Polliniser les fleurs, équilibrer les indésirables, entretenir le sol…La clé d’un jardin en bonne santé, c’est la biodiversité.  

Cette multitude d’animaux et de plantes sont les meilleurs alliés pour un jardin écologique. Chacun y trouve son équilibre de façon naturelle. C’est aussi une bonne prévention contre les soucis et les indésirables au jardin, au potager ou au verger, qui permettra d’éviter de recourir aux pesticides.

En ville comme à la campagne, quelques gestes simples permettent de favoriser la biodiversité au jardin.

Sommaire :

  1. Installer des plantes indigènes
     
  2. Laisser une place à la nature sauvage
  1. Diversifier les habitats
  1. Créer des abris
     
  2. Lutter contre les espèces invasives
     
  3. Éviter les pesticides
     
  4. Éviter les pollutions
  1. Respecter les animaux domestiques et sauvages

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
 

1. Installer des plantes indigènes

Les plantes indigènes poussent de façon naturelle en Belgique. Les espèces locales sont adaptées à leur région (climat, saisons…). C’est pourquoi elles sont plus résistantes que les espèces exotiques, demandent moins d’arrosages, moins de soins, d’engrais…

La faune connaît aussi très bien les plantes locales. Les animaux vivent en équilibre avec elles depuis longtemps. Ils y trouvent abri et nourriture de façon naturelle.

De nombreuses plantes indigènes sont aussi très décoratives. On peut en cueillir une partie pour composer des bouquets. Ces plantes sauvages se ressèment aussi spontanément chaque année.

Achillée millefeuille
 
Bugle rampant

Des fleurs indigènes très décoratives : l’achillée millefeuille (Achillea millefolium) et le bugle rampant (Ajuga reptans).
Photos [CC-BY-SA] : achillée par Frank Mayfield et bugle par EnLorax.

 

Pour choisir de bonnes plantes indigènes :

  • on opte pour des plantes issues de l’agriculture bio si possible ;
  • on évite les fleurs doubles comme les pompons, dépourvues de nectar et pollen pour les insectes ;
  • on opte pour des variétés mellifères pour offrent beaucoup de nourriture aux butineurs ;
  • on mise sur la diversité (mélange de plusieurs familles et espèces de plantes) pour obtenir des floraisons tout au long de la saison.

Pour identifier les espèces indigènes, on vérifie le nom latin car certaines variétés sont étrangères. Pour ce faire, on consulte :

> Pour obtenir gratuitement une liste de magasin et jardineries proposant des plantes indigènes, régionales…, contacter le service-conseil d’écoconso : info@ecoconso.be ou 081 730 730.
 

2. Laisser une place à la nature sauvage

Accueillir la biodiversité au jardin ne signifie pas laisser son terrain à l’abandon. Mais on peut y faire une place à la nature, notamment en évitant les interventions humaines à certains moments ou à certains endroits.

Créer une zone sauvage

Le top est de consacrer une petite parcelle à la nature sauvage. Ces zones abritent une explosion de vie utile au jardin.

Quelques mètres carrés d’herbes folles suffisent. Dans cette zone, on laisse pousser les plantes spontanément, sans tonte (on peut réaliser une fauche en juillet ou septembre) ni produits chimiques. On intervient seulement après quelques années, pour enlever les arbustes ou arbres qui pourraient coloniser le milieu.

Par exemple, de nombreuses plantes réputées indésirables sont comestibles ou permettent de préparer des remèdes qui serviront pour d’autres zones du jardin ou au potager. C’est le cas de l’ortie, la consoude, le pissenlit…

Voici les recettes pour préparer :

  • une macération : de fougère contre les limaces, d’ail contre les maladies…
  • une infusion : d’ortie contre les acariens, de tanaisie contre les pucerons…
  • une décoction : de consoude pour favoriser la croissance, de prêle contre les maladies fongiques…
  • un purin : d’ortie pour renforcer les plantes, de pissenlit pour renforcer la terre…

Tolérer quelques « indésirables »

Au jardin, on tolère quelques petites bêtes et « mauvaises » herbes. Même dans les parterres de fleurs et la pelouse. Quelques araignées, pucerons, pissenlits… Ils sont les bienvenus tant qu’ils ne deviennent pas envahissants. Leur présence est importante car ils entrent dans les chaînes alimentaires des espèces utiles au jardin.
 

