros en veille.

Évidemment, l'étudiant éco-consommateur ne limitera pas ses actions à l'énergie. Les autres domaines d'action sont multiples et chacun peut y trouver son compte : économiser l'eau, éviter les déchets, fabriquer des produits d'entretien sains, écologiques et pas chers… D'ailleurs, les acteurs ressources renseignés en matière d'énergie proposent bien d'autres idées ! Entre autres choses, le KAP Vert anime des ateliers de cuisine végétarienne, locale, de saison et pas chère, ainsi qu'un banquet annuel. Le Kapsla organise le projet « Pimp your kot » (économies d'énergie et humour au rendez-vous !). Le Kot Planète Terre tient un Troc Café une fois par mois. En France, il existe le Challenge Green TIC Campus, un défi lancé aux étudiants pour proposer des projets innovants afin de rendre les campus plus respectueux de l'environnement. Bref, les idées créatives sont plus que bienvenues !

Se mettre au vert ? Une question d'habitude et de motivation !

La vie estudiantine paraît parfois tellement différente de la vie d'adulte « normale ». Pourtant, c'est là, quand on s'installe, qu'on acquiert les premières habitudes d'un quotidien autonome. Avec ces libertés viennent aussi des responsabilités et, comme nous avons pu le voir, les étudiants ont leur rôle à jouer dans la préservation de l'environnement. Sans devenir aussi actif que les kots à projet mentionnés précédemment, il est facile d'adopter quelques habitudes écologiques et saines. Loin de l'image de « truc hors de prix juste bon pour les bobos », ce sont des gestes et des choix qui rendent aussi service au portefeuille.

Si les habitudes sont assez faciles en elles-mêmes, ce qui est peut-être plus compliqué c'est de les instaurer, surtout quand on est occupé à mettre en place tous les autres aspects de sa vie. Il ne faut pas hésiter, alors, à prendre un moment pour tout organiser dès le début d'année. En kot ou colocation, on pourra par exemple proposer une petite réunion pour fixer ensemble le fonctionnement : organisation des courses, des repas (faire une tournante est super pratique !), du ménage, éventuelle mise en place d'une session d'information ou placement d'affichettes pour rappeler les gestes aux endroits ad hoc, création d'un groupe de travail motivé par l'éco-gestion du kot… Mettre ainsi les choses à plat permet de ne plus s'inquiéter d'une partie du quotidien, donne aussi un cadre bénéfique aux études et peut éviter des frustrations et tensions ultérieures, souvent inhérentes au « vivre ensemble ». En studio ou en appartement, l'organisation est moins compliquée qu'en groupe mais il reste utile de prendre un moment – ne fut-ce qu'une soirée – pour mettre les choses en place. Par exemple, faire systématiquement un menu de la semaine (qui peut évidemment évoluer si on décide de sortir !) et la liste de courses qui va avec, installer une bonne fois pour toutes tous les appareils sur des multiprises, se constituer un petit kit de ménage éco, etc. Certaines activités peuvent être très ludiques donc n'hésitez pas à vous faire aider par des amis pour mettre votre logement et vos habitudes au vert !

1 Selon l'étude réalisée sur les ventes effectuée par les initiateurs du projet www.livresdesecondemain.be

 

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