3. Diversifier les habitats

Pour que le jardin devienne un véritable refuge pour la biodiversité, il faut diversifier les habitats. Les oiseaux, insectes, amphibiens, plantes… y trouveront leur bonheur pour s’épanouir.

On peut mettre en place toutes sortes d’habitats. Certains sont faciles à installer, d’autres demandent un peu d’aménagement.

Habitats très faciles à mettre en place

On peut créer différents milieux avec trois fois rien. Par exemple :

  • un tas de bois qu’on laisse en place plusieurs années ;
  • un tas de feuilles mortes pendant l’hiver ;
  • des tuiles retournées par-ci par-là ;
  • des pots de fleurs cassés retournés pour attirer les lézards ;
  • un tas de pierres agencé en quinconce ;
  • un tronc d’arbre dans un endroit calme du jardin ;
  • une zone sableuse ;

Une mare naturelle

Une mare permet d’accueillir une grande biodiversité : tritons, grenouilles, libellules... Avec un peu de place et une zone ensoleillée, on peut se lancer dans l’aventure. Il faut simplement réfléchir à plusieurs points avant de l’installer :

  • les dimensions ;
  • les matériaux d’étanchéité ;
  • les plantations (on évite les espèces exotiques) ;
  • la faune et la flore (on oublie les poissons rouges qui sont de gros carnassiers) ;
  • l’entretien.

> Lire nos conseils pour aménager une mare au jardin.

Un compost

Le compost a beaucoup d’avantages : il valorise les déchets de cuisine et de jardin, il fabrique un des meilleurs engrais naturels… et il favorise la biodiversité.

Bien conçu, le compost accueille une faune et une flore importantes : des microorganismes, des champignons, des vers de terre, des limaces, des cloportes…

Ces petites bêtes dégradent les déchets et une fois au potager et au jardin, ils aèrent le sol et permettent aux plantes de bien se développer.

> Voir plus d’infos sur le compost et les matières qu’on peut composter.

Une haie

Une haie peut accueillir beaucoup de biodiversité, notamment les oiseaux. Bien sûr, on opte pour une haie champêtre qui mélange de nombreuses espèces d’arbres et d'arbustes de chez nous : charme, érable, bourdaine…

On peut aussi sélectionner des espèces indigènes qui conservent leurs feuilles en hiver (séchées ou non) : houx, if, hêtre, lierre…

On veille aussi à installer des plantes qui fournissent des baies et des fruits à la faune : aubépine, églantier, sureau, groseillier…

Si on pense bien sa haie (préparation du sol, distance de plantations, entretien…), elle apporte aussi de multiples avantages :

  • protection contre le vent ;
  • équilibre de l’humidité ;
  • développement d’un micro-climat ;

> En savoir plus sur la plantation d’une haie écologique

Une prairie fleurie

Prairie est un bien grand mot. On peut déjà installer une zone fleurie sur une petite bande de quelques mètres carrés. En plus d’être très esthétiques, ces espaces sont remplis de fleurs utiles aux abeilles et autres pollinisateurs.

On trouve dans le commerce des mélanges de graines tout faits. Quelques points d’attention :

  • On diversifie les sources de nourriture. Certaines fleurs apportent du pollen, d’autres du nectar.
  • On étale une floraison longue avec des espèces en fleur du début du printemps à la fin de l’été.
  • On choisit des espèces indigènes. Attention que certains mélanges du commerce contiennent uniquement des espèces exotiques ou horticoles.
  • On opte pour des mélanges composé de graminées, plantes vivaces et, dans une faible mesure, d’annuelles.

On entretient aussi sa prairie fleurie de façon adéquate. Conseils dans le guide édité par la Wallonie.
 

4. Créer des abris

On installe quelques abris dans le jardin pour accueillir la biodiversité. Ils serviront surtout de lieux de repos et de reproduction.

On fabrique maison ou on achète dans le commerce :

  • des hôtels à insectes pour abriter bourdons, guêpes solitaires, chrysopes… ;
  • une bûche percée de trous de toutes les tailles et à différentes profondeurs ;
  • un pot-abri pour perce-oreille ;
  • un petit fagot de branchages à tiges creuses (ombellifères, sureau…) pour la ponte des abeilles solitaires ;
  • des nichoirs à oiseaux spécifiques à chaque espèce (mésange, hirondelle…) ;
  • des nichoirs à chauves-souris. Celles-ci peuvent dévorer jusqu’à 1/3 de leur poids en insectes en une soirée.[1]

Hôtel à insectes
 
Nichoir à mésanges

Hôtel à insectes (photo : Hedwig Storch [CC-BY-SA]) et nichoir à mésanges
 

5. Lutter contre les espèces invasives

Les espèces exotiques envahissantes (dites EEE) sont un véritable fléau. Elles sont considérées comme la 2e cause de perte de biodiversité au monde.

Plusieurs centaines d’espèces invasives sont présentes en Wallonie.[2] Originaires d’autres pays, ces animaux et végétaux sont introduits de façon volontaire ou accidentelle dans nos régions. Le problème, c’est qu’ils s’y plaisent, s’y adaptent et s’y reproduisent très vite. Au point de parfois remplacer et provoquer le déclin des espèces indigènes.

Par exemple :

  • L’écrevisse de Louisiane est un vecteur de la peste qui menace les écrevisses indigènes.
  • Le frelon asiatique décime les populations d’abeilles déjà fragiles.
  • Plusieurs plantes aquatiques invasives (Elodée à feuilles alternes, Myriophylle du Brésil, Hydrocotyle fausse-renoncule…) asphyxient les plans d’eau.

Des problèmes de santé publique sont aussi à craindre. C’est le cas avec la berce du Caucase qui peut provoquer de graves brûlures.
 

Balsamine de l'Himalaya

Balsamine de l’Himalaya (Impatiens glandulifera).
Une jolie invasive qui prend la place des espèces indigènes, favorise l’érosion des berges et détourne les insectes pollinisateurs (leur parfum est tellement attractif que les insectes ne butinent plus les autres plantes).
Photo: Musicaline [CC-BY-SA]

 

Pour lutter contre les espèces invasives :

  • On évite d’introduire, cultiver ou encourager le développement de ces espèces. De nombreuses espèces inoffensives pour la biodiversité ressemblent aux espèces invasives. On trouve des alternatives dans la brochure d’alterias (à partir de la page 17).
  • On lutte contre leur propagation de façon appropriée. Il ne suffit pas toujours de couper une plante. Cela peut même encourager son développement dans certains cas ! On se renseigne sur le portail de la Wallonie.
  • On encode ses observations sur le site de biodiversité en Wallonie.
     

6. Éviter les pesticides

Insecticides, molluscicides, rodenticides, herbicides… Tous ces produits chimiques ont un but : lutter contre les « indésirables ». Mais ils présentent des dangers pour la santé et l’environnement. Ils menacent aussi la biodiversité, surtout s’ils ne sont pas sélectifs.

Pour les remplacer, la prévention reste la meilleure solution. Et en accueillant la biodiversité au jardin, on fait coup double : elle permet de se passer de pesticides, et éviter les pesticides la renforce.

SI on est déjà envahi, on privilégie les solutions écologiques, que ce soit pour :

7. Éviter les pollutions

Le bruit, la lumière… Les activités humaines ont un impact sur la biodiversité.

Pollution lumineuse

On y est habitués, les nuits sont rarement noires. Entre l’éclairage des routes, des vitrines, des monuments, des ponts, des places… Une petite lumière reste souvent visible dans la nuit.

Mais cela bouleverse la biodiversité. On a tous constaté le piège que constitue un lampadaire pour les papillons de nuits. Mais toutes les classes d’animaux sont affectées : poissons, mammifères, oiseaux, insectes… La lumière les désoriente, perturbe leurs cycles naturels (même leurs hormones), les rend visibles pour les prédateurs normalement diurnes… 

Même si cela peut être plaisant, on évite de garder son allée de jardin, sa mare ou sa façade éclairées toute la nuit. Pour offrir de vrais nuits à la biodiversité.[3]

Éclairage nocturne d'une façade de maison

Éclairage nocturne d'une façade de maison
 

Pollution sonore

La faune est aussi perturbée par le bruit. On peut penser au petit oiseau qui doit se faire entendre en milieu urbain. Pas facile de passer par-dessus le bruit des moteurs. D’autant que le bruit généré par une route affecte les oiseaux jusqu’à 1.5 km de part et d’autre de l’asphalte ! [4]

Le bruit a plusieurs conséquences sur la faune : il affaiblit le système immunitaire, brouille la communication, oblige les oiseaux à moduler leurs chants, perturbe la pollinisation… [5]

Pour minimiser ses impacts :

  • On peut installer des structures qui stoppent le son aux abords du jardin, comme une haie ou une palissade. Surtout si on habite dans une zone très bruyante…
  • On évite la musique qui hurle au jardin sur de trop longues périodes, comme au printemps lors des périodes de reproduction.
     

8. Respecter les animaux domestiques et sauvages

Pour favoriser la biodiversité, on met en place ou on évite certains gestes par rapport aux animaux domestiques ou sauvages.

Les animaux domestiques

On en a marre de sa tortue ou de sa perruche ? Surtout, on ne libère jamais d'animaux domestiques en pleine nature. Ils risqueraient d’être perdus dans ce milieu inconnu, de transmettre des maladies aux espèces sauvages ou de les concurrencer s’ils deviennent invasifs, comme ce fut le cas avec les tortues de Floride. Si on ne peut plus s’en occuper, on les emmène plutôt dans un refuge ou une association de protection des animaux.

Attention aussi aux chats domestiques. Certains sont de redoutables chasseurs d’oiseaux, reptiles, batraciens et rongeurs. Pour aider les animaux sauvages, on peut aménager des abris loin des petites griffes des matous. On respecte aussi la législation en vigueur, notamment sur la stérilisation.

Les animaux sauvages

Nourrir les animaux sauvages est souvent une mauvaise idée.[6] Ces apports en nourriture peuvent créer des déséquilibres en favorisant certaines espèces plutôt que d’autres : renards, rats, bernache du Canada… De grandes populations de ces espèces bouleversent ensuite l’équilibre de la biodiversité. On peut aussi leur faire du tort. Par exemple, le pain mouillé gonfle dans l’estomac des oiseaux et provoque des troubles digestifs.

A contrario, nourrir les oiseaux du jardin de graines, fruits secs et frais par grand froid leur donne un bon coup de pouce pour passer l’hiver :

  • on peut apporter des doses régulières durant ces périodes ;
  • on protège la nourriture avec un petit toit ;
  • on place les réserves en hauteur, à l’abri des chats, renards et autres prédateurs ;
  • on n’oublie pas de fournir de l’eau fraîche ;
  • on arrête progressivement dès le retour des beaux jours.

> Consulter la fiche de Natagora sur le nourrissage des oiseaux (quelle nourriture, à quels endroits... ?)

On peut aussi aider les animaux sauvages en respectant leurs besoins :

Pour aller plus loin, on peut aussi favoriser la biodiversité en dehors de son jardin :

Sources et pour en savoir plus

Dernière mise à jour
16 avril 2018
Thématiques
Rédigé par
Aurélie Melchior

Nos projets en cours